(Kiev) L’Ukraine a appelé les ambassades occidentales fermées mercredi par crainte des bombardements russes à ne pas attiser les tensions, soulignant que la menace de frappes russes était “quotidienne” dans le pays depuis le début de l’invasion.
Publié à 6h41
Mis à jour à 9h09
Victoria LUKOVENKO
Agence France-Presse
Au moins cinq ambassades occidentales, celles des États-Unis, d’Espagne, d’Italie, de Hongrie et de Grèce, ont annoncé qu’elles fermeraient temporairement pour la journée de mercredi en raison d’une menace d’attaque aérienne, dans un contexte de rhétorique de plus en plus dure de la Russie.
Les attaques aériennes de drones et de missiles, parfois massives, sont quasi quotidiennes à Kiev depuis des semaines et très régulières depuis le début de la guerre, le 24 février 2024.
Des alertes anti-aériennes ont également retenti à Kiev à plusieurs reprises pendant la nuit et le jour. Des drones ont été abattus et aucune victime n’a été signalée.
Les fermetures de représentations diplomatiques mercredi font suite à un avertissement de l’ambassade américaine, qui mettait en garde contre une «possible attaque aérienne importante» contre l’Ukraine.
« La menace de grèves […] “C’est malheureusement une réalité quotidienne pour les Ukrainiens depuis plus de mille jours”, a réagi la diplomatie ukrainienne, niant que le risque serait plus élevé mercredi.
Elle a appelé les Occidentaux à ne pas alimenter « la tension » entretenue depuis plusieurs jours par Moscou, qui a une nouvelle fois recouru à sa rhétorique nucléaire face au feu vert donné par Washington aux frappes de missiles américains sur le territoire russe.
Les renseignements militaires ukrainiens, le GUR, lui ont indiqué que la Russie menait une « attaque psychologique et informationnelle massive » contre l’Ukraine via des messages circulant sur les réseaux sociaux avertissant de bombardements imminents.
Les dernières frappes massives contre l’Ukraine dimanche ont une nouvelle fois ciblé le système énergétique du pays, provoquant des coupures de courant. Depuis, plusieurs immeubles résidentiels ont également été touchés à travers l’Ukraine, faisant de nombreux morts.
Mines et missiles
La Russie a multiplié ces derniers jours ses avertissements à l’encontre de l’Ukraine et de l’Occident, en réponse au feu vert donné par les Etats-Unis à Kiev pour frapper le sol russe avec les missiles à longue portée qui lui ont été livrés.
Une première attaque de ce type, une frappe visant une installation militaire dans la région russe de Briansk à l’aide de missiles américains ATACMS d’une portée de 300 km tirés par l’Ukraine, a eu lieu mardi, selon Moscou et Kiev.
Parti avant l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier, l’administration de Joe Biden a également annoncé mercredi son intention de fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel, un type d’arme très critiqué pour le nombre de victimes civiles qu’il provoque, même longtemps après la fin des conflits. Mais cette arme pourrait contribuer à ralentir l’avancée des troupes russes, qui s’accélère à l’Est.
Les Etats-Unis « sont pleinement déterminés à prolonger la guerre en Ukraine et font tout ce qu’ils peuvent à cette fin », a critiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Selon le responsable américain, les mines fournies à l’Ukraine seront « non persistantes », c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation. Ils visent à renforcer la défense ukrainienne au moment où ses troupes se replient sur le front.
Organisation anti-mines, l’ICBL – prix Nobel de la paix en 1997 – a condamné une « décision désastreuse des États-Unis » et a appelé l’Ukraine à refuser d’utiliser ce type d’armes.
Rhétorique nucléaire « irresponsable »
En réaction à ce soutien américain à Kiev, la Russie a de nouveau lancé ces derniers jours des avertissements nucléaires, tout en accusant l’Occident de « vouloir l’escalade ».
Selon sa nouvelle doctrine sur l’usage des armes nucléaires, rendue officielle mardi, la Russie peut désormais les utiliser en cas d’attaque « massive » d’un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, une référence claire à l’Ukraine. et aux États-Unis.
Ce changement « exclut de facto la possibilité de vaincre les forces armées russes sur le champ de bataille », a souligné mercredi le chef des renseignements étrangers russes, Sergueï Narychkine, suggérant que la Russie aurait recours à la bombe atomique plutôt que de risquer la défaite. dans une guerre conventionnelle.
Washington, Paris, Londres et l’Union européenne ont dénoncé une attitude « irresponsable ». L’Ukraine a exhorté ses alliés « à ne pas céder à la peur ».
La Chine, partenaire crucial de Moscou accusé de participer à son effort militaire, a de son côté appelé « toutes les parties » au « calme » et à la « retenue ».
Sur le terrain, l’armée russe continue d’avancer, revendiquant mercredi la prise d’une nouvelle localité sur le front de l’Est, près de Kourakhové.
La Russie est elle-même accusée d’escalade, bénéficiant désormais, selon Kiev et les Occidentaux, du soutien d’au moins 10 000 soldats nord-coréens. La Corée du Nord est accusée de fournir également de grandes quantités d’obus et de missiles.