Tous les quatre n’ont pas lâché leur smartphone, ne serait-ce qu’une minute, ce mardi 17 décembre, en fin de matinée, au MPT de Penhars. Ils vérifient inlassablement s’ils ont reçu des messages de leurs proches résidant à Mayotte. Trois jours après le passage du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel français, samedi 14 décembre, la communauté mahoraise basée à Quimper vit dans l’angoisse. « Je sais juste que ma mère est en vie, mais je n’ai pas pu lui parler. Le village où j’ai grandi a subi beaucoup de dégâts, mais je sais qu’elle est vivante», souffle Djaouhari Fabi, 26 ans. La jeune femme, née à Mayotte, est arrivée à Quimper en 2018. Ses parents et sa grande sœur vivent toujours à Acoua, le village où elle a grandi.
«C’est horrible. Nous sommes ici et nous ne pouvons rien faire »
« Dès que le cyclone est passé, ma sœur est allée frapper à toutes les portes des maisons du village pour savoir si tout le monde allait bien. C’est elle qui m’a rassuré sur ma mère en m’envoyant un message vocal, mais depuis, plus rien », confie Djaouhari, qui se sent impuissant. «C’est horrible. Nous sommes ici et nous ne pouvons rien faire. Dans leur village, qui compte de nombreuses maisons permanentes, un mort et de nombreux blessés ont été enregistrés jusqu’à présent. Pour le village de sa belle-soeur, Stama Dati Issoufa, c’est différent. La jeune femme montre sur son smartphone des photos de Kawéni, un immense bidonville, après le cyclone. Sur l’image, un enchevêtrement de tôles à perte de vue. « Il y a des gens sous ces tôles », dit-elle en baissant les yeux.
L’hôpital a été lourdement endommagé. La maternité est complètement dévastée et de nombreux autres services ne peuvent plus fonctionner.
Des tentes installées dans la cour de l’hôpital
Les habitants des bidonvilles avaient été prévenus de l’arrivée du cyclone, mais la plupart sont restés. « Ils n’y croyaient pas. Ils avaient peur que ce soit une manœuvre pour les expulser et détruire leur habitat en leur absence », souligne Stama Dati Issoufa. « Ma mère et mon frère étaient arrivés il y a seulement deux semaines pour rendre visite à la famille. Ils vont bien. Elle m’a appelé ce matin. Mais il ne reste plus rien, elle allait chercher de l’eau. Une cloche sonne. Il s’agit du téléphone de la cousine de Djaouhari, Natacha Soifoudine, qui reçoit un appel de sa sœur aînée, Latufa, travaillant au centre hospitalier de Mamoudzou, la capitale. « L’hôpital a été lourdement endommagé. La maternité est complètement dévastée et de nombreux autres services ne peuvent plus fonctionner. Mais les blessés continuent d’arriver. Nous avons dû installer des tentes dans la cour pour les accueillir », explique-t-elle au téléphone.
La Mahoraise continue de venir travailler. Pour économiser du carburant, elle ne rentre pas chez elle tous les soirs et dort là, sur des matelas à même le sol. Les deux sœurs poursuivront leur conversation à part. Samaouya Madi-Mari, également présente au MPT de Penhars ce mardi matin, avait prévu de passer les vacances à Mayotte mais elle a annulé à la dernière minute. « J’ai dû partir avec ma petite fille voir ma mère. Je me suis dit au dernier moment : ne pars pas », raconte-t-elle sans pouvoir expliquer pourquoi. “Regarder! Je viens de recevoir une vidéo. Ils ont rouvert l’Intermarché, mais il ne reste presque plus rien dans les rayons ! », intervient Stama Dati en tendant l’écran de son smartphone. Les quatre femmes sont consternées.
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