Chez Fonck, qui est ce Jean-Luc ? « Un chanteur qui ne savait pas chanter mais qui a presque 50 ans de carrière derrière lui. Improbable!” – .

Chez Fonck, qui est ce Jean-Luc ? « Un chanteur qui ne savait pas chanter mais qui a presque 50 ans de carrière derrière lui. Improbable!” – .
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Si à 18 ans on lui avait dit qu’il serait toujours le chanteur de Sttellla, Jean-Luc Fonck aurait un peu ricané. Déjà, « vieux chanteur » n’existe pas pour les jeunes »,à part Tino Rossi». Mais finalement, il aurait pu y croire. Après tout, il avait décidé de devenir chanteur le 14 mars 1975, après sa première prestation lors d’un spectacle organisé par l’école Berkendael à Bruxelles. Il ne savait ni chanter, ni jouer d’un instrument, ni composer. Mais quelle aisance sur scène ! “J’ai été le premier surpris“, il sourit.

Jean-Luc Fonck a visiblement de vrais talents. Entre autres celle des mots qu’il fait parler avec un humour désarmant ou loufoque. Une véritable signature dès le plus jeune âge. Un contact facile, joyeux, engageant qui suscite la sympathie. Et puis ses compositions sont originales pour l’époque : des arrangements punchy mais minimalistes et des textes écrits en français sans être boiteux… Ni rock, ni folk, ni funk. Du Fonck n’Crofilm (Mimi, « la » Sttellla qui fera partie de l’aventure jusqu’en 1992). Le duo voit Sttellla, “parce que la bière», comme une formation éphémère, le temps d’une petite tournée dans les villages de Belgique.

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Nous serions mieux à Torremolinos, non ?

49 ans plus tard, Jean-Luc Fonck est toujours bien « Sttellla ». Un chanteur de toujours devenu un artiste célèbre, connu, reconnu et aimé ici et ailleurs. Certains ne comprennent pas ce monde de jeux de mots, de synthés à deux doigts et de tenues déjantées. Mais les fans sont bien plus nombreux et fiers de cette figure belge inclassable. Style Grand Jojo, avec qui il a partagé la scène le 20 juillet dernier place du Jeu de Balle à Bruxelles. Mais avant cela, il y a eu l’effet « Torremolinos » de 1992, une composition écrite en 2-2 qui est devenue un succès aussi inattendu qu’énorme. Il se replonge dans cette histoire et en fait ressortir mille anecdotes avec son éternel sourire, glissant des jeux de mots et des phrases surréalistes, sans même s’en rendre compte : ses mots, c’est tout lui, qu’il nous raconte.

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Est-ce ennuyeux à la fin de toujours revenir sur cette chanson alors que vous avez fait 15 albums ? C’est ma pension (sourire) ! Encore aujourd’hui, c’est la chanson dont me parlent les gens que je croise dans la rue. Selon la météo, les gens me disent : « On serait mieux à Torremolinos, non ? ou “C’est Torremolinos ici, comme il fait chaud !” et puis on fredonne. Elle a tout changé sans nous changer. Je me plains juste un peu car c’est mon seul morceau où il n’y a pas de jeux de mots, qui restent mon pilier. Le poisson s’en pêchent, les pieds s’en footent (1987) ; L’avenir appartient aux éléphants (1990) Mais où trouvez-vous l’inspiration pour ces titres incroyables et vos histoires ? C’est vraiment un état d’esprit que j’ai toujours eu : je suis détendu, je ne me pose pas de questions et il se passe quelque chose et ce qui se passe ensuite. Je sens quand c’est bon. Comme pour les compositions, je ne connais pas une seule note mais j’ai l’oreille pour les arrangements.

Jean-Luc Fonck : il enregistrera 22 albums en 2024 avant de fêter l’année prochaine ses 50 ans de carrière. ©laure geerts

Vous êtes la bonne humeur incarnée, tout devient « extra » ordinaire chez vous. Avez-vous déjà eu une crise ? Non, je ne suis jamais tombé au fond du trou. J’ai eu et j’ai des problèmes personnels comme tout le monde, je tombe malade. Mais les auditeurs n’ont pas besoin de les ressentir. Quand ma mère est morte, j’ai dû faire une chanson pour le 8/9. J’aurais pu me retirer mais j’ai écrit « 30 août, Chouchou » : il s’agit d’un petit train, celui dans lequel elle est montée pour toujours. C’était heureux, personne n’a fait le lien et ça m’a fait du bien de lui dire ces mots.

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Un peu de nervosité DONC ? Et bien non. Avant, c’est trop tard, il fallait dire oui, après ça ne sert à rien, c’est fini. On répète, on travaille, on joue comme on peut. Mais entre les chansons, c’est un rire, aucun de nous ne sait où ça va aller : on vit le truc, c’est pour ça que Sttellla, ça semble un peu le bordel. J’adore les concerts, c’est comme des vacances. Et je n’ai aucune pression, tout est du bonus.

Après 49 ans, ça va toujours ? Je ne devrais pas être là, cette série d’événements que je n’ai pas provoqués est complètement improbable. Alors j’en profite, je prends tout : les rencontres, la liberté, le plaisir des concerts. Et en faisant cela, je fais du bien aux gens. C’est gagnant-gagnant. Un jour, nous avons joué dans une prison. La prison, c’est lourd… A la fin, un gars est venu me dire que pendant le concert, il avait vraiment oublié qu’il était là, un détenu. Ça marque.

Le 20 juillet, on se voit au Bal ?C’est un bon moment. Et je suis là : je présente le truc avec Ophélie Fontana, même si je ne suis pas présentatrice. Mais je sais improviser sur scène. Je me souviens que l’organisation n’avait pas prévu combien de temps il faudrait au roi et à la reine pour traverser la foule. Rien ne se passait sur scène. J’ai donc demandé aux musiciens de jouer « Can you feel it » pendant que je chantais « Can you Philippe ». Le roi est très gentil…

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On en sait pas mal sur le chanteur de Sttellla, mais sur Jean-Luc Fonck, beaucoup moins… Nos révélations ! Voici quelques histoires et anecdotes captées au fil d’un long entretien entre rires et chansons pour découvrir des faces cachées… aussi lumineuses que son visage public.

Du croissant à la lune

Jean-Luc Fonck dit avoir fait la lune avec ce succès auquel il croit à peine. Pourtant, c’était plutôt le croissant qui l’attendait. Dans la famille Fonck, nous sommes boulangers de père en fils depuis deux générations, à Arlon. Le petit Jean-Luc a deux sœurs bien plus âgées que lui. Papa est au four, maman est la maîtresse, au magasin et à la caisse. Il se souvient avec tendresse des collations à la boulangerie et de l’époque où, sérieux comme un pape, il rendait la monnaie aux clients. Mais s’il aime les tartes au riz, l’enfant est déjà fantasque et préfère quand même rire. Baker, lui, se serait levé à l’heure où il se couche habituellement les soirs de concert…

Jean-Luc Fonck : il enregistrera 22 albums en 2024 avant de fêter l’année prochaine ses 50 ans de carrière. ©laure geerts

Une star… chez Ikea

Patrick Bruel a tenu à chanter (pas très bien, Fonck n’en a pas envie) un duo de rap dans le cadre des 20 ans de « Viva for Life », impressionné comme il l’était par le « super flow » de J. -L. Fonck sur une chanson du 8/9 ; François Hadji-Lazaro des Garçons Bouchers l’a produit pendant 10 ans sur son label. Sttellla partageait la même scène que Noir Désir à Montréal; Manu Chao et son combo Mano Negra sont copains du festival. Ce « name-dropping » est ironique, Jean-Luc Fonck est toujours aussi perplexe lorsqu’on le prend pour une idole. «Je suis allé chez Ikea pour acheter des choses. Un homme m’a rattrapé pour me le dire, impressionné de ne pas imaginer quelqu’un comme moi aller chez Ikea et passer par la même caisse que lui. J’ai une vieille voiture que je conduis moi-même. Quand je sors, je vois régulièrement des visages surpris : quoi, Sttellla n’a pas de chauffeur ?

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Clairvoyance et prévoyance

Ce n’est pas du tout son point fort ! « Si vous souhaitez investir, venez me demander et faites le contraire. Je suis régulièrement confus quant aux succès ou aux tendances à venir. Au lancement de Quick, j’y mangeais avec mes musiciens. Et je leur ai dit : ce n’est pas bien, personne ne reviendra, ça va mal se passer, c’est sûr… » D’ailleurs, Jean-Luc Fonck, l’homme de mots, n’a jamais eu de cahier. “C’est absolument stupide, parfois j’ai vraiment des idées merveilleuses, que j’oublie parce que je n’ai pas de mémoire.”

Résident heureux

Le petit Fonck est un bon élève, qui a envie d’apprendre. Les mots ont déjà pour lui une importance énorme : il faut en savoir le plus possible et les assembler, cela permet de mieux dire ou avouer et de rire. Bon enfant, il parle avec enthousiasme de ses années d’internat chez les Frères Maristes : « J’ai vécu une enfance comme dans le film « Les Choristes ! Entre discipline, bêtise et dortoir non chauffé de 90 lits.

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Révolutionnaire mais fonctionnaire

Après ses humanités (tout en découvrant le plaisir de la scène) il suit le cours de professeur. « J’ai tout arrêté juste avant la fin, le dernier examen. Je voulais secouer le cocotier, pas rentrer dans le rang. L’inspecteur m’a aussi traité de révolutionnaire ». Ledit révolutionnaire devint cependant fonctionnaire du ministère de la Justice. Un poste agréable, « des gens sympas, et beaucoup de temps libre pour partir en tournée ». Il anime la galerie jusqu’en 1988.

Jean-Luc Fonck : il enregistrera 22 albums en 2024 avant de fêter l’année prochaine ses 50 ans de carrière. ©laure geerts

Grand-père

Ses deux petites-filles (par alliance) âgées de 5 et 7 ans l’appellent Yuyu. « Ce qui est merveilleux, c’est que pour eux, mon métier, c’est de faire des bêtises à la télé. A l’AB, le monde ne les a pas intimidés, c’est normal ! Alors que je me pince encore. Le peignoir sur scène, c’est ça qui les interpellait.» C’était trop puéril pour ces grandes filles. « Il me restait un examen avant de devenir enseignant… Je ne l’ai jamais passé. Au dernier moment, j’ai ressenti l’envie de secouer le cocotier à la place. »

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Presque tous les vendredis depuis 2013, Jean-Luc Fonck écrit une chanson. Inédit, il le chante en live dans le 8/9 de Vivacité. « 11 ans d’antenne, cela fait environ 400 chansons ». Des chansons drôles évidemment mais aussi des moments doux, du rock, du rap, des comptines, il ne se retient sur rien du moment qu’il sait mettre plein de (joue sur) des mots dont 4 imposés par les auditeurs et des comptines loufoques. L’artiste a décidé de les rassembler dans 22 albums car « c’est stupide de jeter ». Dans le studio de Christian Martin, fidèle ami, musicien et producteur de Sttellla, ils réenregistrent les chansons et améliorent les arrangements depuis janvier. Et rire… Un avant-goût de ce qui l’attend pour préparer les 50 ans de ce groupe qui devait initialement être éphémère. S’il ne connaît pas encore la forme que prendra cet “hommage”, une chose lui semble sûre : “Nous serons certainement coincés quand 2025 arrivera en 2025, c’est garanti.” Sept tomes sont d’ores et déjà écoutables en streaming via le lien : https://bfan.link/les-chansons-du-8-9 : https://bfan.link/les-chansons-du-8-9-vol – 7

Jean-Luc Fonck : il enregistrera 22 albums en 2024 avant de fêter l’année prochaine ses 50 ans de carrière. ©DR
 
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