« La plupart de mes clients aiment la mode, mais ne se voient jamais représentés par elle »

Willy Chavarria, à New York, le 15 juillet 2024. CAROLINE TOMPKIN POUR « LE MONDE »

Il y a deux idées reçues sur la Fashion Week de New York : elle perd du terrain face à ses concurrentes et, parmi les créateurs qui lui sont fidèles, Willy Chavarria signe depuis plusieurs saisons le défilé le plus réussi, celui qui laisse des traces. La prochaine aura lieu le 6 septembre, pour la présentation des collections printemps-été 2025.

Lors du dernier défilé, qui s'est tenu en février dans un entrepôt de Brooklyn éclairé à la bougie, les mannequins, hommes et femmes, étaient majoritairement noirs ou latinos. Ils partageaient des tenues de sport et de soirée, des pièces couture et des sous-vêtements. Les proportions fantaisistes évoquaient les années 1980 de Claude Montana, la rigueur de la mode et la adaptation s'inspire des costumes formels mexicains des années 1930, tandis que l'abondance du tweed anglais vintage achevait de brouiller les références.

Virilité sensible, streetwear élégant, normalité singulière… La garde-robe délicate de Willy Chavarria a le pouvoir de résoudre bien des contradictions. Sans doute grâce à la maturité stylistique de ce créateur de 57 ans. Né d’une mère irlando-américaine et d’un père mexico-américain, il a grandi dans une communauté immigrée de la Californie rurale. Diplômé en graphisme de l’Academy of Art University de San Francisco, il s’est lancé dans la mode, travaillant d’abord pour une marque de sous-vêtements. À l’aube des années 2000, il est embauché par Ralph Lauren, puis fait carrière chez Calvin Klein, qu’il quitte en 2024 pour se consacrer pleinement à la marque qui porte son nom et dont il est propriétaire avec son mari.

Lancée en 2015, elle est encore de petite taille et s’appuie sur le commerce en ligne, mais elle a déjà valu à Willy Chavarria le titre de « créateur masculin de l’année » décerné par le Council of Fashion Designers of America (CFDA) en 2023. Cette récompense a rarement été décernée à des personnes d’origine latino-américaine, encore peu présentes dans le secteur. Rencontre avec l’homme qui entend bien y remédier.

Comment décririez-vous votre marque ?

Son but est de célébrer ceux qui le portent, de leur faire sentir bien. Quelqu’un qui achète un t-shirt appréciera sa coupe, sa couleur, son tissu, mais se sentira aussi inclus dans un projet plus vaste. Que ce soit à travers des défilés de mode, des posts Instagram, des photos dans des magazines, la marque est là pour faire entendre une voix juste, un message d’égalité.

Comment vos vêtements reflètent-ils cet état d’esprit ?

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