Les règlements de comptes continuent. Les propos tenus par François Ruffin mercredi 11 septembre ont encore un peu plus tendu les relations entre La France insoumise et le député « Picardie debout » de la Somme. Après Éric Coquerel, Paul Vannier et Sébastien Delogu, c'est Manuel Bompard qui a exprimé son mécontentement dans un long billet publié sur son blog jeudi 12 septembre au soir.
« Je suis sans voix (…) L'interview de François Ruffin m'a choqué », a réagi le député des Bouches-du-Rhône en introduction.
« Certaines accusations ne peuvent rester sans réponse, car elles sont blessantes, injustes et dangereuses. Je le ferai donc en quelques points », a-t-il ensuite expliqué.
Ruffin évoque une campagne « sur l'apparence dans certains quartiers »
La veille, le député « Picardie debout » de la Somme a été interrogé sur plusieurs passages de son nouveau livre Itinéraire, ma France dans son intégralité, pas à moitiédans lequel il relate des anecdotes de campagne et exprime ses doutes sur certains tracts électoraux réalisés, selon son récit, sur la base de l'apparence.
Selon lui, dans certains quartiers d’Amiens-Nord, proposer un tract avec la tête de Jean-Luc Mélenchon à un potentiel électeur racisé de La France Insoumise est synonyme de « succès quasi assuré » tant le nom du leader de LFI fait office de « passe-partout ». En revanche, face à d’autres électeurs potentiels non racisés, ce même nom devient « un verrou ».
« C'est un souci, j'ai eu honte quand j'ai fait ça. Malheureusement, je me suis confié à mes camarades qui m'ont dit qu'ils faisaient la même chose », a raconté le député sur BFMTV-RMC.
« LFI est un parti où règne la peur », a également confié François Ruffin. « Il n'y a pas de place pour le débat, la discussion, l'échange », a-t-il ajouté.
« Personne ne l’a fait à part lui »
« François Ruffin dit avoir honte d'avoir fait campagne sur la base de l'apparence. Il a raison : c'est une honte d'avoir inventé le tract distribué sur la base de la couleur de peau. C'est pour cela que personne ne l'a fait à part lui », a répondu Manuel Bompard.
Le député de la Somme « devrait donc se demander comment il en est arrivé là plutôt que de ternir l’honneur de centaines de candidats et de dizaines de milliers de militants qui considèrent tout simplement un citoyen comme un citoyen. Quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion », ajoute l’élu insoumis.
A François Ruffin, qui déclarait sur notre chaîne que La France Insoumise préférait se concentrer sur une seule partie des électeurs, au détriment des « éboueurs d’Abbeville », « l’aide-soignante de la clinique d’à côté », « les ouvriers de Goodyear » ou « les vigiles de Sécuritas », Manuel Bompard a tenu à répondre :
« Il s'appuie sur les propos de Jean-Luc Mélenchon qui expliquait que notre objectif premier était la mobilisation des jeunes et des quartiers populaires. »
Mais « d'où vient cette idée qu'ils sont oubliés de notre programme et de nos campagnes, alors que nos propositions visent justement à unifier ces groupes sociaux ? », s'est alors interrogé ce poids lourd du parti mélenchoniste.
« En tout cas, il faudra apprendre à François Ruffin que, contrairement à ce qu’on entend parfois à la télévision, les « quartiers populaires » ne sont pas peuplés de profiteurs ou de trafiquants de drogue. On y trouve des ouvriers, des employés, des éboueurs, des ingénieurs, des aides-soignants, des agents de nettoyage et de sécurité… », a-t-il ajouté, lapidaire.
Article original publié sur BFMTV.com
