La réforme fiscale enflamme les rues au Kenya – DW – 25/06/2024 – .

La réforme fiscale enflamme les rues au Kenya – DW – 25/06/2024 – .
La réforme fiscale enflamme les rues au Kenya – DW – 25/06/2024 – .

Les manifestants, qui étaient ce mardi (25.6.2024) dans les rues de Nairobi et d’autres villes du Kenya, comptent leurs morts à la fin d’une journée de troubles. Au moins cinq personnes ont perdu la vie lors d’affrontements avec la police. Les manifestants protestent contre la réforme fiscale. L’État souhaite en effet augmenter certains impôts pour renflouer les caisses publiques. Mais la réforme peine à passer.

Le Parlement en feu

La scène majeure de la journée s’est déroulée lorsque des centaines de personnes sont entrées dans le bâtiment du Parlement à Nairobi. Les députés s’y sont réunis pour débattre du nouveau texte qui prévoit, entre autres, une augmentation des taxes, dont une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers.

Les barrages policiers n’ont pas résisté à la pression des manifestants en colère. Une partie des locaux du Parlement a pris feu. D’autres institutions ont également été attaquées, comme le gouvernorat et le siège de la Cour suprême.

Cinq personnes ont perdu la vie et plus d’une trentaine d’autres ont été blessées, selon un bilan de la société civile. Plusieurs organisations affirment que la police kenyane a tiré à balles réelles sur les manifestants.

L’organisation NetBlocks, qui surveille les réseaux de télécommunications, a également signalé d’importantes perturbations sur Internet. Le gouvernement kenyan a annoncé dans la soirée avoir déployé l’armée pour aider la police à faire face aux manifestations.

Les États-Unis disent surveiller de près la situation à NairobiImage: LUIS TATO/AFP

Pression sur les caisses publiques

La mobilisation, menée également sur les réseaux sociaux, est organisée à l’appel du mouvement « Occupy Parliament » qui proteste depuis le 13 juin, dès la première présentation de ce texte au Parlement.

C’est précisément sous cette pression que plusieurs amendements ont été apportés au texte afin d’en atténuer l’impact économique. Le débat de ce mardi au Parlement visait justement à apporter de nouveaux amendements à ce texte qui devrait être voté ce dimanche (30/06/2024). Ses détracteurs réclament cependant le retrait total de cette mesure.

Une mesure que l’État estime nécessaire pour redonner des marges de manœuvre au pays lourdement endetté. Le gouvernement espère en tirer près de trois milliards de dollars américains. Dans un discours prononcé dans la soirée, le président William Ruto promet de réagir aux événements de mardi, qu’il assimile à une trahison.

Pour la plupart des jeunes âgés de 20 à 30 ans, les manifestants, issus de différentes couches de la société, ont reçu le soutien de religieux. L’Église catholique a déclaré que la hausse des impôts pourrait plonger encore davantage de Kenyans dans la pauvreté.

Déjà, la contestation semble quitter le terrain budgétaire pour viser le président William Ruto, au pouvoir depuis deux ans. « Ruto doit partir » scandaient les manifestants.

Le président William Ruto, 57 ans, dirige le Kenya depuis 2022Image : REBECCA NDUKU/SERVICE DE COMMUNICATION PRESIDENTIELLE/EPA

Réactions internationales

Plus d’une douzaine de pays occidentaux, dont la France et l’Allemagne, se sont déclarés « profondément préoccupés » par les violences réprimées par la police kenyane.

Dans une déclaration commune de leurs représentations diplomatiques, le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas, l’Estonie, la Norvège, la Suède, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Belgique et les États-Unis déplorent particulièrement les morts et les blessés par arme à feu survenus en Nairobi. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelle à la retenue selon un communiqué envoyé par le porte-parole de l’organisation Stéphane Dujarric.

Retour sur une journée de chaos à Nairobi

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Des policiers kenyans Haïti

Ces troubles ont éclaté alors qu’un premier contingent de policiers kenyans est arrivé ce mardi à Port-au-Prince, dans le cadre d’une mission internationale visant à restaurer la sécurité en Haïti, pays ravagé par la violence des gangs. Le Kenya a proposé d’envoyer un millier de policiers en Haïti pour la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), prévue pour une durée initiale d’un an, et à laquelle participent le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade.

Le déploiement de cette force, forte d’environ 2 500 hommes, a été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en octobre, mais il suscite de vives critiques au Kenya.

 
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