« Si je viens chez vous, la politesse et le respect exigent que je vous prévienne de ma venue et que je vous demande la permission, non ? », demande à haute voix Iñaki Rica, le président de la Fédération basque de rugby. Avec cette question, il fait référence à l’arrivée, le 31 mars, de l’Aviron Bayonnais au stade de la Real Sociedad, à Saint-Sébastien, pour affronter Toulon (21h05).
Autour de l’organisation de cet événement – le deuxième en deux ans, après avoir accueilli la Section Paloise, la saison dernière (défaite 20-30) – Iñaki Rica regrette amèrement que personne de la direction de l’Aviron n’ait daigné prendre contact avec ses homologues basques.
« Nous sommes ravis que nos amis du Pays Basque français et de l’Aviron Bayonnais, qui est un club de référence, viennent de ce côté de la Bidasoa pour pratiquer notre sport », prend-il d’abord la peine de préciser. Nous avons l’habitude de travailler avec le Comité Départemental 64, que nous connaissons bien, pour l’organisation de rencontres et de projets transfrontaliers. »
“Aucune autorisation”
Mais le verbe ne reste pas longtemps aussi calme : « Nous n’avons reçu ni appel téléphonique ni mail de la direction du club, pour savoir comment nous pourrions collaborer autour de ce qui devrait être l’objectif commun de ce match : la promotion du rugby. L’Aviron Bayonnais semble l’avoir oublié et c’est un manque total de respect envers le rugby basque. Aucun membre du club n’a demandé l’autorisation à la Fédération espagnole de rugby pour venir jouer sur son territoire. Aujourd’hui, aucune autorisation n’est donc accordée pour disputer ce match. »
Ce sujet doit être traité en bonne harmonie entre la Fédération espagnole et le club
Pour le président de l’Aviron Bayonnais, Philippe Tayeb, tout est en ordre : « Je n’ai que l’autorisation de demander à mon tuteur qui est la Ligue Nationale de Rugby, Canal+, la mairie de Saint-Sébastien et le locataire du stade, la Real Sociedad. . Quant à la Fédération espagnole, elle m’a contacté à plusieurs reprises pour me demander comment obtenir une indemnisation. Je l’ai référé aux autorités fédérales.
Du côté de la Fédération française de rugby, la réponse est sans appel : « Oui, la Fédération espagnole a le droit de dire oui ou non à un match sur son territoire. Nous ne savons pas si leurs attentes sont raisonnables ou non. World Rugby a été informé de la situation, mais ce sujet doit être traité en bonne harmonie entre la Fédération espagnole et le club. »
2 000 enfants invités
Le président de la Fédération Basque s’interroge encore : « Quel est le but de cette réunion ? On aurait aimé qu’elle soit aussi sociétale et culturelle mais elle n’est qu’économique. Quelles seront les répercussions pour le rugby basque et le rugby espagnol : aucune. Les recettes sont partagées entre un club de football (qui reçoit la location du stade de l’Aviron, NDLR) et un club français de rugby (qui se charge de la billetterie, NDLR). Viens, fais ce que tu veux, aide-toi et pars, ce n’est plus possible. »
La saison dernière, 100 places ont été demandées par la Fédération Basque et obtenues pour le match contre Pau. « Pour la société, 2 000 enfants des écoles de rugby du Pays basque français et espagnol sont invités », répond Philippe Tayeb. “A la mi-temps, il y aura aussi un concours de buts avec des joueurs qui porteront les maillots des clubs espagnols afin de leur donner de la visibilité”, ajoute Anne-Laure Verouil, directrice commerciale et marketing de l’Aviron Bayonnais.
Maintenant insuffisant ? Pour Iñaki Rica, le changement de perspective sur ces événements remonte au week-end des 9 et 10 juin, où Saint-Sébastien a accueilli les demi-finales du Top 14 : « La fête a été géniale, l’organisation de la municipalité a été impeccable mais, une fois de plus , il n’y a eu aucun bénéfice pour le rugby local. Nous demandons de pouvoir nous asseoir autour d’une table avec les différentes fédérations et ligues pour discuter, les yeux dans les yeux, d’une bonne manière de travailler et de promouvoir tout le rugby autour de ce type d’événement. »
