A cœur ouvert, le chanteur Amir raconte à l’AFP comment son nouvel album « C Amir » lui a servi de « journal intime » pour extérioriser sa « rage » et « l’immense douleur » liée à la perte inconsolable de sa mère.
Disponible depuis le 13 septembre, ce quatrième opus du chanteur franco-israélien de 40 ans se présente comme une œuvre introspective et cathartique, la plus personnelle de l’artiste révélée par l’émission de talents The Voice en 2014 et l’Eurovision en 2016.
Question : Pourquoi « C Amir » est-il particulièrement important pour vous ?
Réponse : « Cela me fait replonger dans une forte intensité émotionnelle. C’est un album né d’une réelle urgence et d’une envie d’écrire et de passer par une phase d’extériorisation de beaucoup de choses qui se sont accumulées pendant environ deux ans et demi, où je n’ai volontairement rien écrit alors que c’est ma passion. »
Q : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous éloigner autant de l’écriture ?
R : « En juillet 2021, les gens ont commencé à soupçonner des problèmes de santé chez ma mère et, en août 2021, le couperet est tombé. Mon père, lui-même radiologue, a confirmé le diagnostic de cancer du pancréas à sa propre femme. J’ai perdu mon oncle et ma grand-mère d’un cancer du pancréas, nous connaissions le verdict. Nous nous demandions simplement combien de temps et ce que nous pouvions faire pour prolonger ce délai.
« Je me suis donc retrouvée avec le reste de la famille dans un tourbillon émotionnel, intense, que j’ai personnellement traduit par des actions interminables de recherche, de prise de contacts. C’était une sorte de tunnel où la musique n’avait plus vraiment sa place. Je n’en écoutais même plus, en fait. Je me consacrais à ma mère et cela a duré 20 mois. Après 20 mois, la vie change. »
Q : Comment avez-vous réussi à renouer avec la musique ?
A : « Neuf mois plus tard, je comprends qu’en tant qu’artiste, j’ai aussi besoin de m’exprimer à travers ce prisme pour aller mieux. Dès qu’on a commencé à travailler, ça a été une explosion, une autoroute. C’était tellement nécessaire pour moi, c’était un abcès que j’étais en train de crever. »
Q : Votre camp d’écriture avec des amis devait commencer le 8 octobre 2023, le lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël suivie de la guerre à Gaza…
R : « Nous nous sommes réunis le 8 octobre et avons ajourné la séance le 9 octobre. Nous étions assez unanimes (à dire) que ce n’était pas le bon moment.
Ce thème faisait partie des sujets que nous allions aborder dans cet album (la chanson « Supernova », ndlr) car nous l’avions tous vécu ensemble. Quelles que soient les religions, les origines et les sensibilités politiques, le choc était là pour tout le monde et chacun a trouvé nécessaire de l’ajouter au journal intime qu’est cet album.
Q : Quant à « Sommet », chanson sortie en mai, c’était l’hymne officiel de France Télévisions pour les JO de Paris. À quoi pensiez-vous lorsque vous l’avez composée ?
A : « Le titre est associé à cet événement immense, à ses exploits, à tant de choses que j’étais très loin d’imaginer quand on l’a écrit. On était en pleine écriture de l’album. Ça me paraît assez énorme de reprendre tout d’un coup cette lumière et cet intérêt des gens. Et j’ai dit : +allez les gars, faisons une chanson qui a une espèce de cri de guerre+ ! Je veux y croire à travers une chanson qui me fait y croire. »
Q : Que représente ce nouvel album, en fin de compte ?
R : « C’est comme si j’avais simplement écrit un compte rendu de ma thérapie à travers douze chansons qui racontent toutes les étapes, avec les grands moments de détresse et les grands moments de bonheur et de détente. L’album a été en grande partie ce qui m’a réconcilié avec cette nouvelle réalité, ce qui m’a permis de l’accepter, d’exprimer ma rage, mon immense douleur, mon manque, de crier à ma mère ce qui m’arrive et à quel point j’ai besoin d’elle. Tout ce que j’ai traversé en gardant ma bouche fermée, l’album m’a permis de le dire. »
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