Donald Trump a réussi son pari de revenir à la Maison Blanche mercredi, grâce à une nette victoire qui a provoqué une onde de choc et plongé les Etats-Unis et le monde dans l’incertitude.
Ce contenu a été publié sur
06 novembre 2024 – 17h50
(Keystone-ATS) Le retour du républicain est d’autant plus extraordinaire que sa troisième campagne a été marquée par deux tentatives d’assassinat, quatre mises en examen et une condamnation pénale.
Le pays s’attendait à connaître des jours d’attente alors que les sondages donnaient Kamala Harris et Donald Trump au coude à coude. Mais il n’a finalement fallu que quelques heures pour connaître le résultat de l’élection présidentielle américaine.
L’ancien président a rapidement remporté les deux Etats disputés de Caroline du Nord et de Géorgie, avant que la Pennsylvanie ne serve de tremplin, et que le Wisconsin ne vienne enterrer les derniers espoirs des démocrates.
“Je suis heureux ce matin”, a déclaré Mark Perry à l’AFP. Cet électeur de Donald Trump originaire de l’Indiana dit désormais qu’il « prie pour l’unité » et espère voir bientôt des mesures économiques fortes.
Dans son discours de victoire, Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, a appelé à cette « unité », exhortant les Américains à mettre « derrière nous » les divisions des quatre dernières années.
Après avoir lui-même, pendant la campagne, agressé son rival d’insultes et accusé les migrants d’« empoisonner le sang du pays ».
La vice-présidente Kamala Harris, qui ne s’est pas présentée depuis les résultats, doit prendre la parole aujourd’hui.
Jugé sur ses « actes »
Donald Trump a reçu une pluie de félicitations de la part de responsables étrangers, du Français Emmanuel Macron à l’Ukrainien Volodymyr Zelensky en passant par l’Israélien Benjamin Netanyahu.
Le président russe Vladimir Poutine n’envisage pas de féliciter Donald Trump, selon le Kremlin, précisant que ce dernier serait jugé sur ses “actions”.
En attendant les résultats des cinq derniers Etats, le républicain de 78 ans comptait au total 277 grands électeurs contre 224 pour son rival. Le seuil est de 270 pour remporter ce vote indirect.
Et il semble également prêt à remporter le vote populaire, ce qui serait une première pour lui.
Si le retour de Donald Trump à la Maison Blanche plonge des millions d’Américains, notamment dans les zones rurales, dans l’euphorie, tout comme beaucoup d’autres ont été stupéfaits mercredi, angoissés par sa rhétorique de plus en plus dure.
Freddy Lane, un New-Yorkais de 29 ans, est sous le choc : « C’est vraiment nul. » Ce jeune promoteur se dit « inquiet » de voir « encore plus de haine » se répandre dans le pays.
Entré dans le chaos
Donald Trump, deuxième président américain à remporter deux mandats non consécutifs, a laissé la Maison Blanche dans le chaos il y a quatre ans, sans reconnaître sa défaite.
Le 6 janvier 2021, des centaines de ses partisans ont pris d’assaut le Capitole, temple de la démocratie américaine, pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden.
Mais la tribune républicaine a réussi, comme en 2016, à convaincre les Américains qu’il comprenait mieux que quiconque leurs difficultés quotidiennes. Ou mieux, en tout cas, que Kamala Harris qui a mené une campagne de guerre éclair après le retrait spectaculaire de Joe Biden de la course.
Reste que cette seconde présidence de Donald Trump, par son caractère imprévisible, pourrait être le signe de grands bouleversements.
Elle provoque déjà un tourbillon sur les marchés mondiaux, entre record du bitcoin, envolée du dollar, montagnes russes sur les indices boursiers européens et ouverture en fanfare à Wall Street.
Sur l’économie, Donald Trump veut « voler des emplois aux autres pays » à travers des réductions d’impôts et de droits de douane.
Très critique à l’égard des milliards de dollars débloqués pour l’Ukraine, il a promis de résoudre ce conflit avant même de prêter serment – une perspective qui donne des sueurs froides à Kiev.
Expulsion des migrants
La guerre au Moyen-Orient sera également résolue rapidement, assure le magnat de l’immobilier, qui n’a pas non plus expliqué comment.
Climato-sceptique notoire, le Républicain s’est engagé à claquer une nouvelle fois la porte à l’Accord de Paris et à forer du pétrole « à tout prix ».
Le milliardaire a proposé dès le premier jour la « plus grande opération » jamais réalisée pour expulser des migrants.
Il reste beaucoup plus flou lorsqu’il s’agit du droit à l’avortement, considérablement affaibli par les juges de la Cour suprême qu’il se targue d’avoir nommés.
Le nouveau président pourra s’appuyer sur le Sénat, que les républicains ont repris aux démocrates. Reste à savoir si son parti conservera la Chambre des représentants.
Jusqu’à présent, peu de détails ont filtré sur le casting de la future administration Trump. À l’exception notable du milliardaire Elon Musk, qui a dépensé plus de 110 millions de dollars pour la campagne républicaine.
En élisant Donald Trump, les Américains ont décidé de placer à la tête de la première puissance mondiale un homme de 78 ans, qui deviendra en janvier le président le plus âgé à prêter serment.
Un récidiviste, qui doit connaître sa peine le 26 novembre dans une affaire de versements cachés à une star de cinéma pornographique. Il est encore trop tôt pour dire quel effet aura son élection sur ses tourments judiciaires, lui qui risque la prison dans plusieurs affaires.