Crise en Haïti | Le Canada commence à évacuer ses ressortissants

(Ottawa) Après les États-Unis et la France, c’était au tour du Canada, lundi, de lancer une opération de rapatriement en Haïti. Près d’une vingtaine de citoyens canadiens ont jusqu’à présent été transportés par hélicoptère vers la République dominicaine voisine.


Publié à 14h35

Mis à jour à 17h39

L’opération de départ assisté a débuté aujourd’hui [lundi], a annoncé la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en conférence de presse. Sur les 30 Canadiens qui souhaitaient partir « immédiatement », 18 plus « vulnérables » – ayant besoin d’une assistance médicale ou avec des enfants – ont déjà quitté Haïti lundi.

Le transport vers la République dominicaine sera assuré par des hélicoptères affrétés « tout au long de la semaine », a indiqué le chef de la diplomatie canadienne. Elle ne souhaitait pas entrer dans les détails opérationnels, de peur que des bandes criminelles tentent de contrecarrer les efforts de sauvetage.

La raison pour laquelle il a été décidé de procéder par étapes est que Saint-Domingue a des « conditions d’admissibilité strictes », ce qui signifie que seuls les citoyens canadiens possédant un passeport canadien valide peuvent entrer sur le territoire dominicain, a expliqué le ministre. Joly.

Sur les quelque 3 039 Canadiens inscrits au registre d’Affaires mondiales Canada, moins de 100 personnes ont demandé de l’aide et répondaient aux critères de la première vague ; cependant, le gouvernement envisage d’étendre l’opération aux résidents permanents et aux membres de leurs familles, a-t-elle également noté.

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PHOTO RICHARD PIERRIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Depuis près de deux ans maintenant, le Canada recommande d’éviter tout voyage en Haïti « en raison de la menace posée par les enlèvements, la violence liée aux gangs et d’éventuels troubles civils dans tout le pays ».

Jusqu’à tout récemment, le gouvernement du Canada avait écarté l’idée d’évacuer ses ressortissants, tout en assurant que des plans de contingence avaient été élaborés en cas de détérioration de la situation sécuritaire en Haïti.

“Apocalypse”, encore

Tout en reconnaissant que le niveau de danger s’est effectivement aggravé, la ministre Joly a rappelé que les voyages en Haïti étaient découragés depuis plus d’un an. « Les gens qui sont ici le sont en pleine connaissance de cause », notait récemment André François Giroux, ambassadeur d’Ottawa à Port-au-Prince.

Journaliste en Haïti, Harold Isaac est du même avis que le diplomate canadien. « Nous savons à quoi nous attendre. C’est vrai que nous traversons une période difficile, mais ce n’est pas notre premier rodéo. Nous avons vu l’apocalypse plus d’une fois ici », déclare le natif canadien.

Je vois des hélicoptères passer devant ma maison tous les jours. Cela envoie un message fort, car les gens qui partent sont des chefs d’entreprise, des travailleurs humanitaires… quand on part dans une catastrophe comme celle-là, on ne revient pas le lendemain matin.

Harold Isaac, journaliste canadien basé en Haïti

Pour ceux qui se trouvent actuellement sur le territoire haïtien, le gouvernement canadien recommande de « s’abriter sur place, de s’approvisionner en produits de première nécessité (nourriture, eau et médicaments) » et de « limiter leurs déplacements ».

Celles-ci ont été considérablement entravées, voire réduites à néant, depuis la fermeture de l’aéroport international il y a près de trois semaines, alors que la capitale est en proie à une nouvelle vague de violences au lendemain de la démission du Premier ministre Ariel Henry.

La paralysie totale des infrastructures n’est pas étrangère à la décision de la France et des États-Unis d’évacuer certains de leurs ressortissants ces derniers jours, avant que le Canada ne décide de leur emboîter le pas.

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PHOTO RICARDO HERNANDEZ, PRESSE ASSOCIÉE

La France et les États-Unis ont évacué certains de leurs ressortissants ces derniers jours, tandis que l’aéroport international de Port-au-Prince est fermé depuis environ trois semaines et que la capitale est en proie à une nouvelle vague de violence au lendemain de l’attentat. démission du Premier ministre Ariel Henry.

Le gouvernement français a transporté dimanche une partie de ses troupes par hélicoptère militaire vers un navire de la marine nationale qui devait ensuite les transporter à Fort-de-France, en Martinique. Les États-Unis, de leur côté, ont évacué plus de 200 de leurs ressortissants.

Transition : déjà quelques couacs

La période de transition de gouvernance s’annonce périlleuse en Haïti. Nous le savions, mais nous en avons eu une première démonstration ce week-end : la création du conseil présidentiel de transition se heurte à des désaccords.

Des désaccords ont marqué, et semblaient persister lundi, l’élaboration de la liste des membres du comité, qui doit comprendre sept membres votants représentant les principales forces politiques d’Haïti et le secteur privé, en plus de deux membres censeurs.

Seule femme choisie pour en faire partie, l’ambassadrice d’Haïti auprès de l’UNESCO, Dominique Dupuy, a annoncé qu’elle jetait l’éponge, invoquant des menaces de mort contre sa famille ainsi que des attaques misogynes. .

Avec l’Agence France-Presse

L’histoire jusqu’ici

  • 4 mars 2024 : l’aéroport international Toussaint Louverture ferme ses portes après que des gangs ont tenté d’en prendre le contrôle.
  • 12 mars 2024 : Depuis Porto Rico, Ariel Henry annonce sa démission, qui ouvre la porte à une transition dans un pays qui n’a pas eu d’élections depuis 2016.
  • 14 mars 2024 : Le Canada transfère les employés de son ambassade à Port-au-Prince vers la République dominicaine.
 
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