En principe, à ce stade des COP, après six jours, les négociateurs techniques sont censés remettre aux ministres une copie relativement propre. Mais après six jours d’intenses négociations à Bakou sous les auspices de l’ONU, ils se sont retrouvés avec un projet d’accord rempli d’options totalement incompatibles sur la manière de mobiliser les 1 000 milliards de dollars, ou plus, jugés nécessaires pour aider les pays en développement à réduire leur dépendance vis-à-vis de l’ONU. pétrole et s’adapter aux catastrophes climatiques.
“Il reste beaucoup, beaucoup à faire”, a reconnu samedi Samir Bejanov, l’un des négociateurs de la présidence azerbaïdjanaise de la conférence de l’ONU, qui va désormais en prendre les commandes. C’est dans cette ambiance lourde que quelque 200 militants ont manifesté samedi, comme à chaque mi-COP, et en silence selon les règles de l’ONU pour ne pas perturber les réunions en cours. “Nous exigeons que les pays développés (…) paient leur dette climatique”, résume Joira, une manifestante qui préfère ne pas donner son nom de famille.
Des rencontres discrètes
Samedi soir, malgré une nuit de négociations nocturnes, le dernier texte de compromis est quasiment inchangé par rapport à la version de 25 pages de la veille. Il reste une semaine avant la fin de la COP29, le 22 novembre. « Clairement, nous sommes bloqués et nous ne sommes pas là où nous devrions être pour avoir un accord », regrette une Source diplomatique française.
“Compte tenu des divisions entre le Nord et le Sud, aucun progrès majeur n’était attendu” et les négociateurs “ont laissé les problèmes les plus épineux aux ministres”, relativise l’observateur Iskander Erzini Vernoit, de l’institut marocain IMAL. “Ce n’est pas aussi grave qu’il y paraît vu de l’extérieur”, rassure le ministre irlandais Eamon Ryan. Un négociateur européen modère également l’inquiétude, qualifiant de rencontres politiques « très constructives » entre pays et en toute discrétion.
1.300 milliards par an
Cette année, la COP29, accueillie par l’Azerbaïdjan, doit se conclure sur un « nouvel objectif collectif quantifié ». À partir de 2025, cet objectif remplacera celui de 100 milliards de dollars par an de financement apporté par les pays développés aux pays en développement pour faire face au changement climatique.
Mais de nombreuses questions restent débattues : qui doit payer, quels types de financements prendre en compte dans le total, sur quelle échelle de temps… et surtout quel montant ? Le chiffre de 1 300 milliards par an revendiqué par les pays en développement est déjà repris par certains Occidentaux. Mais ils préviennent que leurs fonds publics ne pourront en couvrir qu’une fraction. Ils s’appuient sur le secteur privé, les banques multilatérales et les nouveaux contributeurs, comme la Chine.
Sur cette question sensible, l’envoyé chinois pour le climat Liu Zhenmin et le vice-ministre de l’Environnement Zhao Yingmin ont rencontré samedi à huis clos la Commission européenne, l’Allemagne, la France, le Danemark et les Pays-Bas. Faible, selon des sources proches des négociations. Les Européens se gardent bien d’avancer un chiffre. 200 milliards de dollars par an ? 400 ?
Les milliers de participants testent leurs hypothèses entre les canapés et les stands de restauration qui parsèment les allées du stade « olympique » de Bakou, qui n’a certainement jamais accueilli de Jeux olympiques. La concomitance du sommet du G20 à Rio, lundi et mardi, pourrait ou non donner une impulsion lointaine. Parce que le Brésil de Lula souhaite trouver une solution à la question financière avant la COP30 qu’il accueillera l’année prochaine à Belém, estiment négociateurs et observateurs.
Mais les couloirs de la COP29 bouillonnent aussi de la crainte d’un retrait de l’accord de Paris des États-Unis de Donald Trump ou de l’Argentine de Javier Milei.
Quoi qu’il arrive, “les pays prendront les devants dans l’action climatique et la Chine est très impliquée”, a déclaré à l’AFP Susana Muhamad, la ministre colombienne de l’Environnement, confiante dans la force des COP, “un forum où nous pouvons débattre globalement du climat”. situation d’une manière pacifique et fondée sur la science »
(AFP)