Une centaine de personnes se sont rassemblées au Musée McCord Stewart le 7 novembre dernier pour assister à la première édition du Bal de Laine. Cet événement-bénéfice était organisé par la Fondation Bal de Laine et l’organisme Fibershed Québec, présidé par Marie-Ève Faust, professeure à l’École supérieure de mode et au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM. Plus de 20 000 $ ont été amassés pour soutenir la recherche sur les possibilités d’utilisation des fibres textiles naturelles, comme la laine, dans le but de revitaliser l’industrie de la laine au Québec.
Les fonds amassés serviront plus spécifiquement à financer un projet de recherche dirigé par Marie-Ève Faust, qui vise à cartographier les ressources en laine au Québec, en vue d’établir un portrait des acteurs et actrices impliqués dans l’industrie. « Il existe actuellement 20 races de moutons au Québec, rappelle le professeur. Nous voulons mieux connaître les éleveurs, les caractéristiques des toisons et ce que nous pouvons en faire.
« Même si la laine utilisée dans nos vêtements est en grande partie importée, plus de 90 % de la laine canadienne est jetée ou brûlée. »
Marie-Ève Faust,
Professeur à l’Ecole Supérieure de Mode
« Même si la laine utilisée dans nos vêtements est en grande partie importée, plus de 90 % de la laine canadienne est jetée ou brûlée. Au Québec, cela représente plus de 130 000 toisons chaque année », souligne Marie-Ève Faust. Pour de nombreux producteurs de moutons au Québec, vendre de la laine à des fins commerciales n’est pas rentable. Pour être utilisée à grande échelle, la laine doit être transformée et transformée, un processus exigeant et coûteux nécessitant des investissements.
Selon le professeur, il est important de démontrer que la laine locale mérite d’être exploitée à bon escient afin d’assurer une meilleure rentabilité aux éleveurs souhaitant revaloriser cette ressource, une réduction de l’empreinte carbone du textile et un approvisionnement plus important dans les filières locales. « Les résultats de la recherche peuvent être utilisés pour sensibiliser le public aux avantages écologiques de la laine produite localement, favorisant ainsi une consommation plus responsable. »
Problèmes environnementaux
Le Wool Ball visait non seulement à promouvoir l’utilisation de fibres naturelles locales, comme la laine, mais également à sensibiliser aux enjeux environnementaux liés à l’industrie du vêtement.
« Des travaux menés par Vanessa Mardirossian, enseignante à l’École supérieure de mode, indiquent que 64 % de l’impact carbone de la mode provient de la fabrication des tissus et de la transformation des textiles, qui utilisent des énergies fossiles et des produits chimiques.
« Des travaux menés par Vanessa Mardirossian, enseignante à l’École supérieure de mode, indiquent que 64 % de l’impact carbone de la mode provient de la fabrication des tissus et de la transformation des textiles, qui utilisent des énergies fossiles et des produits chimiques », observe Marie-Ève Faust. .
Des rapports comme Fils toxiquesde Greenpeace, a relevé la présence de substances nocives dans les textiles synthétiques, comme les colorants azoïques à base de benzidine, utilisés à grande échelle dans l’industrie. « Malgré les mesures réglementaires, ces produits utilisés en teinture sont rejetés dans les cours d’eau, affectant les écosystèmes aquatiques et même l’eau potable », constate le professeur. Ces substances, connues pour leur résistance à la lumière et aux lavages, représentent des menaces pour la santé humaine.
Plutôt que des fibres synthétiques composées de produits chimiques, Marie-Ève Faust prône l’utilisation de fibres animales et végétales. « Il faut partir de nos ressources et se tourner vers des produits comme les toisons de nos moutons que nous pourrions récupérer et transformer ici », estime le professeur. Cela contribuerait à réduire l’empreinte écologique du textile, en réduisant nos importations de tissus.
Surconsommation de textiles
La surconsommation fait également partie des enjeux environnementaux liés à l’industrie textile. Entre 2000 et 2014, la consommation de vêtements par personne dans le monde a augmenté de 60 %, selon un rapport du cabinet McKinsey. Les consommateurs ont réagi à la baisse des prix et à une plus grande variété en achetant davantage de vêtements. « Cette accélération est notamment imputable à la fast fashion, appelée mode rapide“, a déclaré le professeur. Ce segment de l’industrie a émergé dans les années 1970 et s’est développé à l’échelle mondiale dans les années 2000 (1 000 nouveautés par jour en 2021). Issus d’un travail mal payé, les vêtements de mode rapide sont souvent fabriqués à partir de textiles synthétiques ou de coton, l’une des cultures les plus gourmandes en pesticides.
Pour une offre locale, diversifiée et éco-responsable
Les fonds amassés lors du Bal de laine ont été versés à la Fondation Bal de laine qui, avec la collaboration de Fibershed Québec, vise à soutenir la recherche sur le développement des textiles et des savoir-faire locaux. Fondée en 2022 par Marie-Ève Faust, Fibershed Québec est en quelque sorte la branche québécoise de l’organisme californien Fibershed, dont la mission est de contribuer au développement d’une offre textile et vestimentaire locale, diversifiée et éco-responsable. responsable.
« Promouvoir et valoriser les textiles locaux fait partie du mandat de Fibershed Québec », affirme le professeur. Nous nous engageons à contribuer à l’avancement des connaissances sur les meilleures pratiques, depuis la production des fibres et des matières premières jusqu’à la fin de vie des produits textiles et vestimentaires.
Fibershed Québec défend le recyclage des textiles et l’idée de prendre soin des vêtements. «Réparer, rapiécer et raccommoder nos vêtements peut faire partie d’un changement culturel qui valorise les personnes qui ont travaillé pour leur donner vie et qui réduit l’impact des déchets textiles sur l’environnement», affirme Marie-Ève Faust.