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ÉDITORIAL. Retard à l’allumage et ratés d’allumage

La question du début du mois était « Le gouvernement Barnier survivra-t-il à l’hiver ? » La réponse vint bruyamment. La question de fin d’année est maintenant « Aurons-nous un gouvernement Bayrou avant Noël ? » Et l’absence de réponse fait déjà sensation. On sait que François Bayrou prononcera son « discours de politique générale » le 14 janvier devant le Parlement. Sera-t-il, à cette date, à la tête d’un « gouvernement d’intérêt général » au complet, réunissant des personnalités de gauche, du centre et de droite prêtes à redresser le pays ? Les interventions des représentants des groupes politiques qu’il a reçus ce lundi, mardi et mercredi disent tout le contraire.

Les « sociaux-démocrates » (socialistes, écologistes, voire communistes) qu’un changement de Premier ministre aurait pu amener au rassemblement ont déclaré à l’unanimité qu’ils “déçu” par le choix de François Bayrou et leurs premiers échanges avec lui. « Les conditions ne sont pas réunies » pour une participation républicaine à un gouvernement Bayrou, a déclaré Bruno Retailleau mercredi sur BFMTV et RMC. Le Rassemblement national (RN) se contente de réitérer son « lignes rouges » et qu’il refuse de voir devenir ou redevenir ministre (Xavier Bertrand, Éric Dupond-Moretti…). Les Insoumis (LFI) se sont d’office mis hors jeu en refusant de se rendre à Matignon.

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Dans son discours du 5 décembre, Emmanuel Macron a évoqué la constitution d’un gouvernement « resserré ». Au train où vont les choses, ce futur gouvernement pourrait bien être composé uniquement de ministres issus des seuls rangs du bloc central, issus de la Renaissance, du Modem, d’Horizons ou du Parti radical. Très, très loin de l’ouverture que laissait présager la nomination de François Bayrou, notamment vers la gauche.

La confiance est en morceaux

Cette ouverture paraît d’autant plus improbable, à ce stade, que le Premier ministre a multiplié les faux pas depuis son entrée en fonction. Sa participation au conseil municipal de Pau lundi soir, alors que l’urgence nécessitait une mobilisation en faveur de Mayotte, a légitimement choqué. Ses explications à l’Assemblée le lendemain furent rassurantes : elles plongeèrent l’hémicycle dans la perplexité. Deux entretiens avec le Président rien que mardi, un troisième mercredi après-midi, suggèrent qu’il y a encore beaucoup à faire au niveau du « couple de cadres ». Ou à recadrer.

Ces couacs ont peut-être dissuadé de rares bonnes volontés de faire un pas en direction de François Bayrou, soupçonné de ne pas être l’homme de la situation, y compris dans son propre camp. En dehors des appareils politiques, le doute est même un facteur d’unité improbable. Mardi, sept des plus grandes organisations patronales et syndicales du pays ont cosigné un communiqué appelant les élus à « retrouver le plus rapidement possible le chemin de la stabilité, de la visibilité et de la sérénité », conjurer « le risque d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques » .

La menace est réelle. La confiance en morceaux. Il est urgent de se remettre sur les rails et de démontrer que la situation est sous contrôle. C’est sans doute le véritable objectif de la rencontre proposée par le Premier ministre ce jeudi, à 14 heures, aux représentants de tous les partis. Hors LFI, RN et alliés.

L’invitation ressemble à une rencontre de la dernière chance. François Bayrou devra se montrer bien plus habile, diplomate et conciliant que lors de ses premiers pas ratés de Premier ministre. Or son passage à Matignon sera encore plus court que celui de Michel Barnier. Et la promet des turbulences absolument sans précédent.

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