Des centaines de personnes participent à une manifestation en soutien à La Tulipe

Quelques centaines de personnes ont répondu jeudi soir à l’appel lancé par les citoyens sur les réseaux sociaux pour soutenir le cabaret La Tulipe, qui a annoncé sa fermeture cette semaine. Le rassemblement citoyen appelé « Le beau boucan en soutien à La Tulipe » a tenu sa promesse de faire du bruit sur l’avenue Papineau.


Publié à 21h11

Mis à jour à 22h16

Vers 19 heures, des bruits de casseroles et de trompettes ont commencé à se faire entendre, tandis que les voitures qui circulaient klaxonnaient bruyamment. Le petit groupe présent a rapidement été rejoint par d’autres citoyens, artistes ou propriétaires de bar, qui tenaient absolument à manifester leur soutien à La Tulipe.

Les musiciens sont également venus en grand nombre, une petite fanfare improvisée s’est mise à jouer juste devant le cabaret, tandis que la foule s’est rassemblée autour d’eux, élargissant le cercle des supporters en accueillant les curieux de l’avenue du Mont-Royal qui ont dévié de leur chemin.

Jean-François est venu avec son saxophone alto. « C’est important d’être ici », nous a-t-il dit. D’autres lieux culturels comme celui-ci ont fermé dans le passé pour les mêmes raisons, il faut que cela cesse. Le Divan Orange, Les Bobards… Les Foufounes reçoivent également régulièrement des plaintes. Qu’allons-nous faire ? C’est sûr que c’est bruyant, mais c’est la ville ! »

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PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

André-Pierre Duchamp, résident du Plateau Mont-Royal

André-Pierre Duchamp, un ouvrier du bâtiment, était présent depuis le début de la manifestation. Visiblement ému, cet habitant du Plateau Mont-Royal « depuis 50 ans » n’arrive toujours pas à croire qu’« une seule personne soit capable de faire taire la culture ». Il a lancé un appel amical à tous ceux de banlieue qui ont soutenu La Tulipe au fil des années.

Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) avait déployé des équipes d’agents sur place en cas de débordement. Aucun incident n’a été signalé, mais compte tenu du nombre élevé de manifestants, l’accès à l’avenue Papineau – via l’avenue du Mont-Royal – a été fermé.

Juste en face, le propriétaire du restaurant Sandhu, Ajmer Sandhu, regarde la scène avec désolation. Il a été propriétaire de La Tulipe de 2000 à 2014. Selon lui, l’erreur de la Ville en autorisant le changement de zonage lui a été fatale. Il déplore les démarches entreprises par Pierre-Yves Beaudoin. « Le bruit fait partie de la vie urbaine », estime-t-il.

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PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Deux musiciens dans la foule rassemblée devant le cabaret, jeudi soir

Le fondateur du groupe de percussions Terrato, Joe Mephisto, a poussé un véritable cri du cœur avant d’inviter sa vingtaine de collègues à jouer bruyamment du samba-reggae sur leur batterie.

« On joue à La Tulipe, la majorité de nos contrats sont ici, ça ne peut pas se conclure à cause d’une plainte, on a besoin de ça pour vivre. On ne peut pas effacer les arts d’ici, ça n’a pas l’air bien, ça fait partie de la vie de quartier. Cela fait 111 ans à soutenir les artistes ! »

“Nous sommes tous vulnérables”

L’auteur-compositeur-interprète et comédien Émile-Proulx Cloutier est également venu nous rendre visite. « Ça me rassure de voir qu’il y a autant de monde », nous a-t-il confié.

Il témoigne de l’importance du lieu, mais aussi de sa fragilité. La logique selon laquelle une seule personne peut changer le destin d’un théâtre et d’une ville n’a aucun sens.

Émile-Proulx Cloutier, auteur-compositeur-interprète et acteur

Cet argument a été repris par plusieurs personnes à qui La presse ont pris la parole, notamment les patrons de bars du Plateau, venus nombreux soutenir les patrons de La Tulipe.

Parmi eux, Sergio Da Silva, propriétaire du bar Turbo Haüs. « Nous sommes tous vulnérables », nous a-t-il dit. J’ai moi-même reçu un avertissement de la Ville en raison d’une plainte déposée par un citoyen. Regardez autour de vous : il y a ici des familles, des personnes âgées. Ces gens comprennent que nous vivons en ville et que ces lieux culturels doivent exister. »

La modification jeudi du règlement sur le bruit par l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, qui exempte les bars, les théâtres et les salles de spectacle du fameux article 9 du règlement sur le bruit, est un pas dans la bonne direction, selon lui, mais il se demande encore comment les plaintes seront désormais traitées.

La conseillère municipale Chantal Rossi, porte-parole de l’opposition officielle en matière de culture, était également présente pour « dénoncer ce qui se passe ».

” Si [Luc] Rabouin [le maire du Plateau-Mont-Royal] avait apporté cette modification au règlement en 2021, lorsqu’il avait reconnu l’erreur d’arrondi [de faire passer le zonage de commercial à résidentiel à la demande de Pierre-Yves Beaudoin]nous ne serions pas là pour en parler. Il est tard… Nous perdons une institution culturelle. Nous espérons désormais sauver les autres. »

Le propriétaire à l’origine de la plainte, Pierre-Yves Beaudoin, n’était apparemment pas chez lui jeudi soir. Malgré tout, les manifestants présents n’ont pas hésité à faire le plus de bruit possible. On a même vu une pancarte : « Pierre-Yves Beaudoin : déménagez et soyez patient ! »

Dans leur appel à soutenir La Tulipe, les citoyens qui ont pris l’initiative d’organiser cette manifestation « pacifique » écrivaient encore :

« Pour le fêtard Pierre-Yves Beaudoin, qui se plaint depuis plusieurs années du bruit émis les soirs de spectacles, même s’il a acquis l’immeuble et a changé sa vocation commerciale en résidentielle en raison d’une erreur administrative, fermez peut-être vos fenêtres, notre amour. pour le patrimoine et La Tulipe sera peut-être assez forte pour vous déranger en buvant votre petite tisane à la camomille. »

 
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