La citation directe des 12 prévenus, dont Frédéric Lacas, maire de Sérignan, et ancien président de l’Agglo Béziers Méditerranée, poursuivis pour prise illégale d’intérêts ou recel de biens résultant d’un délit, a été jugée « irrecevable » par le tribunal judiciaire de Béziers. ce lundi 11 mars.
C’est une vieille affaire qui oppose sept anciens propriétaires de terrains situés sur la Zac « Les Jardins de Sérignan » et l’association de défense et d’urbanisation des propriétaires de Cosse de Falgairas Galine, au maire Frédéric Lacas, ainsi qu’à onze autres personnes. , dont un promoteur, un agent immobilier et un avocat.
L’un des épisodes s’est déroulé ce lundi 11 mars, au tribunal de Béziers. Le maire de Sérignan et ses acolytes présumés ont comparu dans le cadre d’une convocation directe. Quatre d’entre eux – Frédéric Lacas, le promoteur, l’agent immobilier et l’avocat – ont dû répondre de leurs actes. « prise illégale d’intérêts ». Les huit autres – la famille immédiate des quatre, y compris les enfants Lacas – étaient poursuivis pour « recel de biens résultant d’un délit ».
Le 8 janvier, le tribunal a reporté l’audience à lundi, aucun des prévenus n’étant venu. Cette fois, le procès a eu lieu. Tous les plaignants étaient présents, ainsi que les quatre Biterrois accusés de prise illégale d’intérêts.
Un Afua, un Zac, des propriétaires, des prestataires, des entreprises…
Pour rappel, comme l’indique Maître Karsenti, du Barreau de Paris, qui défend les plaignants, « Nous avions au départ une Afua ou association foncière agréée, établissement public sous la tutelle du préfet, à laquelle s’est superposée, plus tard, à l’initiative du maire et président de l’Agglo de l’époque, une Zac, nommée « Les Jardins de l’Afua”. L’Afua a pour vocation d’aménager la Zac, suite à un contrat de concession signé avec la Ville de Sérignan. L’avocat et le promoteur sont prestataires de l’Afua, suite à plusieurs marchés publics.
Voilà pour « les fondements » de cette affaire. Viennent ensuite les protagonistes. « D’un côté, nous avons des gens – mes clients – qui ont été expropriés par l’Afua, de leurs terres qu’ils lui ont vendues de force, à 40 € le m.2. De l’autre côté, 12 sociétés ont été créées, entre 2017 et 2023, par le maire, le promoteur, l’avocat et l’agent immobilier. Ces différentes personnes se croisent dans les sociétés auxquelles Afua revend les parcelles à des prix bien supérieurs à 40 €, après permis de construire délivrés avant expropriation par le maire de Sérignan. Ensuite, ces mêmes prestataires construisent de nombreux logements sur ces parcelles qu’ils revendent à des prix bien plus élevés.
Les prestataires de services et les acteurs publics en ont-ils tiré un intérêt personnel ?
L’avocat poursuit : « Ainsi, ces prestataires de services et acteurs publics, qui ont une mission de service public, ont tiré un intérêt personnel de bénéficier des expropriations qu’ils ont eux-mêmes initiées et organisées.
Les avocats de la défense ayant soulevé des exceptions de nullité et/ou d’irrecevabilité, l’affaire a d’abord été jugée sur la forme. Ils avancent différents éléments : « Des imprécisions qui ne permettent pas de bien préparer une défense » ; « diverses interdictions de territoire »notamment, comme le rappelle Maître Neiller, le conseil de l’avocat prévenu, le tribunal de Béziers qui ne serait pas compétent, “l’affaire relève du tribunal administratif” ; une plainte avec constitution de partie civile déposée à Béziers en 2021 avec une information du juge d’instruction en cours… Bref, chaque avocat a présenté ses arguments afin d’obtenir du tribunal, présidé par Christophe Rolland, la nullité et/ou la irrecevabilité de la citation.
Après une pause d’une vingtaine de minutes, le tribunal a jugé qu’il ne pouvait pas juger cette affaire, sans motiver sa décision. Le président a indiqué qu’il conserverait «l’irrecevabilité de la citation». L’affaire n’a donc pas été examinée au fond. Ce sera au procureur de la République d’y donner suite ou non.
Par ailleurs, l’autre plainte déposée en 2021 par ces mêmes plaignants reste toujours entre les mains du juge d’instruction.