Le chanteur sort cette semaine le disque live de son concert événement à l’Accor Arena. Souvenirs.
Chaque soir en tournée, il prenait une piqûre de rappel. « Nous avons démarré le « Daho Show » en novembre à Caen. Après chaque concert, nous rentrions en bus à Paris, raconte Étienne Daho. Et le point de dépose était à chaque fois devant l’Accor Arena. Pour mieux nous rappeler que nous allions conclure par un concert ici. » En quarante ans de carrière, le chanteur n’avait jamais affronté l’immense arène parisienne. C’est Thierry Suc, son producteur, qui lui a suggéré l’idée, lui offrant les moyens d’offrir le plus beau spectacle de sa vie. « Le 22 décembre, lorsque je suis arrivé pour la balance avec mes huit musiciens, nous avons réalisé ce qui nous attendait. Là, on se sentait tout petit. » Avant le concert, Étienne accomplit son rituel : « Ne voir personne sauf l’équipe. Faites-vous masser. Je prends mon temps à chaque mouvement. C’est sportif, une tournée du Zénith… » A 20h45, alors que les lumières de la salle s’éteignent, la clameur des 17 000 spectateurs lui atteint droit au cœur. « J’ai senti la vague m’envahir. Mais il ne faut pas le manquer, c’est la première syllabe qui donne le ton. Si vous faites une erreur, cela se verra. »
La suite après cette annonce
Heureusement, ce soir-là, Étienne s’est immédiatement mis dans le bain, déployant quarante ans de tubes pop made in France devant un parterre de connaisseurs amoureux. « J’ai souvent eu des difficultés avec mes chansons des années 1980, mais ici je savais que je ne pouvais pas, comme je le fais habituellement à l’Olympia, chanter sept ou huit nouvelles chansons. Je me suis réconcilié avec les chansons d’hier, je sais qu’elles comptaient pour les gens, qu’elles font partie de notre histoire commune. » Pendant deux heures, la communion est parfaite, et Étienne invite même Vanessa Paradis à venir le rejoindre pour interpréter « Tirer la nuit sur les étoiles ». Une fois le concert terminé, la descente n’est pas immédiate. « Il y a de l’euphorie dans l’air, le sentiment d’avoir vaincu les dinosaures. Les vacances commencent, je sais que je pourrai à nouveau manger des crêpes et boire des mules de Moscou », se souvient Étienne.
J’ai beaucoup travaillé toute ma vie. Là, je veux prendre mon temps
Etienne Daho
D’autant que les festivals l’attendent pour l’été 2024. « J’étais souvent programmé parmi des artistes urbains et j’avais peur que ça ne marche pas. Mais l’accueil a été fou à chaque fois. Encore plus fort que dans le Zénith. » Fin août, le « Daho Show » s’est terminé. « J’ai repris l’écriture deux jours plus tard, confie Daho. Mais pas pour moi. J’ai pris l’habitude de faire des pas de côté, avec Lou Doillon, avec Jane Birkin, pour me décentrer un peu. Je ne vois aucune urgence à revenir avec un disque. J’ai travaillé beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup toute ma vie et j’ai couru tout le temps. Ici, je veux prendre mon temps. »
Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’à presque 70 ans (en janvier 2026) Étienne n’a aucune envie de raccrocher son téléphone. «Je sais juste que je ne ferai que ce qui me rend vraiment heureux, j’éliminerai tout le reste. » On lui fait remarquer qu’il n’a jamais connu de véritables déboires dans sa carrière, lui qui, depuis 1981, fait presque ce qu’il veut. « C’est peut-être ma chance, avoue-t-il, même si j’ai parfois donné l’impression d’entasser les projets. » Cette mémoire discographique de Bercy, c’est lui qui l’a imposée à Barclay, sa maison de disques. Ce dernier était plutôt froid. « Ils m’expliquent que ça ne se vend plus, et que ça ne sert qu’à alimenter YouTube. Mais je le voulais. »
Que pense le showman des spectateurs qui passent deux heures à filmer l’intégralité du concert ? « Je suis désolé pour eux… Je pense que c’est dommage qu’ils ne participent pas davantage. C’est humain de vouloir capturer un moment dans lequel on se sent bien. Mais quand vous chantez et que vous avez quelqu’un juste devant vous qui vous filme tout au long du concert, vous avez envie de lui dire : « Rangez votre petit téléphone et vivez l’instant présent ! » Côté scène, Étienne sourit quand on lui parle de projets. « Rien de concret dans ma tête. Ce qui serait difficile, ce serait de faire jouer mes quatorze albums, un par soir, pendant deux semaines. ” Poussin?