L’humanité ne tient qu’à un pouce

L’humanité ne tient qu’à un pouce
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Personnage bien connu des passionnés de sciences grâce à ses émissions sur France Inter (Terre au carré) ou sur France 5 (Sciences grand format) , l’idée est venue à Mathieu Vidard alors qu’il cherchait un sujet avec son éditeur qui jetait des mots en l’air dont celui de pouce. Réaction immédiate de l’auteur qui avait sucé son pouce jusqu’à l’âge où d’autres s’étaient déjà convertis à la cigarette. « Ce petit appendice, bien trop souvent sous-estimé, a été pour moi une Source de réconfort et de sécurité. »

Sous-estimé, c’est le moins qu’on puisse dire. En lisant cet ouvrage intitulé Pret à partirà la fois savant et ludique, saura nous convaincre que le pouce est un élément essentiel du corps humain, au même titre que l’oreille ou les yeux.

Sans cela, les humains n’auraient jamais pu forger d’outils ou faire défiler sur leur téléphone. Preuve de son côté indispensable, c’est toujours le pouce que le chirurgien va tenter de sauver après un accident. Le pouce distingue le monde des primates du reste des êtres vivants. Certaines espèces de chimpanzés l’utilisent également comme outils, voire pour fabriquer des sortes de lances.

Au fil de 28 chapitres, tantôt amusants, tantôt sérieux, Mathieu Vidard décortique le pouce sous toutes les coutures. Rappelons qu’il s’agit d’une unité métrique chez les Anglo-Saxons. Vient ensuite la notion de pouce opposable, c’est-à-dire la capacité pour la pulpe du pouce de se positionner entièrement à la surface de la pulpe des autres doigts. Aucun autre doigt ne peut faire cela. Une page santé en passant : sucer son pouce trop longtemps est nocif pour les dents de l’enfant et gêne sa capacité à mâcher. Avis aux parents !

Au fil du temps, le pouce est devenu un symbole qui permet de « liker » sur les réseaux sociaux ou de faire du stop (mais attention : en Iran ou en Thaïlande, brandir son pouce est considéré comme une insulte). Très utilisé dans le langage des sourds-muets, le pouce a également inspiré des artistes comme le sculpteur César, auteur d’un pouce géant.

La place centrale qu’occupe cet organe en fait une cible privilégiée des sanctions de toutes sortes. A Rome, les pouces des lâches étaient coupés. Un riche propriétaire terrien a mutilé ses fils pour qu’ils ne soient pas enrôlés dans l’armée. Les marins vaincus furent amputés pour les empêcher de manier à nouveau les rames. Aucune trace historique cependant des gladiateurs que le public aurait épargnés (ou condamnés) en levant le pouce ou vers le sol. Un faux historique, selon l’auteur. Malheureusement, la torture du pouce levé qui était infligée aux prisonniers en France jusqu’en 1900 était bien réelle, en leur serrant les pouces avec des lames métalliques.

Le pouce a une langue abondamment nourrie. On peut manger sur le pouce, donner un coup de main ou ne pas céder un pouce de terrain…

Fidèle compagnon depuis la préhistoire où il permettait à l’homo sapiens d’apprivoiser d’autres espèces vivantes, le pouce n’est pas prêt de prendre sa retraite. À l’heure des consoles de jeux ou des smartphones, il n’a jamais été aussi utile, au point qu’on se demande s’il ne pourrait pas gagner en volume dans les générations futures. Heureusement, le pouce mutant n’est pas à l’ordre du jour.

Si le pouce fait référence à des personnes de petite taille comme le Petit Poucet ou le Petit Poucet, ce n’est pas vraiment un livre pour aborder le sujet. Comme le disait Isaac Newton : «En l’absence de toute autre preuve, le pouce seul me convaincrait de l’existence de Dieu.

L’homme doit sa supériorité sur les animaux à son pouce. ©DR

En déplacement, Mathieu Vidard, Éditions Grasset, 298 pages, 20 euros.

 
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