Aminta Sène sort son premier album, à 43 ans. La chanteuse emblématique des rues de Poitiers raconte son parcours hors du commun.
Son enfance. « Je suis né à Poitiers. J’ai grandi à Paris, puis aux Couronneries et à Fontaine-le-Comte. La musique était toujours là, j’ai toujours chanté. Et le premier instrument que j’ai eu entre les mains était un clavier, un petit truc électronique. »
Sa première bêtise. « Ma mère a déménagé à Fontaine-le-Comte. Je suis allé à l’abbaye et j’ai joué de l’orgue en secret. Un jour, un professeur d’orgue m’a fait la surprise. Elle est venue chez ma mère pour me dire qu’elle voulait me payer des cours d’orgue. Ma mère a dit non au début. Puis elle a changé d’avis, tant mieux ! »
Cinq chansons au festival de Glastonbury devant 75 000 personnes
Sa scolarité. « J’ai eu une adolescence un peu mouvementée. Très jeune, j’étais dans l’alcool, la dépression, tout ça. Au collège Théophraste-Renaudot, tout le monde s’en foutait des cours de flûte. Mais je l’ai pris trop au sérieux, j’étais à fond ! Mon rêve était d’aller au lycée Victor-Hugo, option musique. Les professeurs du collège ont envoyé un courrier au lycée Victor-Hugo. Ils savaient que la musique me sauverait la vie. J’ai été pris ! Là, les professeurs, les étudiants et les préposés à l’entretien se sont réunis pour m’offrir ma première guitare. Ils m’ont offert ce cadeau pour mon 17ème anniversaire. »
Son plus grand concert. « J’ai fait le festival de Glastonbury en 2003, devant 75 000 personnes. C’était un entracte de cinq chansons. Un ami de ma mère, un homme très riche, avait permis cela. Nous sommes allés à Oxford pendant un moment. La scène ? J’avais juste peur parce que je venais par derrière. Je n’avais jamais vu la foule auparavant. J’ai été présentée comme la Tracy Chapman française. J’ai donc commencé avec une reprise de Tracy Chapman, évidemment ! Ensuite, j’ai procédé à mes sons. L’immensité du moment, de la foule, je l’ai vraiment réalisé le lendemain. »
Son expérience avec Superbus. « J’ai tenté ma chance à Paris pendant plusieurs années. J’ai chanté dans les bars. Un jour, je fais le set, je l’envoie bien. Alors que je vais aux toilettes, quelqu’un me tape sur l’épaule. Et c’est Patrice Focone, le guitariste du groupe Superbus. Il m’a invité au studio le lendemain. J’y suis allé, j’ai joué et du coup un manager m’a dit que j’allais suivre le groupe Superbus. Il nous a dit qu’avec mon groupe, nous serions signés sur un label lors de la sortie du troisième album de Superbus en 2015. J’y ai cru. Sauf que le moment venu, il m’a dit que rien n’était signé. Et puis je tombe je ne sais combien d’étages. »
Son expérience de la rue. « Tout s’effondre. Je rentre à Poitiers et j’arrête de jouer de la musique. Je ne chante plus, je ne joue plus. La guitare est rangée ! Je ne veux plus en entendre parler ! Et puis, un jour, je me suis dit que, dommage, l’environnement n’en voulait pas. Ce n’est pas grave, je vais juste chanter dans la rue et on verra ce qui se passe. Aujourd’hui, les gens me connaissent très bien. Les mots et les regards me maintiennent en vie. J’ai l’impression de servir un but. »
Fils CD. « Mon producteur et moi nous sommes rencontrés à un carrefour de rue alors que je chantais. Il m’a parlé de jouer sur scène. J’ai dit oui sans vraiment croire que c’était vrai, qu’il allait me rappeler. Nous avons fait deux sessions en studio où nous avons enregistré. Avant cela, je n’avais jamais eu de trace concrète de ma musique. C’est mon premier CD. CC’est la première fois qu’un projet est véritablement réalisé. C’est mon cadeau de Noël. »
Le CD « Just in Time » est disponible au disquaire Les Mondes du Disque, au 20, rue Pétonnet à Poitiers. La musique d’Aminta est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
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