à Genève, une manifestation d’unité horlogère

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Le salon Montres et Merveilles a accueilli 54 exposants pour son édition 2024.

Valentin Flauraud / Keystone

Watches and Wonders, le plus grand salon horloger au monde, s’est déroulé à Genève du 9 au 15 avril dans un contexte de ventes en baisse. Mais cela n’a pas refroidi les participants à l’émission, qui ont pris goût à ces retrouvailles annuelles. Le reportage de notre journaliste spécialisé Alexeï Tarkhanov.

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15 avril 2024 – 12h51

L’édition 2024 du salon horloger Watches and Wonders a accueilli huit nouvelles marques, portant le nombre total de participants à 54. « On sent vraiment cet élargissement », se réjouit Julien Tornare, directeur général de TAG Heuer. Nous avons enregistré une augmentation de 20 % de la fréquentation de notre stand, c’est une vraie réussite.

Cependant, le succès engendre la croissance, qu’il faut maîtriser. A l’instar des clients qui attendent sur des listes d’attente pour obtenir leur garde-temps, les marques doivent faire la queue pour obtenir un emplacement convoité dans les halls de Palexpo. Certains pavillons « locomotives », ceux de Rolex et Patek Philippe en tête, garantissent le succès de tout salon, tandis que d’autres ne sont fréquentés que par de vrais amateurs de haute horlogerie.

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La conseillère d’Etat genevoise Delphine Bachmann (3e à partir de la gauche) inaugure l’édition 2024 de Montres et Merveilles, le 9 avril à Genève.

Cyril Zingaro / Keystone

Ces dernières années, la question de la pertinence du format même des salons horlogers s’est posée à de nombreuses reprises. Le phénomène de présentation simultanée de dizaines de marques n’a pas fait l’unanimité au sein de la communauté horlogère. Certaines maisons horlogères, qui ne souhaitaient pas rivaliser pour attirer l’attention des médias, ont préféré suivre leur propre agenda.

Moins de pression sur les participants

La pandémie a toutefois renforcé la nécessité d’une communication directe avec le public et les acteurs de l’industrie. Désormais, le salon horloger n’est plus considéré comme une arène de compétition commerciale, mais comme une plateforme permettant de démontrer l’unité professionnelle. «Il est important que nous nous réunissions une fois par an, non pas en tant que marques individuelles, mais en tant qu’industrie horlogère dans son ensemble», souligne Jean-Frédéric Dufour, PDG de Rolex et président du Comité Montres. Merveilles.

Désormais, le salon horloger n’est plus considéré comme une arène de compétition commerciale, mais comme une plateforme permettant de démontrer l’unité professionnelle.

« Rien ne remplace un vrai spectacle », insiste Jean-Claude Biver, ancien président de la division horlogerie du groupe LVMH. C’est une bonne chose que la communauté horlogère se réunisse une fois par an à Genève à une date commune, même si ce n’est pas forcément dans l’enceinte de Palexpo.»

L’avènement d’autres canaux de communication a allégé la pression sur les participants. « Avant, à chaque défilé, on était obligé de créer un nouveau produit pour l’occasion ; maintenant, c’est tout le contraire : s’il y a un nouveau produit, vous participez au salon, sinon vous réussissez », sourit Jean-Christophe Sabatier, directeur produit chez Ulysse Nardin.

Genève, nid d’horlogers

Tout le monde s’accorde sur l’essentiel : la présence d’un salon à Genève a contribué à faire de la ville un véritable pôle horloger très animé à cette période. De nombreuses marques profitent de la présence de Watches and Wonders pour organiser des expositions parallèles. Même si les organisateurs se plaignent officiellement de ce « piratage » de la part de la compétition, en coulisses ils se réjouissent de cette marque de reconnaissance indirecte du succès de leur événement.

Le salon de Genève se rapproche désormais plus en ampleur de Baselworld, l’ancien grand salon horloger de Bâle qui a connu sa dernière édition en 2019, que de l’exclusivité du Salon international de la haute horlogerie de Genève (SIHH), ancêtre de Montres et Merveilles.

Elle présente néanmoins une différence fondamentale dans son organisation. Comme le rappelle Jean-Frédéric Dufour dans une interview au Neue Zürcher Zeitung (NZZ), la foire de Bâle appartenait à une société qui commercialisait des espaces d’exposition et des services. A Genève, ce sont les horlogers eux-mêmes qui sont aux commandes. Le comité d’exposition est composé de leurs représentants. C’est une sorte de confédération où tout est fait pour que les grandes marques horlogères assument la majorité des frais d’inscription, permettant ainsi à leurs « petits frères » de participer au salon.

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Le footballeur français Kylian Mbappé très entouré lors de son passage chez Watches and Wonders, jeudi 11 avril.

Valentin Flauraud / Keystone

Le quadriumvirat est composé de Cartier, Patek Philippe, du groupe Richemont et de Rolex. Ni Chopard ni les puissantes marques horlogères du groupe LVMH (Hublot, TAG Heuer, Zenith) ne sont représentés au sein de la direction. Les géants de la mode Chanel et Hermès, dont les divisions horlogères présentent leurs nouveautés à Genève, n’en font pas non plus partie. Peut-être qu’un jour eux aussi réclameront leur participation et parviendront à l’obtenir.

Réunir toutes les marques, une utopie

Watches and Wonders, qui se veut un événement fédérateur, compte cependant de nombreux absents de marque. Parmi les grandes maisons horlogères qui évitent l’événement, on peut citer les indépendants Audemars Piguet et Richard Mille, ainsi que l’ensemble des 17 marques du groupe Swatch, dont les plus connues sont Breguet, Blancpain, Omega et Longines. Au sein du groupe LVMH, Louis Vuitton et Bulgari n’exposent pas à Genève.

« Nous serions ravis de voir revenir Audemars Piguet et Richard Mille et d’accueillir les marques du groupe Swatch. Cependant, nous sommes déjà très satisfaits du nombre croissant de marques qui nous font confiance et il n’est probablement pas réaliste d’espérer recevoir tous les acteurs clés chaque année », a déclaré Matthieu Humair, directeur de Watches and Wonders. , avant l’ouverture du spectacle.

Pour l’instant, Watches and Wonders est le résultat de compromis vers lesquels les organisateurs doivent continuellement travailler. Sa structure présente de nombreuses complexités, comme c’est souvent le cas en horlogerie. Cela n’empêche toutefois en rien que le mécanisme du salon de Genève fonctionne parfaitement, à la manière d’une montre suisse.

L’industrie horlogère est-elle au ralenti ou en crise ?

La principale question qui préoccupait les participants à Watches and Wonders était de savoir si l’industrie horlogère était confrontée à un ralentissement ou à une crise. Au cours des trois dernières années, l’industrie a connu une phase de croissance effrénée. En 2023, les exportations horlogères ont atteint un nouveau record, à 26,7 milliards de francs, en hausse de 7,6% par rapport à 2022.

En février, les exportations horlogères ont toutefois connu leur premier recul significatif (-3,8% sur un an). “Nous assistons à un retour à la normale par rapport au niveau des ventes d’avant Covid”, analyse Oliver Müller, expert horloger et fondateur de l’agence luxeconsult.

Il est difficile de prédire exactement comment cela affectera le secteur à moyen terme. “La normalisation a remplacé l’expansion, qui promet une période d’accalmie et ne présage pas forcément d’une crise”, estime Jean-Claude Biver.

Cette standardisation impacte le marché secondaire, où des modèles emblématiques comme la Daytona de Rolex, la Nautilus de Patek Philippe ou la Royal Oak d’Audemars Piguet, ainsi que les créations d’artisans horlogers indépendants, font l’objet d’intenses spéculations depuis l’après-pandémie. récupération.

Les prix de ces modèles restent encore plus élevés qu’en magasin, mais leurs propriétaires ne doivent plus s’attendre à d’énormes gains à la revente. «Je pense que c’est une chose positive. Les spéculateurs ont fui et personne ne les regrettera», souligne Louis Ferla, directeur général de Vacheron Constantin.

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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