La République côté faste

La République côté faste
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De Rambouillet à la brasserie Lipp, deux livres explorent les adresses préférées des princes qui nous gouvernent.

Le pouvoir n’est pas toujours là où vous le pensez. Outre les palais de la République, il existe des lieux où il faut montrer ses lettres de créance, où être invité signale son appartenance au cercle très restreint de ceux qui comptent. Sous la direction du journaliste Sébastien Le Fol, une vingtaine d’auteurs vous ouvrent les portes de ces lieux à la fois mythiques et secrets dans « Les Lieux du Pouvoir ». L’avion présidentiel est parmi les plus populaires. On découvre au passage que son remplacement par Nicolas Sarkozy n’était pas le caprice d’un enfant gâté ou d’un président bling-bling, mais répondait à un réel besoin de sécurité et d’optimisation fonctionnelle. La tribune du Stade de France, celle du défilé du 14-Juillet, la cour d’honneur des Invalides obéissent également à un protocole aussi discret qu’immuable.

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Tradition héritée de la monarchie, les chasses présidentielles conservent leur apparat et leur mystère. Sous les IVe et Ve Républiques, ils constituèrent même une arme diplomatique efficace. On découvre dans le livre que la visite du colonel Kadhafi, en décembre 2007, s’est terminée par un massacre sanglant et barbare de faisans, très éloigné des pratiques de chasse du domaine de Rambouillet. Latche, symbole du geste mitterrandien, le Quai d’Orsay où l’on s’efforce de faire croire que la France est encore une superpuissance, Versailles et le Louvre, preuve que l’Histoire et les arts restent de solides attributs du pouvoir, sont autant de fantasmes que ce livre aide à sortir de l’ombre. On comprend que l’exercice du pouvoir repose sur une grammaire faite de symboles et de références. S’en libérer, c’est prendre le risque de s’affaiblir.

La brasserie Lipp : une exception française

Saint-Germain-des-Prés est l’un des plus brillants joyaux de cette couronne, un mariage entre littérature et politique, une chorégraphie de suzerains, vassaux et courtisans dont la scène principale est la brasserie Lipp : une exception française dans toute sa splendeur. Lipp auquel son ancien directeur a consacré un livre. Chaque page recèle un souvenir, une anecdote, un petit secret. Le soir du 2 avril 1974, François Mitterrand apprend le décès de Georges Pompidou. Il écourte son dîner et, au moment où l’on lui remet l’addition, répond : « Vous l’enverrez à l’Élysée ! »

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« Lipp est une fête », de Claude Guittard, éd. du Rocher, 208 pages, 19 euros.

©DR

Parfois Fabrice Luchini ou Lionel Jospin rejoignaient le personnel chargé du décorticage des fèves. Pour mettre en scène leur réconciliation, Valéry Giscard d’Estaing et Georges Pompidou dînèrent devant tous en septembre 1965. L’idée était celle du général de Gaulle, même si l’on ne retrouve aucune trace de sa visite dans les grimoires de la célèbre brasserie du 151. boulevard Saint-Germain. Mehdi Ben Barka a été kidnappé alors qu’il sortait du tambour de l’établissement. Un peu seule à table, la shahbanou vit s’asseoir à côté d’elle un homme un peu fanfaron, qui lui raconta aussitôt de nombreuses histoires drôles. A la fin du repas, la veuve du Shah d’Iran s’est enquise de l’identité de l’animateur : Joël Dupuch, le célèbre ostréiculteur devenu célèbre grâce aux « Petits Mouchoirs ».

Chez Lipp, presque rien n’a changé en un siècle. La carte, les tenues des serveurs, le Coca-Cola interdit, les céramiques Fargue, les plafonds Garry, l’installation des tables au centimètre près. Ici, nous maîtrisons l’art de l’investissement comme nul autre. Le restaurant est divisé en trois espaces : le paradis, le purgatoire et l’enfer. L’erreur est interdite. Auteurs, éditeurs, élus, ministres, simples touristes, vieux habitués, fils et filles de familles, les journalistes doivent pouvoir s’attabler sans craindre d’être trahis ou espionnés par les tables voisines. Avec « Lipp est une fête », Claude Guittard signe un ouvrage passionnant, qui lève le voile sur le saint des saints germanopratin, sans pour autant entrer dans les spécificités de l’entre-soi ou du parisianisme.

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« Les lieux de pouvoir. Une histoire secrète et intime de la politique », sous la direction de Sébastien Le Fol, éd. Perrin, 384 pages, 22 euros.

©DR

 
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