5,3% pour Marion Maréchal, une victoire à la Pyrrhus

>>

Marion Maréchal s’adresse aux militants au siège du parti Reconquête, à Paris, le 9 juin 2024.
IAN LANGSDON / AFP

Lire plus tard Actualités de Google Partager

Facebook Twitter E-mail Copier le lien

Envoyer

Temps de lecture : 3 minutes.

Accès libre

Analyse Reconquête a réussi son pari d’envoyer des députés européens à Bruxelles et à Strasbourg malgré une campagne catastrophique. La dissolution annoncée par Macron leur offre néanmoins de nouvelles perspectives.

Plus personne n’y croyait, pas même à Reconquête, dont les cadres anticipaient depuis plusieurs semaines un nouveau fiasco en rejetant allègrement la faute sur leur candidate Marion Maréchal. Visiblement coupable de la déroute qui se profilait… Et puis non. A 20 heures dimanche, la fête d’Eric Zemmour est toujours debout. Sur le fil du rasoir, un peu au-dessus des 5%, selon les premières estimations de TF1 qui ont poussé de grands cris de soulagement aux militants rassemblés devant l’écran du siège parisien du parti, près des Champs-Elysées.

Reconquête – qui visait à faire « environ 10% » au début de la campagne – a sauvé les meubles et comptera au moins cinq élus au Parlement européen. Marion Maréchal, Guillaume Peltier – l’ancien LR qui brillait par sa discrétion -, Sarah Knafo – la compagne d’Eric Zemmour, qui entretient des relations polaires avec le candidat -, Nicolas Bay, l’ex-RN félon, et Laurence Trochu, inconnue du grand public, président du petit allié « Mouvement Conservateur ».

Lire aussi

Narratif Entre Marion Maréchal et Eric Zemmour, les débuts difficiles de la « cohabitation »

Abonné

Lire plus tard

Un petit miracle pour la candidate d’extrême droite et une victoire à la Pyrrhus alors que les erreurs des derniers mois avaient peu à peu transformé sa campagne en une opération de sabotage permanente. Les cadres de la Reconquête ont beau partager l’islamophobie et tirer leurs références historiques de Napoléon et de Jeanne d’Arc, le petit groupe a surtout présenté un spectacle digne d’une telenovela de bas étage. Ou une émission de télé-réalité dont les protagonistes, obligés de cohabiter pour exister sous l’oeil de la caméra, finissent toujours par ne plus se voir dans la peinture.

“Trop tôt pour faire une autopsie de la campagne”

L’atmosphère délétère de ces derniers mois va laisser des traces et les contours de la future cohabitation entre zemmouristes et marionnettistes au Parlement européen apparaissent bien flous. Les gentillesses échangées ces derniers mois ont été trop nombreuses, trop virulentes, pour espérer une réconciliation. A Nice, mercredi dernier, pour le dernier meeting de campagne, il a encore fallu observer les proches de l’ancienne pensionnaire du Figaro saccager la candidate quelques minutes seulement avant son entrée en scène. Puis embrassez-le dès la fin des discours… » Trop tôt pour faire une autopsie de la campagne. On ne disséque pas un être encore vivant “, avons-nous expliqué en promettant à - de se voir ” à partir de lundi, pour faire le point sur Marion » – c’est-à-dire lui faire porter la responsabilité en cas d’échec. En réponse, Marion Maréchal a annulé une marche prévue avec Eric Zemmour vendredi sur un marché parisien. ” Au moins les choses sont claires… », a convenu, pour une fois, l’entourage des deux têtes de gondole.

Le poison du doute et de la division aura été infusé partout. Doute sur la capacité de Reconquête, en voie de regroupement avancé, à se mettre au service de sa tête de liste – dès l’annonce de sa candidature, faite par Zemmour à la place de l’intéressé. Des doutes sur la volonté des deux dirigeants et de leurs équipes, celle des figures historiques de la campagne présidentielle et celle composée des fidèles de Marion Maréchal, de travailler ensemble – plutôt que de s’acharner à travers les médias. Division sur l’attitude à adopter envers le Rassemblement national, que Marion Maréchal s’est efforcé de ménager malgré l’hostilité d’Eric Zemmour et de ses proches – qui estimaient que la réserve de voix à rechercher était à trouver au RN et non parmi les Républicains.

Des élections législatives en vue

La petite entreprise d’extrême droite a survécu mais une bonne moitié des zemmouristes de 2022 ont abandonné la Reconquête au profit du RN de Jordan Bardella. Et si Marion Maréchal peut encore se vanter de bons scores de popularité au RN, l’ancienne députée FN devra se décider : même si elle s’appelle Le Pen, l’attachement qu’une partie des électeurs frontistes lui porte encore n’est pas synonyme de vote.

Lire aussi

Décryptage Entre Zemmour et Maréchal : le spectre de la débâcle et l’ombre de Bardella

Abonné

Lire plus tard

Le score de ce dimanche, inférieur à celui de Zemmour lors de la présidentielle, n’a pas tranché le débat sur le RN mais la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée ce soir par Macron, pourrait offrir de nouvelles perspectives au petit parti en se mettant, lors de la campagne, dans la roue du RN. C’est ce que semblait esquisser Marion Maréchal ce dimanche en se disant « prêts à rencontrer Marine Le Pen et Jordan Bardella, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan dans les prochains jours pour travailler ensemble » au choix d’un ” coalition ” droits. Le seul passage de son discours qu’Éric Zemmour n’a pas applaudi. Un Eric Zemmour qui, depuis plusieurs semaines, ne cache pas son fatalisme quant à la trajectoire future de son candidat, que beaucoup à Reconquête soupçonnent de préparer son retour dans le giron frontiste. Ce soir du 9 juin, malgré ces élus tombés du ciel, n’a pas dû beaucoup les rassurer.

Sur le sujet élections européennes

Sujets associés à l’article

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Maude Marquis-Bissonnette élue mairesse de Gatineau
NEXT à Bordeaux ville verte, les militants entre « coup massif » et « mobilisation »