« L’Europe n’est plus un continent de paix », déclare Zelensky à Paris

(Keystone-ATS) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en visite en France, a exhorté vendredi ses alliés occidentaux à « faire davantage » pour aider Kiev face à l’agression russe. Son homologue Joe Biden lui a ensuite promis une nouvelle aide américaine.

S’adressant aux députés français au lendemain des cérémonies marquant le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie (nord-ouest), le président ukrainien a dressé un tableau noir de la situation sur le Vieux continent.

« Nous vivons à une époque où l’Europe n’est plus un continent de paix », a déclaré le président ukrainien, dont le pays est visé depuis février 2022 par une offensive russe meurtrière.

« Toujours en Europe, les villes sont complètement détruites et les villages incendiés. Une fois de plus en Europe, des camps de filtration, des déportations et de la haine apparaissent », a-t-il énuméré, qualifiant le président russe Vladimir Poutine d’« ennemi commun » de son pays et de l’Europe.

Espoir d’une « fin juste » à la guerre

Volodymyr Zelensky a jugé que le sommet international de paix prévu les 15 et 16 juin en Suisse pourrait amener l’Ukraine “à la juste fin de cette guerre”. Cette conférence réunira plus d’une centaine de pays et d’organisations, mais pas la Russie.

Le chef de l’Etat ukrainien, qui sera reçu vendredi après-midi à l’Elysée par son homologue français, a affirmé que la victoire était possible, malgré les avancées russes sur le front. « Pouvons-nous gagner cette bataille ? Certainement, oui», a-t-il assuré.

« Cette bataille est à la croisée des chemins », mais « pour une paix juste, il faut faire davantage », a-t-il prévenu. “Et ce n’est pas une critique, il s’agit simplement de savoir comment vaincre le mal, faire plus aujourd’hui qu’hier.”

Kiev continue de demander à l’Europe d’augmenter son soutien militaire, tandis que la Russie gagne du terrain ces derniers mois dans l’est et le nord de l’Ukraine et que ses alliés s’inquiètent des conséquences sur le conflit. une possible victoire de Donald Trump à la prochaine élection présidentielle américaine.

Pilotes et avions

Volodymyr Zelensky et Joe Biden, après avoir assisté la veille aux commémorations, ont profité de cette visite en France pour avoir une rencontre bilatérale vendredi à Paris.

Le président américain, qui vient d’autoriser l’Ukraine à frapper au-delà de la frontière russe, a annoncé une nouvelle aide de 225 millions de dollars à son homologue ukrainien, à qui il a promis : « Les États-Unis seront toujours à vos côtés ».

« Vous ne vous êtes pas couché. Vous n’avez pas du tout cédé », a déclaré Joe Biden, présentant ses « excuses » pour les mois de négociations qui ont précédé l’adoption douloureuse par le Congrès américain d’un plan de soutien à l’Ukraine.

M. Zelensky a de son côté remercié le président américain pour le « formidable soutien » des États-Unis et ajouté : « Nous comptons sur votre soutien ».

Lors d’une interview télévisée jeudi soir, Emmanuel Macron a annoncé le transfert à Kiev des avions de combat Mirage 2000-5 et la formation de pilotes ukrainiens sur le sol français.

“L’objectif est que d’ici la fin de l’année ils puissent avoir des pilotes et des avions”, a-t-il précisé, sans préciser le nombre d’appareils.

Le président français a également une nouvelle fois évoqué un éventuel envoi d’instructeurs européens sur le sol ukrainien, à la demande de Kiev, sans toutefois apporter de réponse ferme.

Biden et Reagan

A la question de savoir si l’envoi d’instructeurs occidentaux en Ukraine constituait une escalade contre Moscou, “la réponse est non”, a répondu Emmanuel Macron.

Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ces déclarations montrent au contraire que la France est « prête à participer directement au conflit ».

Lors des cérémonies du 6 juin, Joe Biden avait déjà fait un parallèle entre le combat des Ukrainiens contre les troupes russes et la bataille pour libérer l’Europe de l’Allemagne nazie.

Il devrait récidiver à 16 heures locales (14 heures GMT), dans un discours à la Pointe du Hoc en Normandie, dont les Rangers américains s’emparèrent le 6 juin 1944, prenant un avantage décisif sur les Allemands.

A cinq mois de l’élection américaine, c’est autant le président que le candidat démocrate que l’on entendra parler, alors que les sondages peinent à le départager de son rival républicain Donald Trump.