Manifestation des agriculteurs en Montérégie | «Nous avons notre casque plein»

Après Rimouski, Alma et La Malbaie, des centaines de tracteurs ont défilé en convoi dans les rues de Saint-Jean-sur-Richelieu vendredi. Au cœur du ras-le-bol des agriculteurs : la difficulté de joindre les deux bouts, l’ampleur de la paperasse exigée par le gouvernement et la concurrence inégale avec des produits venus de l’étranger qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes sociales et environnementales.


Publié à 17h00

Mis à jour à 17h29

«On en est plein», a déclaré Jeremy Letellier, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie lors d’une allocution.

« Ce qui se passe ici à Saint-Jean-sur-Richelieu n’est pas une fin, c’est un début. Des manifestations comme celle d’aujourd’hui auront lieu partout dans le pays dans les semaines à venir […] Et si malgré tout nous ne parvenons pas à nous faire comprendre dans les prochaines semaines, nous irons au Québec pour nous faire comprendre», a-t-il prévenu.

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Cette manifestation survient une semaine après que le premier ministre du Québec, François Legault, a admis qu’il y avait actuellement une « crise » en agriculture.

L’année 2023 a été très difficile pour les agriculteurs : l’industrie porcine traverse une tempête sans précédent, les maraîchers peinent à se remettre des inondations dans leurs champs et les producteurs de foin de l’Abitibi sont frappés par une sécheresse.

Malgré des indemnisations historiques dans le cadre de l’assurance récolte, les associations de producteurs estiment que leurs membres ont été indemnisés bien en deçà de leurs pertes réelles.

La hausse des taux d’intérêt et la hausse du prix des intrants tels que les engrais et les carburants ont également nui aux producteurs.

«On semble en être arrivé au point où si le gouvernement nous entend, il ne semble pas nous comprendre», a déclaré Stéphanie Levasseur, deuxième vice-présidente de l’UPA.

« Même les fonctionnaires mangent trois fois par jour et semblent souvent oublier que c’est à cause de nous. Nous avons besoin d’un environnement commercial qui nous permette de croître, d’être résilients et de nous adapter au changement climatique. Tout cela, sans que nous ayons à passer 40 heures par semaine au bureau à remplir de la paperasse en plus de nos tâches sur le terrain », a-t-elle ajouté.

« Conversation nationale »

Plusieurs hommes politiques ont participé au rassemblement qui a suivi le défilé des tracteurs. La vice-première ministre Geneviève Guilbault est montée sur scène pour s’adresser au public des producteurs. Elle a indiqué qu’elle avait annulé à la dernière minute une annonce prévue dans la région pour assister au rassemblement.

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La vice-première ministre du Québec et députée d’Iberville Audrey Bogemans s’est entretenue avec les agriculteurs présents à la manifestation.

« La mobilisation qui s’organise ici aujourd’hui, et qui a eu lieu dans d’autres régions au cours d’autres semaines, nous la saluons. Nous comprenons parfaitement qu’il faut avoir ce que j’appellerais une conversation nationale sur ce domaine qui, certes, est un secteur économique, mais qui est littéralement un secteur identitaire pour nous au Québec. L’autonomie alimentaire, le secteur agricole, ça nous ramène à notre identité de nation, ça nous ramène à notre terre donc c’est important pour nous d’être ici, de venir écouter”, a-t-elle expliqué lors de la point de presse.

Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois et le député libéral André Fortin ont également pris le micro.

Dans la foule, plusieurs agriculteurs interrogés ont déclaré avoir du mal à digérer le fait que leurs revenus diminuaient alors que les grandes marques réalisaient des bénéfices records. D’autres se disent inquiets pour l’avenir de la prochaine génération.

« Mon fils étudie l’agriculture et ils ont du mal à obtenir des inscriptions. Les jeunes sont découragés par la lourdeur bureaucratique et par la profession qui devient de moins en moins attractive économiquement et socialement», a déclaré le producteur Werner Van Hyfte.

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Werner Van Hyfte et son fils Denis.

«Quand tu vois ton père qui ne s’en sort pas, ça ne te tente pas de continuer comme ça, quand ce sont des jours qui ne se terminent plus tous les jours sans s’arrêter, ça ne te tente pas de reprendre l’exploitation et d’y aller investir ainsi qu’au bout du compte, vous aurez un gagne-pain qui n’en vaut pas la peine », a ajouté son fils Denis.

“Ça devient une vocation, c’est sûr qu’on ne fait pas ça pour l’argent”, ajoute son père.

L’histoire jusqu’ici

décembre 2023 : Environ un millier de producteurs agricoles manifestent devant l’Assemblée nationale à Québec pour exiger un plus grand soutien du gouvernement.

mars 2024 : Début mars, des agriculteurs inquiets du Bas-Saint-Laurent défilent en tracteur dans les rues de Rimouski. Le 15 mars, un autre convoi de tracteurs a défilé le long de la route 138 à Charlevoix. Le 27 mars, c’était au tour des agriculteurs d’Alma de manifester.

28 mars 2024 : Le premier ministre François Legault déclare qu’il y a « une crise en agriculture actuellement » tout en admettant que les normes imposées aux producteurs québécois sont plus strictes qu’ailleurs.

 
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