“Je ne me suis jamais projeté en “vieux rappeur””

“Je ne me suis jamais projeté en “vieux rappeur””
“Je ne me suis jamais projeté en “vieux rappeur””

ENTRETIEN – Il y a quelques années, Fianso, le rappeur, entamait sa métamorphose pour devenir Sofiane Zermani, l’acteur. Après quelques seconds rôles (Les sauvages, Avant que les flammes ne s’éteignent, La Vénus d’argent…), il est en tête d’affiche en Barbès, Petite Algérie.

Il est le héros du premier film vibrant et prometteur de Hassan Guerrar. Dans Barbès, Petite Algérie, Sofiane Zermani incarne Malek, qui, pendant la crise sanitaire, renoue avec ses racines et se réconcilie avec son passé en découvrant Barbès et sa communauté.

Madame Figaro. – Mon état d’esprit en ce moment ?
Sofiane Zermani. – Conquérant. Le cinéma me convient mieux aujourd’hui pour m’exprimer en tant qu’artiste. J’adorais le faire avec de la musique, mais j’associais le rap à l’énergie de la jeunesse. Je ne me suis jamais présenté comme un « vieux rappeur ». Aujourd’hui, c’est sur un plateau que je m’épanouis.

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Pourquoi devrions-nous voir Barbès, Petite Algérie ?
Pour l’énergie, la sincérité et le recul d’Hassan Guerrar, un réalisateur qui privilégie la vérité et l’instant. Barbès est le personnage principal de son film et il le représente tel qu’il le connaît et l’aime, avec des acteurs non professionnels, des gens du quartier qui donnent à l’histoire une grande authenticité.

Mon personnage ?
Malek est à mi-chemin entre Hassan et moi. Je me reconnais dans ce qu’il a enfoui, dans sa pudeur, dans les tiroirs qu’il n’ouvre jamais. Ce tournage a été une expérience intense, qui a touché mon intimité.

Pendant le tournage, j’étais…
Observateur et investi dans le perfectionnement de mon apprentissage. J’ai des projets de longs métrages et de séries, j’écris, je développe, je coproduit, mais je tâtonne encore.

Avant, j’associais le rap à l’énergie de la jeunesse

Sofiane Zermani

Parler de moi en promotion, une corvée ?
Certainement pas. Faire ce métier, c’est se mettre en lumière, demander aux gens de payer pour nous voir, pour nous écouter : c’est une démarche narcissique. Je le suppose.

Langue en bois ou trop pointue ?
Spontané. Je n’ai pas peur d’être moche ou de dire des choses stupides lors des interviews. Je ne prétends pas être parfait et cela a créé un authentique lien de proximité avec le public, que je chéris.

Des questions auxquelles je préfère ne pas répondre ?
Ceux qui concernent ma vie privée ou des sujets sur lesquels j’estime ne pas être légitimes. Des questions religieuses ou politiques par exemple : j’ai une opinion, mais si j’avais voulu la partager sur les plateaux télé, je serais devenu homme de foi ou député.

Ce tournage a été une expérience intense, qui a touché mon intimité

Sofiane Zermani

Qu’est-ce que je pense quand je vois mon reflet dans le miroir ?
J’aspire à être une meilleure version de moi-même en vieillissant, je m’adapte donc facilement aux rides et aux marques du temps.

Est-ce que je mens lors des entretiens ?
Pas assez, selon mon attaché de presse ! Je ne suis pas toujours consensuel. Mes chansons ont parfois été critiquées pour cela, mais je ne sais pas comment faire autrement.

Mon feu sacré ?
Transmission. Nous nous améliorons en apprenant des autres et des autres. Quand nous avons reçu, nous rendons. C’est une conviction profonde parmi les banlieusards comme moi.

Faire ce métier est une démarche narcissique que j’assume

Sofiane Zermani

Mes inspirations ?
Rebecca Zlotowski, une grande amie, scénariste et réalisatrice avec qui j’ai eu la chance de travailler Les sauvages. J’admire aussi Reda Kateb, qui a été d’une gentillesse incomparable sur Frères ennemis, de David Oelhoffen, le premier film que j’ai tourné. Et Melvil Poupaud, un homme d’une intelligence et d’un talent rares. Et puis, il y a mes âmes sœurs : Lyna Khoudri et Dali Benssalah. Avec eux, on ne se comprend pas, on se connaît.

La dernière fois que j’ai été fier de moi ?
J’ai créé une bourse, un prix d’aide à l’écriture à Béjaïa, ma ville natale en Algérie. J’ai du mal à être contente de moi, mais quand je vois la fierté dans les yeux de mon père, de mes enfants, de ma famille, de mes amis… je me dis que j’ai dû faire quelque chose de bien.

Barbès, Petite Algérie, par Hassan Guerrar. Sortie le 16 octobre.
Tigres et hyènes, de Jérémie Guez, le 22 octobre sur Prime Video.

 
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