Manifestations pro-palestiniennes dans les universités occidentales

Manifestations pro-palestiniennes dans les universités occidentales
Manifestations pro-palestiniennes dans les universités occidentales

Les manifestations étudiantes de soutien à Gaza, initiées aux États-Unis puis étendues à la France, ont fait l’objet d’une répression policière brutale et de critiques médiatiques inquiétantes. Leur légitimité est contestée dans la plupart des cercles politiques et médiatiques, ce qui remet en question l’équité du débat public.

Ces dernières semaines, les manifestations de soutien à Gaza se sont étendues aux universités et aux milieux universitaires aux États-Unis et en France. L’élan de solidarité avec les Palestiniens, affligés par les atrocités de la guerre depuis plus de six mois, est un rappel de la jeunesse intellectuelle. De plus en plus indignés par les violations des droits humains à Gaza et par l’incapacité de l’Occident à y mettre fin malgré les demandes renouvelées de cessez-le-feu, les étudiants s’élèvent contre ce conflit dévastateur, que la complaisance des puissances mondiales prolonge et aggrave.

Vent de rébellion
Ces soulèvements, qui ont éclaté aux Etats-Unis, dans les villes de New York, Boston, Austin et Cambridge, ont été durement réprimés par la police ces derniers jours. Les images des arrestations agressives sur le campus universitaire de Columbia ont également frappé les esprits. Peu après minuit, le 30 avril 2024, un escadron composé d’une centaine de policiers, dotés d’un matériel imposant, a déployé d’importants moyens pour forcer l’accès au bâtiment où les étudiants s’étaient barricadés. Sous les clameurs désapprobatrices des témoins présents, qui criaient « Palestine libre ! », les policiers sont entrés dans les lieux, les uns par les fenêtres en grimpant sur une échelle, les autres en cassant les serrures à coups de marteaux. Des dizaines d’étudiants menottés et placés dans un fourgon, les plus rebelles arrachés de leurs tentes et traînés à terre, un campus devenu champ de bataille, tel était le tableau de cette nuit agitée.

Quelques heures plus tard, à Los Angeles, des scènes similaires se déroulaient à l’Université de Californie. Les manifestants, déjà attaqués par des contre-manifestants soutenant la politique israélienne, ont vu la police forcer leurs retranchements et les arrêter brutalement. Si, aux yeux de la gauche contestataire, ces mesures autoritaires sont disproportionnées, le gouvernement est néanmoins fondé à faire régner l’ordre de manière inflexible. Selon Joe Biden, le chaos et l’insécurité n’ont pas leur place dans les lieux de connaissance et d’échange d’idées, et l’ordre doit donc prévaloir.

Mais ce vent de rébellion a traversé l’Atlantique et parcouru les universités françaises. A Science-Po et ailleurs, pendant une semaine, les étudiants se sont mobilisés « pour l’honneur de la Palestine et de tous ceux qui sont assassinés ». Même troubles, même réponse : la police a eu recours à la force pour les déloger, détruisant les barricades, traînant à terre les plus récalcitrants, appliquant ainsi les directives fermes de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur.

Des mesures concrètes
En solidarité avec les victimes de Gaza, les étudiants dénoncent la répression des voix qui défendent la cause palestinienne au sein du campus, ainsi que la complicité de leur université avec des entités qui soutiennent la politique offensive d’Israël. Désireux de faire en sorte que l’institution du savoir agisse selon les principes moraux censés la guider, les étudiants réclament des mesures concrètes : le boycott sans concession des entreprises israéliennes, la rupture de tout partenariat avec les établissements de l’Etat hébreu, entre autres.

Cependant, nous observons que la légitimité de telles affirmations est vivement contestée dans les cercles politiques et médiatiques. Si les activités normales des universités sont effectivement impactées ; si la France Insoumise souffle sur les braises et semble vouloir une révolte plus énergique ; s’il y a effectivement quelques dérives et incidents isolés, comme dans tout mouvement d’expression collective, on ne peut que regretter l’attitude tendancieuse, voire condescendante, adoptée par certaines personnalités politiques et médiatiques. « Radicalisés », « petits-bourgeois », « partisans du Hamas », « antisémites », les étudiants, unis pour la paix malgré les différences de classe et de confession, ont reçu des qualificatifs réducteurs et dénigrants sur les plateaux de télévision français.

De nombreuses personnalités leur accusent vertement d’ignorance totale de l’histoire du conflit : ceux-là mêmes qui, après les attentats commis par le Hamas le 7 octobre 2023, ont refusé d’examiner les faits tragiques dans un contexte historique plus large et avec le recul nécessaire. Le débat public pâtit de ces jugements hâtifs et malveillants, et la diversité des opinions et des perspectives est souvent étouffée. Il serait souhaitable que les acteurs médiatiques favorisent plutôt un dialogue ouvert et respectueux, fondé sur une compréhension nuancée des enjeux, et qu’ils gardent surtout à l’esprit les principes énoncés dans la Charte de Munich, notamment ses articles 8 et 9.

 
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