Il y a une semaine, 1.700 agents se sont réunis en assemblée générale à l’appel des syndicats FO, SUD et CGT et ont voté pour une journée de grève le 26 novembre. Ce mardi, la mobilisation a été suivie par des milliers de grévistes, dont plus de 3.000 qui s’est rassemblée devant l’entrée du Conseil Départemental de la Haute Garonne à Toulouse.
Parmi les grévistes, certains contractuels menacés de perdre leur emploi étaient en grève pour la première fois de leur vie. Les agents de certains secteurs ont été très fortement mobilisés, comme la MDS (Maison des solidarités) de Frouzins qui comptait plus de 50 grévistes sur ses 60 agents. ” Nous n’avions jamais vu ça » s’exclame un représentant du syndicat Force ouvrière.
A l’origine de la colère, l’austérité brutale annoncée par la direction du Conseil départemental qui veut faire 165 millions d’euros d’économies au détriment des agents et des usagers. Concrètement, cela implique une réduction drastique des subventions aux associations du secteur social mais aussi une forte réduction des effectifs.
Ainsi, les plus de 7 000 agents qui assurent de nombreux services sur tout le département de la Haute Garonne devront faire face à la suppression de plus de 500 postes. Les contractuels sont en première ligne de cette rupture sociale, comme l’un d’eux l’a indiqué à notre micro : « On m’avait promis d’être titularisé mais c’est la douche froide, ma direction m’a appelé demain pour me dire que mon CDD ne sera pas renouvelé au-delà de 2024 ».
Une colère d’autant plus forte qu’il dénonce » Un argent fou dépensé par la direction pour prétendument faire campagne contre la précarité, mais derrière cela, il met plus de 500 familles en difficulté. Tout cela pendant que les dirigeants s’accordent des augmentations, le directeur [Sébastien Vincini] voulait même faire rénover son bureau, nous avons été expulsés d’à côté. »
Par ailleurs, la direction entend également imposer des réaménagements du temps de travail avec la suppression du régime horaire actuel qui donne droit à des RTT supplémentaires en compensation de 41 heures 25 minutes de travail hebdomadaire. ” Avec cela, ils veulent nous faire travailler davantage pour combler les 500 collègues qu’ils vont licencier. Nous ne pouvons pas accepter cela, surtout de la part d’un département qui se dit socialiste. La veille de Noël on leur dit ça, les gens pleurent, c’est pas une blague » dénonce Gilles, de la CGT du parc technique.
La colère est d’autant plus forte que le président du département, Sébastien Vincini, est une figure du Parti socialiste (porte-parole de la glorieuse campagne présidentielle d’Anne Hidalgo). S’il a pu tenter de faire croire qu’il entendait « réparer les services publics » dans le cadre du programme du Nouveau Front populaire lors des élections législatives de juillet, la nature est revenue au galop. Avant même l’adoption du budget Barnier, la direction du Conseil départemental 31 a adapté localement cette politique d’austérité, Sébastien Vincini en prenant lui-même la responsabilité dans les colonnes de Ouest de la France c’est ce qu’il fait ça ressemble à un plan social ».
« M. Vincini est membre du Nouveau Front Populaire et devrait donc soutenir cette approche et ne pas anticiper les décisions budgétaires en annonçant ce plan. Il est quasiment le seul en France à annoncer un tel projet » dénonce Stéphane, élu SUD au micro de Révolution permanente.
Après plus d’une heure de parole, l’intersyndicale FO, CGT et SUD a appelé les milliers de grévistes à manifester. Elle a également appelé à la poursuite de la mobilisation avec une grève de deux heures jeudi 28 novembre pour un rassemblement à l’occasion de la commission permanente qui vote les budgets. La perspective d’une autre journée le mardi 3 décembre ainsi que la date de grève nationale dans l’ensemble de la fonction publique le 5 décembre ont été annoncées.
« Nous aurons besoin de plus de 24 heures par semaine » déclare un gréviste lors de la manifestation, conscient que la défense des emplois et des conditions de travail ne peut se faire qu’à travers une lutte acharnée contre une direction déterminée. Stéphane du syndicat SUD est d’accord : « Nous ne pensons pas que nous gagnerons seuls, nous pensons qu’il faut au moins un mouvement global de la fonction publique territoriale, voire de tous les services publics et surtout s’associer aux mouvements sociaux de défense des services publics. ».
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