(Jérusalem) Israël a mené vendredi des frappes sur la bande de Gaza après avoir réaffirmé son objectif d’écraser le Hamas et de porter un coup dur au mouvement islamiste palestinien en tuant son leader, Yahya Sinouar.
Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE
Agence France-Presse
Ce que vous devez savoir
- Le chef du Hamas Yahya Sinouar a été tué mercredi par des armes israéliennes lors d’une opération à Rafah, au sud de la bande de Gaza ;
- Il est considéré comme l’artisan de l’attentat du 7 octobre 2023 ;
- Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a assuré que cette mort marquait « le début de la fin » de la guerre à Gaza.
Lire « Comment Israël a finalement trouvé le chef du Hamas »
En guerre sur un double front, Israël a annoncé jeudi la mort de Yahya Sinouar, tué la veille lors d’une opération de ses soldats à Rafah, au sud de la bande de Gaza, tandis que son offensive contre le Hezbollah se poursuit au Liban, allié du Hamas et du Hamas. également soutenu par l’Iran.
La mort du leader du Hamas, considéré comme l’architecte de l’attaque sans précédent du 7 octobre 2023 en Israël, marque “le début de la fin” de la guerre à Gaza, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le chef d’état-major de l’armée, le général Herzi Halevi, a assuré que la guerre “ne s’arrêterait pas” avant la capture de tous les auteurs de l’attaque et le retour de “tous les otages” détenus à Gaza, les deux objectifs déclarés par Israël de son offensive sur le territoire palestinien.
Le Hamas a confirmé vendredi la mort de son chef. “Nous pleurons la mort du grand leader, le frère martyr Yahya Sinouar, Abou Ibrahim”, a déclaré Khalil al-Hayya, un responsable du Hamas basé au Qatar, dans une vidéo diffusée sur Al Jazeera.
Yahya Sinouar, un militant radical de 61 ans, dirigeait le Hamas à Gaza depuis 2017, avant d’être nommé chef politique du mouvement début août après la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans un attentat attribué à Israël. .
Le président américain Joe Biden a salué, après l’annonce de son décès, un « bon jour pour Israël, les États-Unis et le monde ».
M. Biden a déclaré avoir appelé M. Netanyahu pour le féliciter de la mort du chef du Hamas, ajoutant qu’il « espérait » parvenir à un cessez-le-feu à Gaza.
Kamala Harris, candidate démocrate à la Maison Blanche, a elle aussi estimé que sa mort offrait « l’opportunité » de « mettre fin » à la guerre à Gaza.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré que la mort du chef du Hamas représentait une « opportunité » à saisir pour mettre fin aux opérations militaires.
Lors de leur entretien téléphonique, MM. Netanyahu et Biden ont assuré que c’était « une opportunité de promouvoir la libération des otages » et qu’ils « coopéreraient » pour y parvenir.
Le Forum des familles, principale association de proches d’otages en Israël, “nous a exhorté à profiter de cette avancée majeure pour assurer le retour” des derniers captifs.
Devant une morgue de Tel-Aviv, où le corps de Sinouar est arrivé pour des « examens complémentaires » selon la police, plusieurs personnes ont dansé et chanté, selon des images de l’AFP. Parmi eux, Hemda, une Israélienne, s’est dite « heureuse ».
« Vitesse supérieure »
Cette annonce intervient dans un contexte explosif au Moyen-Orient, où Israël bombarde depuis le 23 septembre les positions du Hezbollah au Liban.
Après un an d’échanges de tirs à la frontière, Israël a déplacé l’essentiel de ses opérations militaires vers le Liban et a lancé le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du Liban contre le mouvement islamiste libanais.
Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah à la frontière pour permettre le retour vers le nord de son territoire de quelque 60 000 personnes déplacées depuis un an par ses tirs de roquettes.
Jeudi soir, le Hezbollah a annoncé qu’il passait « à la vitesse supérieure » dans sa guerre avec Israël, affirmant avoir utilisé pour la première fois des missiles à guidage de précision pour cibler des soldats israéliens.
L’agence de presse officielle libanaise Ani a fait état vendredi de raids israéliens dans la nuit sur des villages du sud du Liban, dont l’un a “détruit l’ancienne mosquée” de Majdel Selm, près de la frontière.
Le Hezbollah a revendiqué vendredi le tir d’une “grande salve de roquettes” sur le nord d’Israël et a annoncé dans la nuit avoir visé des soldats israéliens à proximité de deux villages frontaliers.
Au moins 1.418 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. L’ONU a recensé près de 700 000 personnes déplacées.
Frappes dans le nord de Gaza
Dans la bande de Gaza, un journaliste de l’AFP et de la Défense civile ont fait état de plusieurs frappes aériennes dans la nuit.
Trois enfants ont été tués dans le nord de Gaza, selon la Défense civile, tandis qu’une frappe de drone a tué deux Palestiniens dans la même région.
L’armée a annoncé qu’elle poursuivrait ses opérations à Jabalia, au nord du territoire, qu’elle encercle et bombarde depuis le 6 octobre, affirmant que le Hamas tente d’y reconstituer ses forces.
L’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a pointé un “risque réel” de famine dans le territoire palestinien assiégé, accusant “certains membres du gouvernement israélien” d’en faire “une arme de guerre”.
Au moins 42.438 Palestiniens ont été tués, pour la plupart des civils, lors de l’offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement Hamas, jugées fiables par l’ONU.
L’Iran a assuré que la mort de Yahya Sinouar allait “renforcer l’esprit de résistance” en vue de la “libération” des territoires occupés. “Il deviendra un modèle pour la jeunesse”, a écrit la mission iranienne auprès des Nations Unies à New York sur le réseau social X, assurant que “la résistance continuerait”.
L’Iran a menacé d’attaquer « douloureusement » Israël s’il frappait des cibles « en Iran ou dans la région », en réponse à l’attaque de missiles de Téhéran sur le territoire israélien le 1est octobre auquel Israël a promis de répondre.