qui est Bassirou Diomaye Faye, le candidat antisystème qui s’apprête à prendre les commandes du pays ? – .

Les résultats officiels du scrutin de dimanche n’ont pas encore été publiés, mais la victoire de l’opposant Bassirou Diomaye Faye a été reconnue par son principal rival dès le premier tour.

Une victoire historique. Bassirou Diomaye Faye, le candidat de l’opposition adoubé par le populaire Ousmane Sonko, a été reconnu vainqueur, lundi 25 mars, de l’élection présidentielle sénégalaise, organisée dimanche, par son principal rival. « Au vu de l’évolution des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire au premier tour »a annoncé Amadou Ba, candidat du camp présidentiel et ennemi du président sortant Macky Sall.

Le verdict final est attendu d’ici vendredi. Mais selon des résultats provisoires, c’est la première fois qu’un opposant au camp présidentiel remporte dès le premier tour les 12 élections au suffrage universel au Sénégal. Bassirou Diomaye Faye, « plan B » du parti d’opposition Pastef (Parti d’opposition des Patriotes Africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité)a concouru à la place d’Ousmane Sonko, troisième à l’élection présidentielle de 2019.

La candidature du chef de l’opposition a été rejetée par le Conseil constitutionnel en raison d’une série de procédures judiciaires, qu’il considère comme un complot politique. Ousmane Sonko a été condamné en juin 2023 à deux ans de prison pour « débauche sur mineur ». Egalement arrêté et inculpé en juillet pour, entre autres, « appel à l’insurrection » et « complot contre l’État », il était détenu depuis cette arrestation, avant d’être libéré en même temps que Bassirou Diomaye Faye.

Bassirou Diomaye Faye était encore peu connu du grand public il y a quelques mois. “C’est lorsqu’il a été incarcéré qu’on a commencé à parler de lui”, souligne Babacar Ndiaye, analyste politique et directeur de recherche au think tank Wathi à Dakar. Cet opposant, accusé d’« outrage à magistrat », de « diffamation » et de « diffusion de fausses nouvelles » après avoir publié un message critique à l’égard de la justice, a passé 11 mois derrière les barreaux sans être condamné, avant d’être libéré le 14. Mars, à 10 jours du scrutin, grâce à une loi d’amnistie adoptée huit jours plus tôt.

Sa notoriété a explosé le 29 janvier, quand Ousmane Sonko l’a insulté en appelant ses partisans à voter pour celui qu’il qualifie de “le jeune frère”. [Bassirou] Diomaye [Faye] ce n’est pas un choix de cœur mais c’est un choix de raison, nous atteindrons nos objectifs si tout le monde le soutient », » a-t-il déclaré dans une vidéo depuis la prison du Cap Manuel, au sud de Dakar.

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Les deux opposants Bassirou Diomaye Faye (à gauche) et Ousmane Sonko (à droite) lors d’une conférence de presse à leur sortie de prison, à Dakar (Sénégal), le 15 mars 2024. (JOHN WESSELS/AFP)

Les deux adversaires ont un parcours très similaire. Ils sont passés par l’École normale d’administration du Sénégal et l’inspection des impôts, puis l’action syndicale et la direction de Pastef. “Ce sont deux hommes qui se connaissent bien, qui ont le même profil”dit Babacar Ndiaye.

“Bassirou Diomaye Faye est l’un des architectes du projet présenté en 2024. Si quelqu’un connaît bien le programme, c’est bien lui.”

Babacar Ndiaye, analyste politique au Sénégal

sur franceinfo

Le futur président est jugé moins charismatique par le Sénégalais comme Ousmane Sonko. « Mais nous avons toujours reconnu ce côté minutieux et méthodique dans la coordination du programme Pastef »souligne l’analyste politique.

Dans son premier discours après la reconnaissance de sa victoire, Bassirou Diomaye Faye a rappelé que son « projets prioritaires » serait “réconciliation nationale”« refondation des institutions » Et « réduction significative du coût de la vie ». Il a dit de mettre un point d’honneur « gouverner avec humilité, avec transparence, lutter contre la corruption à toutes les échelles », dans un pays classé seulement 73ème parmi les États les moins corrompus en 2023, selon la note attribuée par l’ONG Transparency International (fichier PDF). Sur ce point, le futur président s’est donné l’exemple en étant «le seul candidat à rendre publique sa déclaration de patrimoine. Il a été accueilli positivement par les Sénégalais »note Babacar Ndiaye.

Côté relations internationales, Bassirou Diomaye Faye a annoncé que le Sénégal “restera[it] le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera[it] avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », tout en faisant de la souveraineté du Sénégal un argument de campagne.

« Nous serons désormais un État souverain et indépendant, qui collaborera avec tout le monde mais dans le cadre de partenariats gagnant-gagnant. »

Ousmane Sonko, ancien patron du parti d’opposition Pastef

lors d’une réunion pendant la campagne

Le projet Pastef comprend également la réévaluation des accords de pêche avec les acteurs étrangers, le développement de l’agriculture pour garantir la sécurité alimentaire et la renégociation des contrats miniers et d’hydrocarbures dont le démarrage de l’exploitation est prévu. au cours de l’année 2024.

Cette souveraineté s’incarne aussi par une volonté de « prendre ses distances avec les anciens colons, notamment la France »estime Francis Kpatindé, maître de conférences à Sciences Po Paris et ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique. “Il y aura des discussions sur les questions qui irritent : les résidus de la présence militaire française et la monnaie.” Selon le ministère français des Armées, 350 soldats français sont toujours déployés sur le sol sénégalais dans le cadre du partenariat de défense signé en 2013. En février 2023, Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait entamer une réduction des troupes françaises en Afrique, dont la Cette présence est largement contestée par une partie de la population africaine.

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Des militaires lors d'un exercice militaire organisé conjointement par le Sénégal et la France à Dakar (Sénégal), le 16 novembre 2023. (CEM OZDEL/ANADOLU/AFP)

Des militaires lors d’un exercice militaire organisé conjointement par le Sénégal et la France à Dakar (Sénégal), le 16 novembre 2023. (CEM ÖZDEL / ANADOLU / AFP)

Côté monnaie, Bassirou Diomaye Faye a promis une réforme monétaire, voire la création d’une monnaie nationale à la place du franc CFA hérité de la colonisation, car « Il n’y a pas de véritable souveraineté s’il n’y a pas de souveraineté monétaire », a-t-il déclaré pendant la campagne. Pour sortir du franc CFA, « l’idéal serait de le faire dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest » (CEDEAO) avec l’éco”le projet de monnaie unique ouest-africaine qui tarde à se concrétiser, a-t-il précisé dans Monde. Mais si le projet n’aboutit pas, « il va falloir envisager de prendre seul notre souveraineté », a expliqué Bassirou Diomaye Faye.

Avec ce discours, le futur président a pu toucher les jeunes, car « ce sont des questions qui parlent à la jeunesse panafricaine en quête de souveraineté », selon Francis Kpatindé. Un électorat crucial à séduire dans un pays où 75% de la population a moins de 35 ans : « C’est la première fois qu’un si jeune président est élu [44 ans]. A ses côtés, le candidat du camp présidentiel Amadou Ba est âgé de 62 ans. Pour les jeunes, c’est plus facile de s’identifier à Bassirou Diomaye Faye »dit Babacar Ndiaye.

Plus globalement, « Les Diomaye comme Sonko sont l’incarnation du futur, là où Amadou Ba est celle de l’ancien système », poursuit l’analyste politique. Les deux opposants ont étudié et travaillé au Sénégal, contrairement aux anciens chefs d’Etat passés par la France. Macky Sall a été formé à l’Institut français du pétrole à Paris et Abdoulaye Wade, son prédécesseur, a étudié le droit à Besançon (Doubs) puis à Grenoble (Isère). « Il existe un lien ombilical entre les élites sénégalaises et la France », explique Francis Kpatindé. Un cordon que Bassirou Diomaye Faye coupe en arrivant au pouvoir, avec, selon le conférencier, une ambition majeure pour la jeunesse : « Qu’ils continuent à vivre et à travailler dans le pays. »

 
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