Kendrick Lamar est-il toujours le meilleur rappeur ? Notre critique de l’album « GNX » !

Kendrick Lamar est-il toujours le meilleur rappeur ? Notre critique de l’album « GNX » !
Kendrick Lamar est-il toujours le meilleur rappeur ? Notre critique de l’album « GNX » !
Crédits photos : DR

Il ne manquait plus que lui ! Dans une année surchargée par le retour des mastodontes, Taylor Swift à Beyoncé qui passe par là Justin Timberlake ou encore Billie Eilish, Kendrick Lamar vient jouer les trouble-fête. Vendredi à 18 heures, le rappeur américain a sorti un nouvel album surprise, « GNX », deux mois et demi avant sa prestation à la mi-temps du Super Bowl. La légende est déjà en marche : selon les rumeurs, même son label aurait été informé au tout dernier moment. Quitte à décevoir le Père John Misty, victime d’une étrange malédiction puisque les deux artistes américains se retrouvent à chaque fois à sortir leurs albums en même temps. C’est donc avec autant d’impatience qu’appréhension que l’on débute l’écoute de ce sixième opus, toujours déçu par son prédécesseur. Mais oubliez la prétention et l’ambition démesurée du double opus « Mr. Le moral et les grands steppers ». Sur « GNX », Kendrick Lamar revient à l’essentiel, évidemment aussi. 44 minutes, 12 chansons et autant de gifles.

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Kendrick passe en sixième vitesse

« Wacced Out Murals », le morceau d’introduction, donne le ton entre ouverture hispanique via la voix de la chanteuse mariachi Deyra Barrera, gros synthés, cuivres dignes d’un péplum gladiatoresque et gros beat urbain. Le mélange des genres est toujours là, mais Kendrick sait parfaitement l’homogénéiser. Le tout avant d’enchaîner avec « Squabble Up », sorte de suite logique de son énorme tube surprise « Not Like Us », sorti plus tôt dans l’année où il affronte violemment Drake. Dans le même esprit, « Off » le voit clamer haut et fort : « Tout ce que j’ai toujours voulu, c’était un Black Grand National / Putain, c’est rationnel, donne-leur ce qu’ils demandent « . Et laisse échapper un « Noiraaaarrrrd » (en référence au producteur DJ Mustard) déjà viral. A côté, « Reincarnated » est traversé d’une ambiance latine à la Santana, « Luther » et « Heart pt.6 » ravivent la flamme du R&B rétro, et l’énorme « Dodger Blue », en tête du disque, ne n’aurait pas été déplacé sur l’un des derniers albums de The Weeknd.

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A ce titre, “GNX” est un mélange des genres qui fait mouche, à l’image de ses deux principaux producteurs: Sounwave, fidèle collaborateur du rappeur, ainsi que Jack Antonoff, l’architecte des succès pop de Taylor Swift, Lana Del Rey ou Sabrina Carpenter. S’il a fait appel à ce hitmaker new-yorkais, c’est néanmoins à ses racines californiennes que Kendrick Lamar rend hommage tout au long de l’album, distillant ici et là des clins d’œil au G-funk, Luther Vandross ou Tupac Shakur, tout en racontant son passé dans le quartier de Compton. Si certains tentent de déceler de nouveaux coups adressés à Drake dans les paroles, le rappeur dresse souvent un bilan amer de sa carrière, et est particulièrement déçu que seul Nas l’ait félicité à l’occasion de l’annonce de sa participation au Super Bowl… ce qui a scandalisé Nicki Minaj. ” Je mérite tout ce qui m’arrive » il insiste néanmoins sur le simple mais vrai « Man at the Garden », la pièce la plus personnelle (et l’une des plus réussies) du projet.

Riche et sophistiqué

Mais ce qui frappe dans « GNX », plus que le beau travail de production, c’est surtout la voix de Kendrick Lamar, qui change de registre à chaque titre. Tour à tour espiègle, sensible, fragile, sombre, menaçant ou délirant, celui que l’on surnommait Kung Fu Kenny ne s’était jamais autant amusé, donnant naissance à autant de chansons que de protagonistes. Preuve en est le piège malicieux « Peekaboo » où il affiche son flow avec une aisance insolente. Aussi, et contrairement à ses confrères, Kendrick Lamar se passe de duos calibrés pour booster les compteurs. Outre SZA et Roddy Rich (connu pour son hit « The Box »), il donne sa chance à de nouveaux venus, comme Dody6, Lefty Gunplay ou Hitta j3, qui font des ravages sur « Hey Now » ou « GNX ». Une envie peut-être liée au fait d’être moins en quête du hit qu’au moment de « Alright » ou « Humble »…

Multipliant les influences sans jamais se perdre dans des poses trop prétentieuses, « GNX » apparaît comme un nouveau sommet dans la carrière de Kendrick Lamar qui, comme toujours, mérite son lot d’écoutes pour être pleinement compris. À la suite de sa sortie surprise, Tyler, the Creator a partagé un message admiratif à propos de X, qui sur son dernier album « Chromakopia » se décrit comme « le plus grand artiste de [Los Angeles] après Kendrick « . Normal quand il s’agit des deux meilleurs disques de rap US de l’année !

Loin du prétentieux « M. Moral… », Kendrick Lamar retrouve sa couronne de meilleur rappeur américain sur ce puissant « GNX », à la fois sobre et riche. Autopsiant sa Californie natale avec nostalgie et amertume, la star offre un portrait intime et puissant de sa vie et de son pays, à quelques mois de le représenter au Super Bowl. Dans la cour des grands !

 
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