Pilier historique du bio à Béziers, le magasin subit de plein fouet la crise actuelle du pouvoir d’achat et l’inflation. Son gérant pointe du doigt une accumulation de facteurs qui font de ce commerce du centre-ville une cause perdue.
Alors qu’ils avaient connu un essor sans précédent pendant le Covid-19 et ses confinements, la fin de la pandémie a sérieusement ébranlé les circuits courts et les magasins bio. Depuis 2022, le secteur agricole est en difficulté et de nombreux commerces labellisés bio ferment. Une tendance qui s’est encore accentuée depuis 15 mois avec l’explosion des factures énergétiques et la fuite en avant de l’inflation.
A Béziers, c’est au tour de la boutique La Vie claire, pilier du bio dans la ville depuis plus de dix ans, d’abandonner et d’annoncer sa fermeture imminente, faute de repreneur. « Jusqu’à il y a deux ans, nous maintenions un niveau qui nous permettait de continuer, mais maintenant c’est impossible : nous avons trop de coûts et pas assez de clients pour espérer survivre »» raconte Marie-France Colin, la gérante du magasin.
Amendes de 135 €
« Le mouvement des gilets jaunes, le Covid et l’inflation nous ont sérieusement fragilisés. Les gens n’ont plus de pouvoir d’achat, ils se serrent la ceinture pour se nourrir.”poursuit la gérante du magasin, arrivée au bio après la maladie pancréatique qui a touché son beau-père, convaincue que lorsqu’il s’agit d’alimentation, c’est la clé d’une meilleure santé.
« Et pour aggraver les choses, continue-t-elle, les travaux de la place Jean-Jaurès nous ont privés de clients pendant de longs mois ». Depuis, la mère et son fils, employé du magasin, se sentent invisibles. « Une fois la place et les Allées rénovées, on s’est dit que ça allait recommencer mais non, tout s’est dégradé. Nous n’avons plus de places de parking devant le magasin et les clients qui se sont garés cinq minutes pour charger la voiture ont été condamnés à une amende de 135 €. Cela ne donne pas envie de revenir… »
Rémunération à développer
Comme les autres commerçants, ils recevaient une compensation de la mairie mais « nous les avons utilisés pour nous développer » et augmenter la surface du magasin de 85 m2 à 135 mètres2. Peine perdue ! Les revenus chutent, les charges s’accumulent et le loyer réclamé par le propriétaire des lieux (près de 2 000 €) est majoré d’autres charges. « On lui a demandé de faire un geste mais non… »
« Je ne pourrai même pas vendre mon entreprise : il n’y a pas d’acheteur ! Même La Vie claire, qui dispose d’un réseau important, ne trouve personne. Dernièrement, j’arrive à peine à payer le salaire de mon fils mais je ne gagne plus rien pour moi-même. Nous sommes déçus et tristes, ce n’est pas ce que nous imaginions comme fin”raconte encore Marie-France Colin.
L’enseigne La Vie claire va disparaître de Béziers, faute de clientèle suffisante.
Diane Petitmangin – Midi Libre
Quand on évoque la possibilité de se réinventer ailleurs, son fils, Fabrice, 41 ans, hausse les épaules, fataliste : « Internet a tout gâché. Pour les trois quarts des commerces du centre-ville, c’est fini. Les gens ne viennent plus… »
