Le safran, surnommé « l’or rouge » du Maroc, traverse une période critique, symbolisant à la fois la richesse agricole du Royaume et les défis croissants posés par les risques climatiques. Au premier rang se trouvent les producteurs, véritables gardiens de cette filière.
Lors de la 15ème Fête internationale du Safran, qui s’est déroulée du 7 au 10 novembre à Taliouine, Abderrahmane Jekha, président d’une coopérative locale, a fait le point sur la situation : « Cette année, nous avons constaté une baisse importante de la production. Les conditions étaient difficiles et la sécheresse n’a pas épargné nos récoltes. Heureusement, les pluies récentes sont de bon augure pour la prochaine saison. »
Cet espoir est toutefois teinté d’incertitudes. Les producteurs, contraints de vendre leur récolte à seulement 35 dirhams le gramme – bien en dessous des 60 dirhams recommandés – peinent à maintenir leurs revenus. « Nous voulons que tout le monde en profite, mais cela réduit considérablement nos revenus, déjà affectés par une faible production », explique Leila Boumekliouine, représentante d’une coopérative.
Un secteur stratégique sous pression
Le Maroc, quatrième producteur mondial de safran, dépend de cette culture depuis des décennies pour stimuler son économie rurale. Toutefois, les régions du Souss-Massa et du Drâa-Tafilalet, qui représentent respectivement 57% et 43% de la production nationale, ont dû faire face à des conditions climatiques imprévisibles. Les sécheresses répétées ont affaibli les sols, réduisant les rendements agricoles et menaçant les ambitions du pays pour 2030.
Le contrat programme signé en mai 2023 au Salon International de l’Agriculture du Maroc (SIAM) fixe des objectifs ambitieux : tripler les surfaces cultivées pour atteindre 3 000 hectares, produire 13,5 tonnes par an et améliorer le taux de conditionnement à 70%, contre 55% en 2020. .
Malgré une demande mondiale croissante, la filière marocaine du safran doit évoluer pour répondre aux défis climatiques. Des investissements dans des systèmes d’irrigation goutte à goutte et des techniques agricoles innovantes sont nécessaires pour garantir les rendements et promouvoir le savoir-faire ancestral des producteurs.
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Le Maroc mise sur le safran pour consolider sa position sur les marchés internationaux, mais sans un soutien plus fort et une bonne gestion du climat, « l’or rouge » pourrait voir son éclat terni. La résilience des producteurs reste, une fois de plus, la clé pour préserver cette richesse unique.