Malgré les désaccords du caucus Québec Solidaire avec ses propos, Haroun Bouazzi n’est pas le seul à penser que le discours politique à l’Assemblée nationale contribue à l’intolérance et au racisme. Plusieurs membres du parti le croient également.
Des militants de 13 associations locales et nationales du parti de gauche proposeront dimanche que le parti « exprime publiquement son soutien aux propos d’Haroun Bouazzi à propos de la construction de l’Autre ». Devoir a pu consulter la résolution d’urgence qu’ils présenteront au congrès, et que TVA Nouvelles avait d’abord relayée, samedi soir, quelques instants avant que Ruba Ghazal ne devienne officiellement porte-parole de Québec solidaire (QS).
Selon l’équipe de communication de QS, une autre motion exprimant son désaccord avec le discours de M. Bouazzi sera également débattue dimanche.
Le député de Maurice-Richard a fait l’objet d’une série de critiques, venant de la Coalition Avenir Québec, du Parti libéral du Québec et du Parti québécois, puisqu’il a laissé entendre que le discours de certains députés québécois favorise le racisme contre les musulmans, les noirs, Maghrébins et peuples autochtones.
Lors d’un discours lors d’un événement au début du mois, M. Bouazzi a affirmé que certains élus du Parlement québécois conduisaient quotidiennement à l’émergence de discours racistes et discriminatoires envers les minorités ethniques et religieuses.
« On voit malheureusement – et Dieu sait que je le vois tous les jours à l’Assemblée nationale – la construction de cet Autre. De cet Autre, qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est indigène, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure », peut-on l’entendre dire dans le cadre d’un événement organisé au début novembre par la Fondation Club Avenir, une organisation « favorisant le développement des communautés maghrébines ».
Même si les porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal ont depuis fustigé leur député pour ses propos « maladroits », « exagérés » et « polarisants », les associations locales de Mont-Royal–Outremont, Laurier-Dorion, Maurice-Richard, Laval, Sainte-Rose, Trois-Rivières, Montréal, Taschereau, Gouin, Bonaventure, Rouyn-Noranda–Témiscamingue, la Commission nationale des femmes et la Le Réseau militant intersyndical demandera dimanche aux membres de QS de soutenir une proposition en soutien à M. Bouazzi.
Celui-ci préconise que le parti « dénonce la campagne de diffamation qui [l’élu] est l’objet.
Un caucus derrière ses porte-parole
Pourtant, dans les rangs du caucus des députés solidaires, M. Bouazzi dispose de peu de soutiens. Interrogés samedi en marge de la soirée d’accession de Ruba Ghazal au poste de porte-parole, à Montréal, plusieurs d’entre eux ont tenu à exprimer leur désaccord avec le discours de leur collègue.
En mêlée de presse, le député de Rosemont, Vincent Marissal, a affirmé appuyer « sans équivoque » ses porte-parole. « Reprenez mot pour mot ce qu’ont écrit Gabriel et Ruba. J’aurais écrit la même chose”, a-t-il déclaré aux journalistes. «Je suis tout à fait d’accord» avec la réaction de Mme Ghazal, a déclaré l’élu de Taschereau, Etienne Grandmont. «Je suis à 100% derrière [les porte-parole] », a ajouté son collègue de Jean-Lesage, Sol Zanetti.
S’adressant officiellement aux médias en tant que nouvelle porte-parole féminine de QS, Ruba Ghazal a refusé de dire que les événements de ces derniers jours divisent son parti. « Il y a une autre résolution qui sera débattue », a-t-elle rappelé. « Les membres connaissent ma vision, savent quelles sont les priorités et les choses que je défends pour Québec solidaire. Ils m’ont apporté un soutien de 91 % aujourd’hui. Cela veut quand même dire quelque chose. »
Après ce qu’il a lui-même qualifié de « printemps de merde » dû principalement au départ d’Émilise Lessard-Therrien comme porte-parole de la solidarité, Vincent Marissal a soutenu que le parti demeurait uni. “Ce n’est pas la première crise et je suis convaincu que nous pouvons trouver des voies de passage raisonnables pour tout le monde”, a-t-il déclaré.
Le vote sur les propositions d’urgence aura lieu dimanche, lors du congrès extraordinaire de Québec solidaire.