“Sacrifier les terres agricoles pour les autoroutes, ça fait peur, mais c’est nécessaire”

“Sacrifier les terres agricoles pour les autoroutes, ça fait peur, mais c’est nécessaire”
“Sacrifier les terres agricoles pour les autoroutes, ça fait peur, mais c’est nécessaire”

La présidente du TCS Vaud Laurence Cretegny estime lundi dans La Matinale que le projet de prolongement de l’autoroute est indispensable. Voté le 24 novembre, le texte prévoit le réaménagement de six tronçons d’autoroute en Suisse, dont un en Suisse romande.

Le seul projet francophone concerne l’A1 entre l’échangeur de Vengeron et le carrefour de Nyon. Le tronçon doit être élargi à deux fois trois voies, au détriment des terres arables. Coût de ce projet particulier : près d’un milliard de francs, prélevé sur le Fonds des routes nationales et de la circulation urbaine (FORTA).

Un projet « disproportionné » pour l’alliance à l’origine du référendum, alors que le TCS le juge « impératif », en raison de nombreux acquis : fluidité du trafic, réduction des embouteillages et du nombre d’accidents et réduction du trafic d’évitement dans les communes voisines.

Invitée de la RTS Matin, la présidente du TCS Vaud Laurence Cretegny convient que “sacrifier les terres agricoles au profit de la voiture fait toujours un peu mal”. Mais pour elle, il s’agit d’une pesée d’intérêts. Les autoroutes permettent le transport des produits agricoles et «sont donc indispensables», explique celle qui est également agricultrice professionnelle et membre du Grand Conseil vaudois. .

Alléger le trafic urbain

Le projet est compatible avec les enjeux climatiques actuels, note Laurence Cretegny. “Nous devons planifier l’avenir et pour cet avenir, nous devons construire de nouvelles lignes ferroviaires, mais aussi adapter nos infrastructures autoroutières”, ajoute-t-elle. Pour le député PLR, le budget de 4,9 milliards de francs ne signifie pas « voir grand ». Et d’ajouter : “Dans les années à venir, ce sera 28 milliards pour les pistes des CFF, où voit-on grand ?”

Ce projet contribuera également à alléger la circulation dans les villes, explique-t-elle. «Cette troisième voie [entre Le Vengeron et Nyon, ndlr] débouchera sur un parking relais », les citoyens pourront alors emprunter les transports en commun pour se rendre en ville et travailler. Ce qui est compatible avec la réduction du trafic motorisé, selon l’élu vaudois.

Le trafic secondaire sera redirigé vers les voies autoroutières

Laurence Cretegny, présidente du TCS Vaudois

Selon la première enquête SSR, le projet d’élargissement de l’autoroute séduit une petite majorité (52%) de la population. La Suisse romande est moins convaincue avec 48% de oui pour l’instant. Mais pour le président du TCS Vaud, le projet d’élargissement constitue une première étape, il faut « commencer quelque part pour construire le reste », par exemple la finalisation de l’autoroute valaisanne ou la construction de l’échangeur de Crisser.

>> Lire : L’élargissement des autoroutes ne séduit qu’une faible majorité de la population, selon la première enquête SSR

« Nous ne pouvons pas garantir qu’il n’y aura plus jamais de bouchons », constate Laurence Cretegny. L’important est de monter un projet qui va durer dans le temps, un « projet d’avenir », souligne-t-elle. “Dans vingt ou trente ans, aurons-nous réussi à réduire une partie de nos transports individuels motorisés et ainsi à utiliser la troisième voie pour le covoiturage ?” demande-t-elle.

L’agriculture a toujours sa place dans la région lémanique

Laurence Cretegny, présidente du TCS Vaudois

Il n’y aura pas plus de voitures sur la route, constate le président du TCS Vaud, mais le trafic secondaire, sur les routes communales, sera redirigé vers les voies autoroutières. Laurence Cretegny explique qu’il s’agit d’une volonté d’apporter plus de sécurité dans les villages, pour les piétons et les vélos.

« Il faut laisser la place à l’agriculture »

Cette troisième voie améliorera également la vie quotidienne à la campagne, estime l’homme politique. Elle rappelle que les routes secondaires sont empruntées dès qu’un accident ou des ralentissements sont constatés sur l’autoroute, ce qui gêne le travail des agriculteurs.

Laurence Cretegny souligne enfin : « L’agriculture a toujours sa place dans la région lémanique », malgré la construction de routes, de logements et d’infrastructures. Pour l’agriculteur, le lien entre ville et campagne est essentiel, il s’agit alors de faire des compromis. « Nous devons laisser la place à l’agriculture, comme l’agriculture a laissé la place aux bâtiments et aux routes. »

Vendredi, la conseillère nationale socialiste vaudoise Brenda Tuosto sera à La Matinale pour présenter son avis sur la question.

Commentaires recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web : Lucie Ostorero

 
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