Peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir eu un biopic à leur actif au cours de leur vie. Mais Robbie Williams n’est pas n’importe qui. Le film « Better Man », sorti cette semaine dans les cinémas francophones, mérite toute votre attention.
La popstar britannique aux 55 millions d’albums vendus revient sur son enfance dans le nord de l’Angleterre, où le petit Robert Peter Williams, passionné de musique, tentait désespérément de rendre fier son père, également artiste. Mais ce dernier finit par l’abandonner sans explication pour poursuivre ses propres rêves. Malgré cette blessure, le jeune Robbie persévère et trouve sa voie au sein de Take That, le groupe qui le propulse au sommet. Une réussite retentissante… mais entachée par l’alcool et la drogue, qui le consument et l’isolent petit à petit.
Sous la direction de Michael Gracey (« The Greatest Showman »), le film impressionne par ses visuels spectaculaires et sa chorégraphie minutieuse. Robbie, photographié dans capture des performances sous la forme d’un singe (oui, vous avez bien lu), prête sa voix pour commenter son voyage de manière directe, sarcastique et sincère. Une idée complètement folle qui marche.
En décembre dernier, nous avions rencontré l’artiste à Paris pour discuter de ce projet aussi touchant que divertissant. Tout de suite, il nous demande si nous venons de Genève, la ville où il vivait. On lui renvoie la question : habite-t-il toujours à Gstaad ? “Peut-être”, répond-il avec un sourire narquois familier. Et c’est dans cet esprit malicieux que commence notre conversation avec l’enfant terrible de la pop.
Que signifie pour vous « Better Man » ?
Ce film est ma plus grande réussite ! Tout d’abord, c’est la preuve que j’ai réussi à vivre ma vie et à survivre. Ensuite, c’est fou de voir un biopic consacré à son parcours alors qu’on est encore jeune et vivant. C’est aussi une belle occasion de rappeler au public que nous existons et que nous restons une option incontournable en matière de divertissement. Dans un monde où les popstars vieillissantes peinent à rester sous les projecteurs, ce film est une bouffée d’air frais. Autant de raisons qui rendent cette reconnaissance incroyablement gratifiante et profondément émouvante.
Comment est née l’idée de vous représenter en singe ?
C’est Michael Gracey, le réalisateur, qui a eu cette idée folle. Une initiative qui correspond parfaitement à mon parcours, marqué par l’audace et l’expérimentation. Ce projet représentait une nouvelle opportunité de tenter quelque chose d’excentrique, avec le risque, bien sûr, d’un éventuel échec cuisant. Mais c’est précisément dans ces défis que réside toute la magie.
Ce film montre votre incroyable parcours, mais il aborde aussi des aspects plus sombres. Qu’est-ce qui vous rend le plus fier lorsque vous le regardez ?
Ce qui me remplit de fierté, c’est d’être vu et entendu à une telle échelle. Comme le chantait Morrissey : « Je suis humain et j’ai besoin d’être aimé, comme tout le monde. » J’ai moi aussi ce besoin de reconnaissance, d’exister aux yeux des autres. C’est l’essentiel. Je suis profondément reconnaissant d’avoir cette chance d’être visible, d’être écouté. Mais plus que cela, je partage avec sincérité qui je suis aujourd’hui, et qui j’étais – même si cette version passée de moi n’a pas toujours été glorieuse. Et malgré cela, les spectateurs sortent de ce film en voulant me serrer dans leurs bras. C’est pour moi le plus beau cadeau.
Vous montrez sans filtre vos addictions aux drogues et à l’alcool. Était-ce facile d’en parler ?
-Oui, très facile. Je sais que c’est inhabituel, tout le monde me le dit. Mais honnêtement, si personne ne me l’avait fait remarquer, je ne l’aurais même pas remarqué. Ce qui m’importe c’est que le résultat soit authentique.
Vous évoquez vos débuts au sein du groupe Take That et révélez que vous avez commencé par faire une tournée des clubs LGBTQIA+ au Royaume-Uni. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’était incroyable, j’ai adoré. Je viens d’un endroit où deux traits dominent : la gentillesse et la violence. Et on ne sait jamais lequel on va rencontrer, ni avec quelle personne. En grandissant, quand nous commençons à sortir et à boire, il y a toujours cette peur pour notre sécurité, face à la violence et aux personnes dangereuses qui nous entourent. Ensuite, je suis arrivé dans le monde gay, dans des endroits qui offrent bien plus que de l’acceptation : la sécurité. Là, je me sentais apaisé, protégé. En tant qu’humains, nous aspirons tous à nous sentir en sécurité, et c’est ce que j’ai trouvé dans la culture et les clubs gays. Je leur suis immensément reconnaissant, pour cette sécurité, mais aussi pour l’humour et les opportunités qu’ils m’ont offertes.
Et comment étiez-vous sur le tournage pendant le tournage ?
Je n’étais pas là. (Rires.)
J’y étais un peu, mais c’était pendant la pandémie. Et quand Michael Gracey m’a proposé de réaliser le biopic, je me suis dit : “Laisse-le faire !” Après tout, que sais-je du cinéma ? Parfois, il suffit de se retirer et de laisser les experts faire leur travail. C’est exactement ce que j’ai fait.
Vous avez quand même créé une nouvelle chanson pour ce projet intitulée « Forbidden Road ».
Oui, j’ai enregistré une nouvelle chanson, parce que quelqu’un me l’a demandé. Ce titre est comme un câlin qui conclut le film. À ce moment précis, après avoir traversé tant d’émotions, il est essentiel que le spectateur sente, à travers la musique, que tout va bien désormais. Qu’il puisse enfin respirer.
Allez-vous sortir encore plus de musique cette année ?
Oui! Il y aura un nouvel album qui sortira certainement avant l’été.
Je veux que ce soit de la Britpop comme nous l’avons fait en 1997 avec la guitare. J’essaie d’aller dans cette direction, mais j’avoue que d’autres genres se mêlent à tout ça.
Vous avez également vécu quelque temps à Genève et à Gstaad. Pourquoi avoir choisi la Suisse ?
J’aime la sécurité. Dans un monde bouleversé par le Covid, l’Amérique ne semblait pas très sûre. Londres non plus, d’ailleurs. La Suisse, en revanche, offre cette stabilité. J’ai vécu, et je vis parfois encore, dans les montagnes. Là-bas, il y a la paix, la tranquillité et l’air pur qui apaise l’âme. Et puis, je n’ai pas besoin de vous dire que tout fonctionne parfaitement pour vous.