Bouleversé, le village d’Alénya, en masse et toutes générations confondues, a rendu hommage ce dimanche 3 novembre 2024 à Emilio. Ce garçon a été retrouvé mort dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 octobre seul au domicile familial, après avoir succombé à la suite de multiples violences dont son beau-père et sa mère sont accusés.
«Emilio, je t’aime mon frère. Et je ne t’oublierai jamais. La voix brisée et triste de son meilleur ami, portée par le vent et déchirant le silence religieux de la foule, suffisait à transmettre toute l’émotion de ce dimanche après-midi à Alénya. Dans cette ville où il y a 10 jours cet adolescent de 14 ans a été retrouvé horriblement battu à mort, au domicile de sa mère et de son beau-père qui avaient probablement fui il y a quelques jours.
Face à l’horreur et à l’incompréhensible, plus de 500 personnes, dont le père et les proches du garçon décédé, mais aussi de nombreuses personnes du village ainsi que de nombreux habitants de Saint-Cyprien, des familles, des enfants, des personnes âgées, des enseignants et des élus. , rassemblés devant la mairie peu avant 13h30 pour répondre à l’appel d’un groupe de camarades de classe d’Emilio. Une trentaine de jeunes d’un courage et d’une dignité admirables qui, vêtus tout de blanc, des roses blanches à la main et la photo de leur ami serrée contre eux, tenaient les premiers rangs de cet immense cortège de sanglots. Une mesure de l’émotion qui a saisi tout un village.
« Tout le monde ici se sent très concerné et nécessaire à ce moment »
A peine quelques pas et tous les clients comme les gérants de la cave à vin de la place Sayroux se lèvent brusquement de leur chaise, et cessent tout bruit, tête baissée au passage pour saluer l’initiative et montrer leur soutien à leur chagrin. Regarder la marche blanche poursuivre son chemin, remonter jusqu’au rond-point des écoles pour enfin rejoindre la rue Aristide-Maillol et méditer devant la maison d’Emilio. Ou plutôt la terrible dernière demeure de cet adolescent qui sourit dans ses portraits sur papier glacé mais qui n’a pas pu fêter ses 15 ans le 27 octobre.
« Nous sommes là pour lui. Pour sa famille aussi et surtout sa petite soeur qui se retrouve seule (*)” confie-t-on à voix basse. “C’est comme s’il était mon enfant.”poursuit un voisin. « Je devais être là parce que c’était un élève adorable et pour soutenir ses camarades de classe.», ajoute un ancien professeur du collège d’Emilio. “Ma fille était une amie d’enfance d’Emilio, depuis la crèche, la maternelle, l’école primaire, le collège et jusqu’à aujourd’hui”, réserver une maman. “Je pense qu’il était important de lui rendre un dernier hommage, que les enfants soient tous ensemble, et je pense que ça leur a fait du bien, avant la rentrée scolaire ce lundi.” “C’est une très belle participation, d’autant plus que l’idée de cette marche est née il y a quelques jours”, résumé discrètement le maire Jean-André Magdalou. « Mais tout le monde ici se sent très concerné même s’il n’a pas forcément de lien avec la famille, car, même si on n’a pas toutes les réponses aux questions, c’est une histoire de violence. Ils avaient besoin de ce moment pour que ce garçon ne parte pas en silence. Plus loin, certains habitants ou anciens habitants d’Alénya ont jugé naturel de participer à cet hommage. « par solidarité et empathie ». « C’est un petit village et cela touche beaucoup de gens. Nous trouvons terrible ce qui est arrivé à ce petit, même si nous ne le connaissions pas car nous aussi nous avons des enfants. Et puis, on ne comprend pas. On se demande comment cela est possible ? Comment peut-on aboutir à la mort d’un enfant ? Et le dernier à partager : « Nous sommes tous sous le choc. Nous ne pouvons pas le croire. Dire que cela s’est passé dans le village, là-bas… »
“Emilio serait très fier de vous voir tous ici aujourd’hui”
Et, l’espace d’une minute de silence, en imaginant ce qui aurait pu se passer derrière ces volets désormais fermés par les scellés de l’enquête criminelle, les larmes coulent sur les visages. Des jeunes puis des anonymes défilent pour déposer des montagnes de bouquets devant le portail. Certains allument des bougies, d’autres se signent ou s’agenouillent pour prier. Le père d’Emilio s’avance pour embrasser les jeunes sur le front, les remercier et tenter de les réconforter. «Tu as perdu un ami, j’ai perdu un fils. Je sais que c’est très dur mais avec le temps, il faudra se souvenir des bons moments passés avec lui. leur murmure-t-il. Aujourd’hui, il ne parlera pas. Il laissera la parole aux amis d’enfance de son fils. A son meilleur ami, dévasté « Emilio n’était qu’un petit garçon qui avait toujours les mots justes lorsqu’il avait besoin d’être là pour les autres. Et pour moi, “ il pleure. Tandis qu’une jeune fille tente à son tour d’étouffer désespérément sa douleur au micro. « Emilio serait très fier de vous voir tous ici aujourd’hui. C’était un très bon garçon qui ne méritait pas tout ça. J’espère qu’il est mieux là où il est. Et qu’il est à nouveau heureux”.
La sœur d’Emilio, âgée de 9 ans, présente lors de l’interpellation de sa mère et de son beau-père à Cergy-Pontoise, est toujours placée dans une famille d’accueil en région parisienne.
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