les cinq grands gagnants

les cinq grands gagnants
les cinq grands gagnants

Après deux mois d’une campagne très anti-européenne, le continent se réveille avec un nouveau Parlement. Le vote a rendu les gens heureux et perdants. Dans cet épisode, parlons de cinq grands gagnants. Dans l’épisode 2, nous évoquerons les cinq grands perdants.

1. Roberta Metsola, nouveau record de popularité à Malte

Le président sortant du Parlement européen était radieux dans la soirée du dimanche 9 juin à Bruxelles. Elle venait d’arriver de Malte où son nom sur le bulletin de vote a établi un nouveau record de votes préférentiels avec 87 473 voix. Elle écrase le précédent record (68 782 voix) établi en 2009 par Simon Busuttil, député européen maltais de 2004 à 2013. Elle n’est pas tout à fait mécontente d’effacer des tablettes celui considéré comme son mentor au sein du Parti national. Les Maltais, comme les Irlandais, ont un système de vote préférentiel, assez différent du système de liste proportionnelle pratiqué ailleurs en Europe.

Roberta Metsola a accompli un premier mandat de deux ans et demi à la tête du Parlement. Les choses s’annoncent bien pour qu’elle prolonge son bail de deux ans et demi supplémentaires. Elle sera fixée le 16 juillet lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement, à Strasbourg. Dans ce cas, le PPE conserverait le perchoir dans l’hémicycle.

A noter, dans le même ordre d’idées, le record également établi en votes préférentiels par la libérale belge Sophie Wilmès (ancienne Première ministre, MR) : 543.821 voix. Elle dépasse le record d’Elio Di Rupo (PS) aux élections européennes de 2004 (483 644 voix).

2. Manfred Weber stoppe la chute du PPE

Le président du groupe PPE cumule la présidence du parti. Beaucoup avaient commenté cette double casquette qui lui a été attribuée après son échec en 2019 comme Spitzenkandidat de son parti. Emmanuel Macron l’avait écarté de la présidence de la Commission. On disait que c’était fini. Mais le Bavarois a tenu bon et aucun personnage n’est apparu pour le défier. Il est resté dans le jeu parlementaire pendant cinq ans. Puis, à l’approche des élections de 2024, il a choisi de s’effacer au profit de la présidente sortante, Ursula von der Leyen, désignée Spitzenkandidat par le Congrès de Bucarest en mars. Certains spéculaient sur ses mauvaises intentions à son égard. Ne l’avait-il pas placée sur ce promontoire comme cible idéale pour sa vengeance ?

Pourtant, au soir des résultats, Manfred Weber a gagné tous ses paris. Premièrement, il a stoppé le déclin du PPE avec 186 sièges. Depuis son score le plus élevé en 2004 (268 députés), le PPE s’est peu à peu endormi sur ses lauriers : 265 députés en 2009, 221 députés en 2014, 182 députés en 2024. Le départ du Fidesz de Viktor Orban – en fait, il a fustigé le porte sentant le vent tourner – ne l’a pas affaibli, car un nouveau parti hongrois, présidé par Peter Magyar, le nouvel opposant surprise du maître de Budapest, lui amènera sept nouveaux élus. Et on ne voit pas qui pourrait s’opposer à un nouveau mandat d’Ursula von der Leyen à la Commission. Avec treize dirigeants du PPE à la table du Conseil européen, une majorité revenue au Parlement européen, le dossier est en bonne voie. Manfred Weber n’a pas les sombres desseins que lui prêtent certaines mauvaises langues.

3. Jordan Bardella, un doublé gagnant

Deux élections européennes en poche pour ce jeune homme de 28 ans qui améliore nettement le score du RN : 23 élus en 2019, 29 élus en 2024. Et en prime, au soir des résultats, il réclame une dissolution du Assemblée nationale à la présidence de la République et l’a obtenu quelques minutes plus tard alors même qu’Emmanuel Macron avait publiquement écarté cette hypothèse pendant la campagne. Jordan Bardella peut désormais se consacrer aux législatives et taquiner Matignon. A 28 ans, une trajectoire jamais vue depuis IIIe République. Signe de talents précoces et d’institutions françaises en détresse ?

4. Pedro Sanchez, l’insubmersible

Le Premier ministre espagnol parvient toujours à placer 20 députés au sein du groupe des sociaux-démocrates (S&D), soit exactement le même nombre d’élus qu’en 2019. Et pourtant, son adversaire de droite, le PP, s’est reconstruit avec 22 élus. fonctionnaires. Les socialistes espagnols constitueront la deuxième plus grande délégation du groupe S&D, juste derrière le Partito Democratico italien (21 sièges).

Pedro Sanchez a plus d’un tour dans son sac pour mobiliser ses troupes. Après les élections législatives de juillet 2023, il pactise avec les indépendantistes et propose une amnistie discutable aux Catalans. Cette fois, pour les européennes, il parvient à mobiliser son camp pour la défense de son épouse, Begonia, mise en cause dans une enquête préliminaire d’un juge forcément accusé de partialité politique. Pedro Sanchez tourne à plein régime, envisageant – artifice suprême – de démissionner un temps avant de changer d’avis…

Un grand artiste de la politique espagnole. On parle même de lui pour la présidence du Conseil si Antonio Costa, le Portugais, ne fait pas l’affaire. Il faut également souligner que la situation économique espagnole est meilleure qu’ailleurs en Europe avec une prévision de croissance en 2024 de 1,5% (OCDE et FMI), et une réduction du déficit de -3,2%, selon la Commission. Madrid a su mobiliser intelligemment le généreux plan de relance européen, soit 38 milliards déjà versés à ce jour.

5. Donald Tusk : à l’Est, le renouveau démocratique

En Pologne, le PiS, même s’il a perdu le pouvoir lors des dernières élections législatives, reste fort. Et pourtant, Donald Tusk parvient à placer la Coalition civique (37,06%) juste devant l’ultraconservateur PiS (36,16%). Pour Donald Tusk, c’est 7 points de plus que lors des élections législatives du 15 octobre 2023, preuve que les premiers mois de son mandat sont accueillis positivement en Pologne. Le PiS perd 7 élus au Parlement européen (20 élus au lieu de 27 en 2019). Donald Tusk a engagé des réformes pour restaurer les bases démocratiques de son pays et débloquer les milliards d’euros du plan de relance retenus jusqu’ici.

L’ancien président du Conseil envoie 20 députés européens pour grossir les rangs du PPE à Strasbourg. Il peut affronter, sans avoir à rougir, les 29 élus de la CDU et les 22 élus du Partido Popular espagnol. Il faudra compter avec les Polonais au Parlement européen lors des grands compromis qui se dessinent sur l’accompagnement social du Green Deal. La Pologne, pays à forte émission de carbone, devra soutenir les nombreux travailleurs touchés par la décarbonation de l’économie du pays. Donald Tusk est bien placé pour obtenir un soutien financier important.

 
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