L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve craint, de son côté, que la « liberté d’expression » brandie par les Insoumis pour justifier leur initiative « puisse être utilisée pour répandre la haine antisémite partout dans l’espace public ».
Friture sur la corde raide au sein du Nouveau Front Populaire (NFP). Alors que le député LFI du Nord Ugo Bernalicis déposait mardi avec ses collègues insoumis un projet de loi visant à abroger du Code pénal le délit d’apologie du terrorisme – introduit en 2014 -, au motif qu’il a accentué « l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme » contre le “liberté d’expression”, la gauche se fracture une fois de plus sur fond de conflit au Moyen-Orient. Depuis samedi, ce sont surtout les socialistes qui prennent leurs distances avec leurs partenaires mélenchonistes.
D’après le premier secrétaire du PS Olivier Faure qui juge « impératif de protéger les libertés publiques » tout en appelant à faire de même en ce qui concerne « fanatisme et appels à la violence et à la haine »maintenant François Hollande sort du bois. La chef de file des députés LFI Mathilde Panot a peut-être affirmé dimanche midi sur BFMTV qu’elle souhaitait “remettre” le crime « au bon endroit » en le supprimant du code pénal au profit du droit de la presse, l’ancien président de la République revendique le parisien que l’article de la loi, voté sous son mandat, « ne remet pas en cause la liberté d’expression puisqu’elle fait explicitement référence au droit de la presse et laisse un pouvoir d’appréciation aux tribunaux. »
Face aux Insoumis, qui estiment que « la loi du 29 juillet 1881 relative aux faits relatifs aux délits d’apologie d’un crime, d’apologie d’un crime de guerre, d’apologie d’un crime contre l’humanité » ça suffit dans cette affaire, le député PS de Corrèze lâche : « L’initiative de LFI est doublement répréhensible ».
« Fins provocatrices et haineuses »
Les personnalités de LFI étant accusées d’ambiguïté à l’égard du Hamas, qu’elles refusent toujours de qualifier de mouvement terroriste, et de souffler sur les braises de l’antisémitisme en France, François Hollande fustige un texte qui d’une part « crée une confusion pour mieux exonérer de leurs responsabilités les personnalités qui, à travers leurs propos, utilisent la cause palestinienne à des fins provocatrices et haineuses. » Et de l’autre « frappe les victimes du terrorisme qui, dans leur chair, vivent douloureusement tout relâchement du devoir de vigilance et de cohésion nationale. »
Aux côtés de l’ancien chef de l’Etat qu’il a servi comme ministre de l’Intérieur puis Premier ministre, Bernard Cazeneuve condamne également la réforme souhaitée par les Insoumis. « Dire qu’une loi pénalisant la provocation de l’antisémitisme est une atteinte à la liberté d’expression, c’est poser le principe selon lequel la liberté d’expression peut être utilisée pour répandre la haine partout dans l’espace public. antisémite »grince le fondateur du mouvement « La convention » à propos de la loi de 2014 qui porte son nom.