LUDOVIC MARIN, JOHN THYS / AFP
Le chancelier autrichien Karl Nehammer et la ministre autrichienne du Climat et de l’Environnement Leonore Gewessler.
GREEN DEAL – Un acte politique ” courageux ” pour certaines personnes, “inacceptable” pour les autres. La ministre autrichienne de l’Environnement, Léonore Gewessler, a changé ce lundi 17 juin le sort de la loi la plus importante pour la biodiversité du Green Deal européen : la loi pour la restauration des écosystèmes. Alors que l’Autriche avait officiellement prévu de s’abstenir lors de ce vote, Léonore Gewessler a finalement donné son feu vert au texte, permettant ainsi son entrée en vigueur après des mois de blocage.
Furieux contre son ministre écologiste de l’Environnement, le chancelier conservateur autrichien Karl Nehammer a immédiatement déclaré que « L’Autriche va déposer un recours en annulation devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) », arguant que le vote de la ministre Léonore Gewessler ne correspond pas » à la volonté du gouvernement » et est donc jugé « illégal “. Il a finalement insisté : “Personne n’est au-dessus des lois”.
Un vote pour tout changer
Le vote à contre-courant du ministre est d’autant plus frappant qu’il est le seul à faire pencher la balance en faveur du texte. En effet, si les députés avaient validé le texte en février après d’âpres négociations, notamment concernant les écosystèmes agricoles, il manquait encore le feu vert définitif des Vingt-Sept.
Cette dernière devait être votée par les ministres de l’environnement d’au moins 15 pays représentant 65 % de la population de l’UE. Cette majorité requise semblait encore difficile à atteindre ce lundi matin, alors que trois pays, la Suède, les Pays-Bas et l’Italie, comptaient voter contre, et cinq autres Etats, la Belgique, l’Autriche, la Pologne, la Finlande et la Hongrie, prévoyaient de s’abstenir.
C’était sans compter le geste politique inattendu de Léonore Gewessler, qui déclara finalement : « ma conscience me dit sans équivoque que lorsque le bonheur des générations futures est en jeu, des décisions courageuses s’imposent ». Selon le ministre, « aucun gouvernement ni aucun parti ne peut ignorer les intérêts de la protection de l’environnement et de la conservation de la nature. ».
Une victoire « historique » qui ravit les ONG
Avec l’Autriche, le texte a finalement reçu le soutien de 20 États sur 27, dont la France, et a été définitivement adopté. Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu s’est immédiatement félicité d’un vote permettant « préserver pour les générations futures les services rendus par les écosystèmes pour garantir nos moyens de production et notre résilience ».
L’entrée en vigueur de ce texte a également été saluée par les associations de protection de l’environnement. L’ONG WWF, engagée dans la préservation de la biodiversité, a qualifié ce moment de « victoire historique ». La législation “ contribuera à renforcer la résilience des mers, le plus grand réservoir de carbone, en luttant contre la pêche destructrice »à l’envers de “ discours anti-environnemental » avoir marqué la campagne européenne, se réjouit également Nicolas Fournier, de l’ONG Oceana, dédiée à la conservation des océans.
Le texte oblige désormais les États membres de l’UE à introduire des mesures de restauration des écosystèmes sur 20 % des espaces terrestres et marins d’ici 2030, et à restaurer 30 % des habitats (zones humides, forêts, etc.) en mauvais état. Concrètement, cela peut consister à replanter des haies entre les champs, à recréer des zones humides, à laisser place à des prairies ou encore à limiter la pêche industrielle dans certaines zones.
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