En Ukraine, la guerre en cours oblige le pays à réfléchir à la manière de recruter toujours plus de soldats. Car les files d’attente aperçues devant les centres militaires au début de l’invasion russe ne sont plus qu’un souvenir. Une loi destinée à mobiliser des centaines de milliers de militaires est en préparation. A l’ouest du pays, à Lviv, un centre de recrutement « nouvelle génération » a été installé.
C’est une rangée de bureaux et d’ordinateurs, dans un bâtiment administratif un peu triste. Halina Psykorska est à la tête de ce centre de recrutement inauguré en grande pompe il y a un mois par le ministre de la Défense. Près de 27 autres devraient ouvrir à travers le pays. « La raison de ce centre est le constat que la guerre continue et ne va pas se terminer rapidement. Les Ukrainiens doivent donc comprendre qu’ils seront tous impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans les forces armées ukrainiennes », assure le responsable de ce centre de recrutement.
L’Ukraine estime qu’elle devra recruter environ 400 000 nouveaux soldats cette année. Mais alors que la guerre dure depuis deux ans, il n’y a plus foule dans les centres de recrutement gérés par les soldats eux-mêmes. Ici, nous essayons une autre approche : « Lorsque des candidats qui n’ont pas d’expérience militaire viennent nous voir, ils sont plus à l’aise car nous sommes des civils qui comprennent leurs besoins. Nous avons les mêmes craintes qu’eux, nous ne sommes pas là pour les enrôler de force.
Près de 300 candidats ont été reçus en un mois, tandis que tout se passe sur des plateformes en ligne où sont répertoriés des milliers de postes vacants dans l’armée. Nataliya est là pour soutenir celles et ceux qui hésitent à s’engager.
« Regardez, il y a des offres pour les conducteurs de motos, les mécaniciens de chars. Nous pouvons trouver en fonction de votre spécialisation, de vos compétences… »
Nataliya, une recruteuse de l’armée ukrainienne
Personnaliser le processus, en s’appuyant sur le libre choix et le savoir-faire des candidats, est en effet tout le contraire du recrutement militaire habituel.
Ivan, 22 ans, est infirmier et souhaite rejoindre les forces médicales. Il est homosexuel et souhaiterait rejoindre une brigade LGBT, mais sa candidature au début de la guerre n’a pas été retenue : « Dans les centres de recrutement militaires, soyons honnêtes, nous ne sommes pas bien traités. Ici, on vous parle normalement, on a vraiment envie de vous aider.
Il reste à voir si ce modèle de recrutement idéal peut suffire à répondre aux besoins humains insatiables de la guerre. Halina et Nataliya qualifient leur approche de complémentaire à une mobilisation plus massive. Sur internet, les vidéos se multiplient où l’on voit de jeunes Ukrainiens emmenés de force, en pleine rue, par des militaires en uniforme dans des voitures banalisées.
