« Un bug dans la matrice » : c’est ainsi que Franck Betermin justifie l’arrivée soudaine de Denise, Concarnoise de 1905, dans l’ère moderne. A travers une série d’une trentaine d’images et une histoire fabriquée, le photographe la dépeint aux quatre coins de la Ville bleue avec une touche d’humour. « J’espère en faire une ode à Concarneau », explique-t-il.
“Elle avait quelque chose”
Pour Franck Betermin, l’idée n’est pas nouvelle : en 2017, il avait remporté le Grand Prix Photographie de Bretagne pour une série de photos anachroniques mettant en scène… des gens de 1905. « Et j’avais envie de refaire depuis quelques temps. Ça a été un déclic lorsque j’ai suivi une quinzaine de personnes dans leur préparation aux Filets Bleus », se souvient-il. Isabelle Le Maître en fait partie. Franck Betermin lui parle alors de son projet, et lui propose d’habiller le sujet avec ses costumes d’époque. « J’avais besoin de quelqu’un qui soit au courant. Parce qu’on peut déconner, mais pas sur les costumes bretons… », plaisante le photographe.
Reste maintenant à trouver le personnage principal. Le destin s’en charge le temps d’une soirée, et place Denise Caradec sur la route du Concarnois. « J’ai tout de suite senti qu’elle avait quelque chose, une photogénicité particulière », avoue l’intéressé. « J’ai accepté sans même tout connaître du projet », se souvient Denise.
Devant la caméra, elle indique qu’elle a d’abord été en difficulté. Puis, face à la gentillesse de l’équipe, la franco-autrichienne a su lâcher toute la rigueur imposée par son travail de responsable qualité-sécurité-environnement (QSE). « Cette série est tout le contraire de mon métier », s’amuse-t-elle.
La météo comme difficulté
Franck Betermin accompagne cette photogénicité avec des accessoires et des véhicules qu’il trouve au fil de ses rencontres. « Il y a quelques semaines, un type s’est garé rue de Lanriec avec un side-car russe de 1954. Je lui ai tout de suite parlé de mon projet et, une semaine plus tard, Denise posait à l’intérieur », raconte-t-il.
Le petit groupe, assisté de Thomas Vigneau, se réunit tous les samedis pour tourner. Avec des difficultés spécifiques à la région. « Les coiffes ne tiennent pas sous la pluie, précise Franck Betermin. En Bretagne, c’est le comble ! »
Rien d’insurmontable cependant pour quelqu’un qui possède 35 ans de photographie. « Cette série est celle de ma vie : j’ai un bon appareil photo, je maîtrise la lumière, elles sont magnifiquement mises en scène… » explique-t-il.
Une websérie
Initialement prévue pour 2025, la sortie de cette série de photos risque d’être retardée et Franck Betermin réfléchit toujours à un lieu d’exposition à Concarneau.
Pour patienter et donner un aperçu de son travail, elle alimente régulièrement les réseaux sociaux de Denise. Une websérie, filmée par le réalisateur Gilles Blaize, est également en production. Entre 15 et 20 épisodes de six minutes racontant les coulisses et le processus de création devraient voir le jour prochainement. « Six épisodes sont déjà prêts. Ensuite, l’idée serait de proposer un format de 26 ou 52 minutes à une chaîne de télévision », précise-t-il.
Ensuite, si cette première tentative est concluante, Denise pourrait prendre la route et exporter en Bretagne. « Mon rêve, c’est d’être appelé pour faire une série à Pont-l’Abbé », conclut le photographe.