Des coupures dans la francisation, indignes et contraires aux intérêts du Québec

Des coupures dans la francisation, indignes et contraires aux intérêts du Québec
Des coupures dans la francisation, indignes et contraires aux intérêts du Québec

La CAQ, par la voix de son ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, et de celui de la Langue française, Jean-François Roberge, dément avoir coupé dans la francisation. Ce qui, selon son analyse de la situation, peut paraître juste.

Or, plusieurs données mises à jour par les syndicats des différents centres de francisation, la direction et les enseignants de ces centres, nous apprennent que le budget de francisation 23-24 est le même qu’en 20-21, les années de pandémie. Pourtant, la réalité des années 23-24 n’a rien à voir avec celle des années 20-21, années où la francisation faisait plus que ralentir.

On peut certes dire que les différents centres ont dépensé la totalité de leur budget en début d’année, mais on ne peut s’en laver les mains en rejetant la faute sur leur choix de répondre avec diligence aux besoins pressants. La demande pour les services de francisation était là, mais il semble que le budget du 23-24 était loin d’être suffisant.

Demande croissante

La demande de francisation au Québec a quintuplé depuis l’immigration massive à partir de 2022. Ces immigrants sont là et il faut répondre à leur besoin d’intégration et de francisation et au besoin de notre société québécoise de les intégrer le plus décemment possible. . Jouer la carte du « il y en a trop, c’est la faute d’Ottawa » et nier notre devoir de répondre adéquatement à leurs besoins avec des ressources supplémentaires n’est pas digne de notre société.

On nous dit que les étudiants dont les cours ont été abolis et qui ont vu leur formation drastiquement interrompue pourraient s’adresser à la FQ (francisation Québec, point d’accès gouvernemental pour les personnes en francisation), une sorte de comptoir de francisation (! !!). Cependant, depuis sa création le 1er juin 2023, le portail n’a pas été en mesure de répondre au grand volume de demandes déposées. Des goulots d’étranglement sont apparus, qui ont créé des délais d’attente et causé divers problèmes pour les services offerts. Au 15 avril, la moitié des inscrits n’avaient toujours pas commencé leur parcours d’apprentissage du français (selon le rapport annuel 2023-2024 du commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil).

Les dernières coupes au CSS ont déjà entraîné la fermeture de nombreuses classes, ce qui allonge les listes d’attente déjà interminables et prive des centaines d’étudiants de la possibilité de se former en langue française. Le tournant actuel du gouvernement envers les immigrés ne suggère pas une inscription rapide et facile de leur part à d’autres services avec les budgets alloués. Évidemment, les CSS sont celles qui répondent adéquatement aux objectifs de francisation au Québec. Il est donc impératif de reconsidérer les budgets qui leur sont actuellement alloués.

Immigrants permanents seulement

On apprend aussi que ce seraient principalement (et strictement) les immigrants permanents qui pourraient recourir aux services de francisation.

Il s’agit maintenant de choisir à qui s’adressent les ressources de francisation et le moment où cette francisation sera effectuée. Un immigrant temporaire ou permanent qui souhaite s’intégrer à l’ensemble des Québécois devrait avoir droit à des services de francisation. Les travailleurs immigrants participent tous à notre enrichissement collectif. Nous nous devons de répondre à leur demande de parler français et de s’intégrer à notre société.

Comme « le français est le critère pour immigrer de façon permanente au Québec » et que connaître le français est essentiel pour faciliter l’intégration et la pleine participation à la société québécoise en donnant la possibilité d’être compris dans les situations de tous les jours (site gouvernemental S’installer et s’intégrer au Québec), nous devons leur offrir avec les moyens.

Construction

Le rôle de la francisation ne se limite pas à la maîtrise d’une langue. Il s’agit d’un processus vital qui permet aux nouveaux arrivants de construire une vie digne et autonome dans un lieu où la langue est un vecteur clé d’intégration. En fermant les portes des salles de classe, ce n’est pas seulement l’acquisition du français qui est ralentie, mais aussi l’accès à l’emploi, à l’éducation et à la pleine participation civique. Pouvons-nous accepter de mettre en péril la réussite de nos nouveaux citoyens ?

Si « la préservation de la langue française est la seule garantie de la survie de la nation québécoise », affirme votre site Internet, ceux qui sont actuellement inscrits en francisation ont tous droit aux services de francisation. Les immigrants privés de compétences en français pourraient sûrement trouver facilement et gratuitement des services d’anglicisation auprès de la communauté anglophone qui est trop heureuse de les accueillir.

Pour toutes ces raisons, nous ne comprenons pas pourquoi votre programme de francisation devrait être soumis à des impératifs gestionnaires et budgétaires puisque la langue française est l’un des principaux impératifs de la survie d’un Québec français. . Et qui en porte la responsabilité principale ? L’État québécois?

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Roseline Major, enseignante à la retraite

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Johanne Mongeon, enseignante retraitée

Roseline Major et Johanne Mongeon, enseignantes retraitées du collégial

 
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