Alain Crevier prend sa retraite après plus de 40 ans à Radio-Canada

Alain Crevier tire sa révérence après plus de quatre décennies à Radio-Canada où il s’est illustré tant à la radio qu’à la télévision.

Il laisse une marque indélébile à travers ses reportages, ses podcasts, ses directs, un travail colossal animé par la passion de l’information et des gens.

J’ai eu de la chance dira souvent ce bourreau de travail, lecteur insatiable et d’une vive curiosité dont le but a été, tout au long de sa riche carrière, d’expliquer, de vulgariser en mettant le doigt sur les enjeux du moment, leurs nuances et leurs angles morts.

J’ai vécu à Radio-Canada comme Radio-Canada a vécu en moi

Spécialiste des questions religieuses

Animateur depuis plus de 20 ans Deuxième regard, l’émission née dans les années 1970 qui traitait jusqu’en 2019 des enjeux religieux sur le petit écran, Alain Crevier est devenu le spécialiste des questions liées à la spiritualité à Radio-Canada.

Son mandat à la tête de la série a débuté en 1995. Rien ne me laissait penser que je ferais ça, c’est la faute de Jean-Paul » dit-il en plaisantant, en faisant référence au pape Jean-Paul II, qu’il décrit comme étant immensément politique. C’est ce qui m’a attiré.

Alain Crevier a ensuite décortiqué la question religieuse et son impact sur la société.

Il voit dans le spectacle la possibilité d’aborder des questions importantes, laïcité, cohabitation entre religions et spiritualités il énumère.

Deuxième regard a amené M. Crevier à passer le micro à de nombreux intervenants, avec son don particulier pour faire tomber les barrières et établir un espace d’échange ouvert, qu’il s’agisse d’un moine bouddhiste ou d’un survivant de l’holocauste.

Une rencontre particulièrement mémorable pour M. Crevier a été celle de Marguerite Barankitse, survivante du massacre interethnique qui a secoué le Burundi en 1993. Mme Barankitse a consacré sa vie au travail humanitaire, protégeant les enfants de la discrimination ethnique. Elle a vu ses proches tués violemment pendant le conflit.

Je lui ai demandé comment vivre avec des souvenirs comme çase souvient Alain Crevier, elle m’a dit qu’il valait mieux allumer une bougie que maudire l’humanité. Cette phrase ne le quittera plus jamais.

Entré par hasard

Alain Crevier ne se destinait cependant pas à une carrière de journaliste. Après une adolescence difficile, une période de sa vie qu’il préférait taire, il crée son groupe Automne dans les années 1970 et se lance dans la musique, manière d’exorciser ses démons.

J’avais les cheveux longs, j’avais des guitares […] J’ai entendu un reportage à Radio-Canada sur l’industrie musicale que je connaissais bien, je mourais de faim depuis plusieurs années.

Alain Crevier a contacté la salle de rédaction en indiquant qu’il manquait des informations importantes dans le reportage. Il s’est alors retrouvé du jour au lendemain avec un magnétophone, un micro à la main et le mandat de couvrir des sujets culturels.

C’était la piqûre !

Je suis entré par la porte arrière, ce ne serait pas possible aujourd’hui estime l’homme des médias.

C’était au début des années 1980. M. Crevier a ensuite traité de plusieurs sujets à différents postes. Il a notamment été animateur radio de l’émission matinale CBV Bonjour de 1996 à 2001.

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Après cela ?

Lorsqu’on lui demande pourquoi il quitte Radio-Canada, Alain Crevier répond C’est l’heurelui qui a vu décoller presque tous les collègues de sa génération.

Il souhaite aujourd’hui développer ses projets, à l’image du livre né dans la foulée deÊtre… le podcast auquel M. Crevier s’est consacré lors de l’émission Deuxième regard a été supprimé en 2019.

Être… traite de questions philosophiques et sociétales tout en racontant des destins extraordinaires, souvent au-delà des frontières du Québec et du Canada.

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L’ouvrage, auquel M. Crevier apporte la touche finale, devrait être publié dans les prochains mois.