(Washington) “Le vote évite des présidences non désirées”: des milliers de femmes se sont rassemblées samedi dans les rues de Washington, brandissant des pancartes éloquentes à trois jours de l’élection présidentielle américaine, pour soutenir Kamala Harris face à Donald Trump.
Lucie AUBOURG
Agence France-Presse
La candidate démocrate a fait de la défense du droit à l’avortement un thème central de sa campagne, et c’est celui qui revient dans toutes les bouches des manifestantes qui participent à cette « marche des femmes ».
“Voter pour la candidate qui soutiendra nos droits en tant que femmes est la chose la plus importante pour moi”, a déclaré à l’AFP Leah Brooker, 19 ans, venue pour l’occasion de Caroline du Nord.
Elle qui avait voté par anticipation dans cet Etat clé s’est réjouie d’avoir pu donner sa voix à une femme pour son premier vote à une élection présidentielle.
Dans ses mains aux côtés de sa meilleure amie, elle tient une pancarte soigneusement réalisée : « Si le [hommes] restera [hommes]alors les femmes seront présidentes », peut-on lire.
Sur une scène installée dans la « Freedom Plaza », les intervenants se succèdent et appellent à voter pour le candidat démocrate de 60 ans, avec en toile de fond la coupole du Congrès américain.
« Nous n’y retournerons pas ! » », scande la foule, reprenant un des slogans de campagne de Kamala Harris. Selon les organisateurs, 15 000 personnes étaient présentes.
Parmi eux se trouvait Marlene Wagner, 70 ans, venue du Nebraska pour assister à l’événement. Elle dit être là « pour mes petits-enfants et mes enfants, car j’ai peur pour leur avenir ».
Dans son État, le droit à l’avortement a été limité à un maximum de 12 semaines de grossesse, après que la Cour suprême américaine, profondément remaniée par Donald Trump, a annulé la protection fédérale pour les interruptions volontaires de grossesse (avortement).
« 50 % de la population »
Des référendums sur le droit à l’avortement sont organisés mardi dans 10 Etats en parallèle du scrutin présidentiel. Au Nebraska, une proposition cherche à inscrire la nouvelle restriction dans la constitution de l’État, tandis qu’une autre cherche à prolonger la durée autorisée pour un avortement. Pour Marlène Wagner, le choix s’est vite fait sentir.
Les restrictions ont « déjà eu des répercussions, car les femmes n’ont pas pu obtenir les soins dont elles ont besoin », déplore celle qui a également participé en 2017 à la première marche des femmes, qui a suivi l’investiture de Donald Trump et a rassemblé des centaines de milliers de personnes.
Cette fois encore, on a pu voir des « Pussy Hats », des casquettes roses avec des oreilles de chat, en référence à une expression crue de l’ancien président républicain.
A Washington, certains contre-manifestants accusant Kamala Harris d’être une “tueuse de bébés” ont également cherché à se faire entendre samedi, même si les femmes ont eu du mal à cacher leur voix et leurs pancartes.
Donald Trump est “très dangereux” et “ne prend pas en considération les femmes”, accuse Abby Cohen, 66 ans, non loin d’un kiosque de planning familial. « Nous représentons 50 % de la population. »
Dans trois jours, « j’espère que toutes les femmes voteront pour Harris », rêve le New-Yorkais, juste avant que la foule ne se dirige vers une pelouse face à la Maison Blanche. « Mais j’espère que tous les hommes voteront aussi pour Harris. »