Participants à la COP29 à Bakou, Azerbaïdjan, le 11 novembre 2024 (AFP / Alexander NEMENOV)
Les ministres des pays membres de l’accord de Paris sur le climat ont jusqu’à vendredi pour trouver un moyen de financer 1 000 milliards de dollars par an, et le chef de l’ONU Climat les a exhortés à mettre un terme à leur politique de la corde raide.
« Arrêtons le théâtre et passons aux choses sérieuses », a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l’ONU Climat, à la reprise des négociations à Bakou, après la pause dominicale de la mi-COP29.
La dramaturgie des conférences de l’ONU inclut souvent ces accusations d’obstruction, de bluff ou de jeu de dupes. Mais de l’avis général, le fruit de la première semaine de négociations à la COP29 a effectivement été quasiment nul.
En cause : le blocage classique entre les riches, comme l’UE et la Grande-Bretagne, qui réclament davantage d’efforts pour réduire les gaz à effet de serre, et le reste du monde, qui réclame d’abord leurs promesses financières.
La COP « ne peut pas se permettre que tout le monde dise ‘vous d’abord’ », ou que les pays attendent que d’autres fassent le premier pas, a déclaré Simon Stiell pour tenter de signaler la fin de la récréation. D’où la pression sur les ministres.
Pendant ce temps, à sept fuseaux horaires de Bakou, les dirigeants du G20 (un groupe comprenant également la Chine et le Brésil) se réunissent lundi et mardi à Rio, et les communications entre les deux villes ont rarement été aussi intenses.
À son arrivée au Brésil dimanche, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé les dirigeants à donner l’exemple et à trouver des « compromis » pour sauver la COP29.
« Nous les exhortons à profiter de la réunion du G20 pour envoyer un signal positif de leur engagement face à la crise climatique », a également soutenu Mukhtar Babaev, le discret président azerbaïdjanais de la COP29.
L’objectif de la COP29 est de poser les bases de l’ONU sur la manière de financer environ 1 000 milliards de dollars par an d’aide climatique aux pays en développement. Cet argent permet de construire des centrales solaires, d’investir dans l’irrigation ou de protéger les villes contre les inondations.
– Chine constructive –
L’Union européenne est le plus grand contributeur mondial, mais en période d’austérité, elle hésite à augmenter ses budgets internationaux.
“Nous continuerons à montrer la voie”, mais tout ne peut pas venir des pays riches, a déclaré le commissaire européen chargé des négociations climatiques à la COP29, Wopke Hoekstra. “Les autres ont la responsabilité de contribuer” en fonction de leur richesse et de leur poids dans les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il dit, en allusion à la Chine.
“Nous ne pouvons pas continuer sans que l’UE avance un chiffre” sur son futur engagement financier, a critiqué Chiara Martinelli, du Réseau Europe Action Climat.
L’Europe espère recevoir un signal de la part de pays comme la Chine indiquant qu’ils se mettront volontairement dans le pot. À Bakou, Pékin n’est pas perçu comme hostile, bien au contraire, et les échanges UE-Chine sont qualifiés de productifs.
A Bakou, l’héritage de la COP28 de Dubaï et son appel à un abandon progressif des énergies fossiles, que des pays comme l’Arabie Saoudite ne digèrent pas, est aussi en jeu.
La réélection de Donald Trump et le départ de la maigre délégation argentine font aussi craindre un retrait des deux pays de l’accord de Paris, moteur diplomatique de la réduction des gaz à effet de serre. Mais l’arrivée de Trump « galvanise » certains pays pour vraiment avancer à Bakou, observe une Source diplomatique.
L’inexpérience des Azerbaïdjanais à présider des négociations aussi substantielles ainsi que les attaques en pleine COP du président Ilham Aliev contre un pays membre, la France, ont également alourdi l’atmosphère.
A fortiori dans un pays qui réprime toute manifestation de dissidence, y compris parmi les militants écologistes, dont plusieurs sont emprisonnés.
C’est ce qu’a rappelé lundi le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, appelant à la libération des défenseurs des droits, des journalistes et des militants en Azerbaïdjan, dans une lettre adressée à M. Babaev.