IJL – Réseau.Press – Acadie Nouvelle
Il y a environ un an, la station de radio CFAI FM d’Edmundston naviguait en eaux troubles. Au cours des 12 derniers mois, elle est passée d’une situation financière insoutenable à quelque chose de plus supportable.
Lorsqu’il prend la direction générale de la radio en octobre 2023, Carl Monette hérite d’une foule de problèmes, notamment sur le plan financier.
Il reconnaît que le CFAI a parcouru un long chemin depuis, même si le chemin a été parfois sinueux.
« Quand je suis arrivé, nous étions deux salariés. Nous ne savions même pas de semaine en semaine si nous allions rester ouverts, car tous les comptes étaient à zéro, les cartes et la marge de crédit étaient pleines. Nous devions de l’argent au gouvernement et à nos fournisseurs. Nous avions deux hypothèques, etc.
M. Monette confirme qu’à son arrivée, la dette de la radio communautaire s’élevait à près de 450 000 $.
« Les finances avaient besoin d’un grand nettoyage. La situation était pire que ce que j’avais sur mes états financiers.
Dans cette optique, un important exercice de réduction des dépenses a été lancé. Les revenus générés servaient notamment à rembourser les dettes et à payer les fournisseurs.
CFAI a même fait l’objet d’un procès de la part de certains salariés qui n’avaient pas été payés. Une partie des revenus a été utilisée pour régler cette affaire.
« Je ne dis pas que toutes les factures ont été payées, mais nous sommes de nouveau sur la bonne voie. Nous avons remboursé environ 40 000 $ de dette et 50 000 $ de notre marge de crédit », a ajouté Carl Monette.
Diverses subventions permettent alors au directeur général d’embaucher d’autres salariés. Ils sont actuellement cinq, en plus de Carl Monette qui couvre son salaire avec une partie des revenus publicitaires de la station.
Même s’il a connu un autre déficit en 2024 (39 542 $), il a été bien moindre qu’en 2023 (176 429 $).
M. Monette soutient également que CFAI aurait pu réaliser un surplus d’environ 15 000 $. La direction a cependant dû inclure, dans les états financiers de l’an dernier, une dépense liée au CFAI Franco Festival – plus de 56 000 $ en cachets d’artistes pour un événement qui n’a jamais eu lieu – qui n’avait pas encore été comptabilisée.
Le PDG du CFAI estime également que si la station parvenait à vendre le bâtiment dans lequel elle est située, elle pourrait rembourser ses dettes.
« Nous essayons de donner la priorité à la communauté, mais nous devons travailler avec l’Agence du revenu du Canada, car nous voulons les empêcher de décider de saisir notre immeuble. Elle a besoin de voir des progrès. Pour rembourser, il faut sauver la radio et le bâtiment pour pouvoir le vendre.
Carl Monette espère que la station ne devra pas fermer ses portes. Il admet toutefois qu’il est impossible de prédire l’avenir. Une chose est sûre, la vente de l’immeuble abritant CFAI apporterait un énorme coup de pouce.
“Je ne peux pas garantir à 100 % qu’il ne fermera pas, mais les chances qu’il ferme soient très minces.”
Se rapprocher à nouveau de la communauté
Les problèmes de la radio CFAI, révélés l’année dernière, ont visiblement ébranlé la confiance du public.
« Nous avions une très bonne image dans les années 2000, mais nous n’avons vraiment pas eu une bonne image au cours des cinq ou six dernières années. Je pense qu’il est - de repartir sur d’autres bases», confie Carl Monette.
Au-delà des défis financiers, un exercice de rapprochement avec la communauté a dû être entrepris.
C’est à travers des chroniques avec des intervenants locaux, une programmation mettant en vedette des gens de la communauté, un podcast à saveur plus locale et le retour d’anciens du milieu radiophonique du Madawaska, comme Donald D’Amours, que se déroule actuellement cette opération séduction.
En plus des employés rémunérés, les bénévoles participent également à la création de contenu.
L’un des objectifs du CFAI est de mieux définir la station, tant par sa musique que par son image. Une enquête circule également sur les réseaux sociaux. Selon M. Monette, l’idée est d’obtenir les commentaires du public qui permettront de mieux orienter la vision de la station.
Elle travaille avec la firme Convergence, qui a pour mandat de revoir sa structure.
« Nous avons également eu l’aide de la CBDC-Madawaska qui nous a permis de faire affaire avec une succursale du cabinet comptable Raymond Chabot Grant Thornton pour dresser un budget, préparer nos prévisions budgétaires et faire des suivis.
La formation d’un nouveau conseil d’administration fait également partie des objectifs en 2025.
Le CFAI Franco Festival repose en paix
Lancé en grande pompe en février 2023, le Festival CFAI Franco promettait à la population du Nord-Ouest une palette d’artistes qui offriraient des spectacles dans trois lieux différents (Casino Grey Rock, Centre Jean-Daigle et Salle Léo-Poulin).
Lorsque les problèmes financiers de la station ont été rendus publics, le festival a été mis sur la glace.
Même s’il a évalué la possibilité de l’offrir sous un format différent, Carl Monette a confirmé que l’événement était bel et bien mort et enterré.
« C’était trop énorme pour que ça marche. Cela n’avait aucun sens. Nous avons pris le - de voir si c’était possible, mais nous ne voyions aucune possibilité de recommencer.
Les personnes qui achetaient des billets pour le festival ont été prises au dépourvu. Pour remédier à ce problème, le CFAI a entamé son travail de remboursement en proposant des échanges de billets pour les spectacles se déroulant aux alentours.
«Je me suis associé à des spectacles de la région et j’ai proposé un échange publicitaire contre des billets. Je les ai ensuite offerts aux personnes qui avaient acheté des billets pour le festival (…) Nous les échangeons toujours contre une valeur égale ou supérieure à ce que les gens ont payé.
À ce jour, 20 % des détenteurs de billets ont été remboursés de cette manière. M. Monette reconnaît que certains d’entre eux souhaitent un remboursement monétaire.
“Mon mandat reste de rembourser tout le monde, mais je ne peux pas dire quand (…) je veux finir de rembourser tous les billets de festival d’ici la fin du prochain exercice.”