Trois hauts responsables syriens historiquement condamnés à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité

Trois hauts responsables syriens historiquement condamnés à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité
Trois hauts responsables syriens historiquement condamnés à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité
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– /AFP Condamnation historique de trois hauts responsables syriens à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité (Photo de Bashar al-Assad le 11 novembre 2023)

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Condamnation historique de trois hauts responsables syriens à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité (Photo de Bashar al-Assad le 11 novembre 2023)

SYRIE – Une victoire dans le “lutte contre l’impunité” : trois hauts responsables du régime syrien, jugés par contumace en France pour complicité de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, ont été condamnés vendredi 24 mai à la réclusion à perpétuité.

La cour d’assises de Paris a déclaré coupables Ali Mamlouk, ancien chef du Bureau de la sécurité nationale, la plus haute instance de renseignement en Syrie, Jamil Hassan, ancien directeur des services de renseignement de l’armée de l’air, et Abdel Salam Mahmoud, ancien directeur de la branche enquête de ces services. et ordonné le maintien des effets des mandats d’arrêt internationaux les visant.

Après l’annonce du verdict, le public présent dans la salle s’est levé et a applaudi. « Il s’agit du premier procès visant à juger et condamner de tels hauts responsables du régime syrien pour complicité de crimes contre l’humanité »a salué à la sortie Me Clémence Bectarte, qui a défendu plusieurs parties civiles dans cette affaire. « C’est un verdict qui résonne pour des centaines de milliers de Syriens qui attendent toujours justice »elle a ajouté.

Jugés en leur absence

Les trois hommes, probablement toujours en Syrie, étaient absents du procès et donc jugés par contumace, possibilité offerte par le système judiciaire français. Ils n’ont pas non plus désigné d’avocat pour les défendre à l’audience.

Si à l’avenir ils étaient arrêtés, ils pourraient soit acquiescer à la sentence, soit s’opposer, ce qui conduirait à un nouveau procès, en première instance et en leur présence cette fois.

Ils ont été condamnés pour avoir joué un rôle, du fait de leur place dans la chaîne hiérarchique, dans la disparition forcée et la mort de Mazzen Dabbagh et de son fils Patrick.

Coupable du crime de guerre de complicité d’extorsion

Ces deux Franco-Syriens ont été arrêtés à Damas en 2013 et transférés au centre de détention de l’aéroport de Mezzeh, géré par les redoutés services de renseignement de l’Armée de l’Air. Ils n’ont donné aucun signe de vie jusqu’à ce qu’ils soient déclarés morts en août 2018.

Mais les investigations menées par la cellule crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris ont permis de considérer qu’il était « suffisamment établi » qu’ils avaient été torturés et qu’ils en étaient morts.

Au même moment, en juillet 2016, l’épouse et la fille de Mazzen Dabbagh ont été expulsées de leur maison de Damas, réquisitionnée par Abdel Salam Mahmoud. Pour ces faits, les trois accusés ont été reconnus coupables du crime de guerre de complicité d’extorsion.

Au-delà du cas des Dabbagh, c’est le caractère massif et systématique des exactions commises par le régime syrien sur sa population civile qui a animé les débats de ce procès inédit dans l’histoire de la justice française.

«C’est historique»

« L’impunité est quelque chose de très difficile à vivre »a déclaré Obeïda Dabbagh, frère et oncle des deux victimes, après le verdict. “La justice doit avoir lieu, c’est un premier pas très important, c’est historique”il a salué.

Dans ses arguments, la procureure générale a cherché à démontrer que le régime de Bachar al-Assad menait des actions « une politique d’État répressive, mise en œuvre par les plus hauts niveaux » de la hiérarchie et « livré localement dans chaque gouvernorat ». Les accusés constituent, comme Bachar al-Assad, “les architectes de ce système”.

Lors de ce procès qui s’est ouvert mardi, plusieurs experts et survivants des prisons syriennes sont montés à la barre pour décrire le système politique et pénitentiaire syrien et raconter les horreurs subies en détention.

« Un signal envoyé à nos dirigeants »

Des photos du dossier César, du nom d’un ancien photographe de la police militaire qui a fui la Syrie en 2013 avec 46 000 photographies horribles de corps torturés, ont été diffusées lors de l’audience.

« Ce ne sont pas les crimes du passé que vous allez juger, ce sont les crimes du présent », a plaidé Me Bectarte. Elle a souligné que ce procès représentait pour des milliers de Syriens le” espoir ” trouver « un espace de justice alors que la situation en Syrie reste marquée par une impunité totale ».

Ali Mamlouk est notamment devenu conseiller spécial de Bachar al-Assad. Pour Me Patrick Baudouin, avocat à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), il s’agit « Le président Assad lui-même qui est visé par cet opprobre, cette infamie de la condamnation ». Celui-ci est “un signal envoyé à nos dirigeants, aux dirigeants européens, qu’il ne faut à aucun prix normaliser les relations avec Bachar al-Assad”a insisté pour sa part M. Bectarte.

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