Festival « Monde » : Bordeaux se réinvente

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Un atelier dégustation avec la journaliste Ophélie Neiman et le vigneron Julien Queyrens, lors du Festival du Monde 2023. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE FOR “LE MONDE”

Accentué par le déclin de la consommation de vin en général (et de rouge en particulier), un net désamour frappe la première région viticole française, Bordeaux. Depuis une dizaine d’années, sommeliers et amateurs n’expriment plus le désir de leurs aînés pour ces vins qui ont pourtant fait figure d’exemple dans le monde entier. Résultat : pas moins de 10 000 hectares de vignes devraient être arrachés dans les dix prochaines années. Mais la force des vignerons de cette région réside dans leur résilience. Loin de s’apitoyer sur leur sort, beaucoup s’adaptent et se réinventent.

Comment sortir de la crise ? Les pistes explorées sont multiples : du Bordeaux servi en cocktail à la redécouverte de cépages oubliés, à réutiliser pour des vins plus frais, plus fluides, plus en phase avec le désir de légèreté des consommateurs contemporains. Lors du Festival de Monde, Nous aborderons les différents aspects de l'avenir du vignoble lors d'ateliers de dégustation organisés en partenariat avec Vins de Bordeaux.

Exemple : la région de Sauternes, réputée pour ses vins liquoreux, dont les ventes déclinent dangereusement depuis une quinzaine d’années. L’une des solutions adoptées par les vignerons de cette appellation a été de produire des vins blancs secs, délaissant leur histoire par nécessité économique. Mais des idées alternatives se répandent, qui permettent de préserver la production de vins liquoreux : des recettes d’apéritif mêlant du Sauternes au gin, à l’Armagnac et à d’autres liqueurs, avec un zeste de citron ou d’orange. Cela montre l’ouverture d’esprit du vignoble lorsqu’il s’agit d’assurer son avenir.

Nouvel imaginaire

Du côté des vins rouges, qui constituent la majorité de la production régionale, une nouvelle image se dessine, qui place les enjeux environnementaux au premier plan. La viticulture biologique a pris son essor pour atteindre un quart du vignoble, dépassant largement la moyenne nationale. Les vins offrent ainsi une image plus saine. Ils sont également conçus pour présenter plus de fluidité, avec des élevages raccourcis, qui mettent en valeur leur aspect fruité et souple. On voit désormais la plupart des châteaux proposer des seconds vins à des prix très raisonnables, à consommer plus rapidement que les premiers vins, qui nécessitent un très long vieillissement. Grâce à ces nouveaux produits, souvent présentés sous des étiquettes plus « fun », voire dans des bouteilles aux formes originales, Bordeaux s’adresse à la nouvelle génération.

Pour la région, concevoir son vin de demain, c’est aussi retrouver son goût originel, trop souvent mis de côté par les modes, notamment celles du bois ou des cépages internationalement reconnus, comme le cabernet sauvignon ou le merlot, abandonnant des cépages voisins qui offraient pourtant plus de nuances. Pour répondre à un marché qui les punissait, les vignerons bordelais ont réagi vite et intelligemment : ils sont remontés aux racines de leurs différents problèmes. Finalement, grâce à cette claque des passionnés, Bordeaux devient peu à peu un exemple d’adaptation à tous les changements, tant climatiques que sociologiques.

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