MR-PS et Engagés sont d’accord : ils travailleront ensemble en Province de Liège. Mais cette majorité pourrait être brisée si l’un d’eux décidait, au niveau municipal, de s’associer au PTB. Ils ont donc prévu une sorte de clause anti-PTB.
Cette nouvelle n’a visiblement pas plu au parti de Raoul Hedebouw. S’il apparaît plutôt discret alors que de nombreuses majorités se constituent encore, sa compagne, Laura Léon Fanjul, la présidente provinciale du PTB Liège, s’est exprimée dans un communiqué ce mardi matin.
Une clause anti-PTB pour la majorité MR-PS-Engagé en Province de Liège : « Un refus de toute alliance avec des partis situés à l’extrême droite ou à l’extrême gauche, dont le PTB, sinon l’accord est obsolète ! »
Elle dénonce la clause, estimant qu’il s’agit d’un précédent extrêmement grave. « Nous rejetons cette clause pour deux raisons fondamentales », explique-t-elle. Elle pointe la comparaison avec l’extrême droite – la clause vise en effet « tout accord ou alliance avec des partis situés à l’extrême droite ou à l’extrême gauche – et le non-respect de l’autonomie municipale.
Un amalgame avec l’extrême droite dénoncé
« Premièrement, nous rejetons catégoriquement l’amalgame opéré par les dirigeants des partis traditionnels entre le PTB et l’extrême droite. Cette dernière propage la haine, le racisme et le rejet de l’autre. En tant que parti de gauche, le PTB défend les droits sociaux, l’égalité et la solidarité. Le premier a été reconnu coupable de racisme. Le PTB n’a jamais été condamné. Nous nous trouvons à l’opposé de l’extrême droite, comme le soulignaient récemment les politologues François Debras (ULiège et HELMo) et Arthur Borriello.» Elle ajoute : « Cette équivalence entre le PTB et l’extrême droite n’est qu’une invention de la droite pour se verrouiller au pouvoir, excluant délibérément une composante significative de la gauche. »
Coup de tonnerre politique en Province ? Bouchez veut éjecter le PS, tempère Prévot
Le PTB exige que la voix des électeurs soit respectée. « Cette clause va à l’encontre de l’autonomie des communes et de la démocratie locale. Ce n’est pas aux autorités provinciales d’imposer leurs coalitions aux communes ! La démocratie et l’autonomie municipale sont les piliers de notre système démocratique. »
On ne peut manquer de voir dans cette clause une conséquence de la nouvelle majorité née dans la ville du Doudou, où Nicolas Martin a finalement décidé de s’associer à Ecolo et au PTB pour éviter toute participation du MR de Georges-Louis Bouchez.
En réaction, le président du MR avait menacé d’exclure le PS des majorités provinciales. Ce n’est donc finalement pas l’option retenue. Avec cette clause, le PS participe bel et bien, sous conditions. « Notre accord ne plaît pas au boulevard, nous confiait ce cacique ce lundi soir, mais peu importe. Ici au moins, cela ne repose pas sur l’inimitié entre les gens. » Comprenez bien : nous sommes à Liège, pas à Mons !
L’exemple du Hainaut et de Bruxelles
Du côté du PTB, nous appelons à un revirement. : “Alors qu’au Hainaut et à Bruxelles, des majorités progressistes vont se dégager, les dirigeants des partis traditionnels liégeois décident de freiner la démocratie”, dénonce Laura Léon Fanjul. « Et cela est d’autant plus incompréhensible que nous avions, dans plusieurs communes de la Province, la possibilité de former des coalitions alternatives aux coalitions traditionnelles. Il est incompréhensible que la direction de la Fédération du Parti Socialiste ait choisi de se conformer au programme d’austérité du MR au lieu d’écouter les habitants des communes de la province de Liège, où le vote de gauche était majoritaire, avec par exemple 62% à Liège-ville et 80% à Herstal. »
Le PTB espérait en effet participer à des majorités un peu partout en Wallonie. «Nous appelons la direction du PS de la province de Liège à revenir sur cette décision», conclut Laura Léon Fanjul.