« Stravaleaks » ou la sécurité des chefs d’État trahis par leurs gardes du corps. Épisode 3 : Le Kremlin

« Stravaleaks » ou la sécurité des chefs d’État trahis par leurs gardes du corps. Épisode 3 : Le Kremlin
« Stravaleaks » ou la sécurité des chefs d’État trahis par leurs gardes du corps. Épisode 3 : Le Kremlin

D’un côté, il y a un somptueux palais au bord de la mer Noire, dont la construction aurait coûté plus d’un milliard d’euros. De l’autre, une luxueuse datcha au bord d’un des innombrables lacs de la République de Carélie, au nord de la Russie. Près de 2 000 kilomètres séparent les deux propriétés, mais elles ont un point commun : leurs environs immédiats sont régulièrement fréquentés par les gardes du corps de Vladimir Poutine.

Plusieurs gardes du corps de Vladimir Poutine ont séjourné autour du gigantesque palais de la mer Noire, entre 2019 et 2024. Toujours à la même période de l’année, entre le 19 août et le 22 septembre. YOUTUBE/NAVALNY

Le président russe est-il l’heureux propriétaire de ces résidences secondaires ? C’est en tout cas ce qu’affirmaient les opposants : feu Alexeï Navalny, en 2021, à propos du palais, et plus récemment l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski pour le datcha (par l’intermédiaire de la cellule d’enquête Dossier Centre qu’elle finance). Des accusations embarrassantes sur la fortune supposée du président russe, que le Kremlin a toujours vigoureusement réfuté. Les nouvelles informations de Monde viens pourtant les accréditer un peu plus.

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Dans une série d’enquêtes, nous avons révélé comment les gardes du corps des présidents français et américains divulguent des informations sur les déplacements des chefs d’État. Une faille de sécurité provoquée par leur utilisation compulsive de Strava, une application utilisée par les sportifs pour enregistrer leurs performances et les partager en ligne. Des activités le plus souvent géolocalisées, qui permettent de suivre les déplacements de ces chefs d’Etat.

Des gardes du corps qui révèlent leur localisation sur Internet

Une faute à laquelle Vladimir Poutine ne peut échapper, trahi également par l’imprudence des membres du Service fédéral de protection (OFS). Un comble pour quelqu’un qui, par prudence, n’utilise pas de portable ou d’ordinateur connecté à Internet, et dont le bureau a été recréé à l’identique dans plusieurs de ses résidences pour qu’on ne puisse jamais savoir où il se trouve. Contacté par l’intermédiaire de son porte-parole, le Kremlin n’a pas répondu à nos questions.


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Les 13 et 14 novembre 2019, Vladimir Poutine s’est par exemple rendu à Brasilia, capitale du Brésil, pour participer à un sommet international réunissant les dirigeants du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Mais dès le 11 novembre, Andreï (les prénoms ont été modifiés), un agent de l’OFS, était sur place. Afin de localiser les lieux et de les sécuriser, il est hébergé au B Hôtel, l’établissement où le maître du Kremlin s’apprête à séjourner. Alors, en attendant son arrivée, Andreï fait un footing de 8 kilomètres qui commence et se termine au pied de cet hôtel. Une activité qu’il enregistre sur Strava. Les informations, bien que confidentielles et éminemment sensibles, sont ainsi partagées en toute transparence sur Internet.

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