« Le vide du cœur et le vide de la fonction. » C’est ce à quoi ont été confrontés les habitants de Laglorieuse, en mai 2024, après le décès du maire Jean-Pierre Allais, des suites d’une maladie foudroyante, à l’âge de 75 ans. Il s’agit de Marc de Valicourt, qui a rejoint le Conseil municipal lors des élections de 2020. en tant qu’adjoint chargé des dossiers de la voirie, du budget et des investissements, qui porte aujourd’hui l’écharpe de premier magistrat, après avoir été élu par le Conseil le 5 juillet 2024.
Vous n’aviez jamais été élu avant d’entrer au Conseil municipal comme député en 2020. Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas ?
C’est quelque chose qui me trotte dans la tête depuis un certain temps, mais je savais que j’avais besoin d’un peu de temps pour m’impliquer. Ayant toujours été à la tête de différentes entreprises, je n’imaginais pas m’engager sur un mandat électif pour me tourner les pouces.
Et puis j’ai pris du recul par rapport à mon activité (une société de courtage d’assurances, NDLR). J’ai vendu l’intégralité du portefeuille grands comptes. Ma fille a repris l’autre partie. Je suis toujours co-gérante, mais c’est elle qui gère le magasin, je ne suis là que pour apporter un soutien. En 2020, j’ai franchi le pas pour me présenter à la mairie. Nous avons connu un début de mandat agréable, nous nous entendions très bien avec le maire Jean-Pierre Allais, jusqu’à son décès subit.
Comment s’est organisé le conseil municipal ?
En fait, avec Jean-Pierre Allais, nous avions une entente à l’époque. Il n’avait pas prévu de se représenter en 2026, et j’étais un peu sur la bonne voie, c’est pour cela que je me suis occupé des dossiers d’investissement. Lorsqu’il est décédé en mai, nous nous sommes tous réunis. Il y a eu le choc de la disparition et derrière, le vide. J’ai été désigné maire provisoire pour les deux années restantes de mon mandat.
Comment s’est passé votre début de mandat de maire ?
Cela a démarré sur les chapeaux de roue, il y avait des choses en cours, qu’il fallait reprendre et compléter : la réalisation du jumelage avec la ville alsacienne de Rosenau et l’inauguration, en août, de la place du jardin public, que nous avons baptisée Espace. Gérard-Apesteguy, resté maire près de trente ans avant Jean-Pierre Allais. Il est également décédé et nous voulions honorer sa mémoire.
Ce fut un exercice délicat, un entre-deux entre le maire, décédé, et moi, « nommé » dirons-nous. Il y a cette transition qui ne me permet pas de vraiment maîtriser toutes les matières.
À quels changements avez-vous été confronté en assumant ces nouvelles responsabilités ?
En fait, vous basculez. Mon engagement a pris forme et ampleur. On se retrouve pilote, c’est ça qui fait la différence. Il y a un poids de responsabilité qui est important. Quand on est maire, c’est le quotidien. Intellectuellement, il faut suivre, avoir tous les dossiers en tête.
Et puis c’est la tension. Nous n’avons qu’une seule secrétaire de mairie, et même si elle est très efficace et dévouée, on ne peut pas la laisser travailler seule, sinon on démobilise tout le monde. Je suis présente à la mairie tous les matins. Mais malgré les circonstances, il y a une satisfaction dans le fardeau. Je ne vais pas en arrière. Je suis combatif et satisfait.
Vous siègez désormais au Conseil d’Agglomération de Marsan. C’est aussi quelque chose que l’on découvre…
C’est le deuxième effet. C’est une machine lourde avec des enjeux stratégiques importants, il faut participer, être acteur. Et en ce moment, en termes d’agenda, c’est presque tous les jours. Heureusement, les élus s’appuient sur les compétences des services techniques qui font un travail énorme, c’est la force d’une Agglo, elle a des équipes sur lesquelles travailler. Nous sommes là pour décider, prendre des décisions et des orientations. Cela devient un travail collectif et il y a l’autre découverte : l’aspect politique, que nous n’avons pas ici. Nous essayons de travailler avec des projets concrets et utiles pour notre communauté.
Justement, quels sont les projets en cours dans votre commune ?
Nous aurons bientôt la mise en place d’une supérette autonome Api. Il arrivera le 14 janvier et ouvrira un mois plus tard. Nous avons eu la chance d’avoir un terrain devant le café bar, c’est le propriétaire qui en a fait don à la commune. L’épicerie aura un emplacement idéal. J’ai eu aussi la maire de Pouydesseaux qui vient d’ouvrir le sien, ils en sont ravis. C’est un véritable service rendu à la population. Et ici, cela a aussi du sens car nous avons la poste municipale : l’épicerie va renforcer ce service de proximité. Nous sommes également en train de combiner ce projet avec celui d’un café associatif.
En quoi consiste ce projet ?
Le propriétaire du café-bar a décidé de vendre les murs. Nous nous sommes posé la question : est-ce qu’on laisse faire, au risque de perdre notre seul et unique commerce au village, ou est-ce qu’on saisit cette opportunité pour investir ?
Nous avons organisé une réunion publique avec les habitants et les Cercles de Gascogne pour lancer l’idée d’un café associatif et voir comment la population l’accueillerait. Nous avons été très surpris par le nombre de participants et de bénévoles pour s’en occuper. Je réalise que les gens ont besoin d’endroits pour socialiser. Dans l’ancienne salle de restaurant, nous aménagerons une salle de réunion.
Ce lieu pourrait devenir une Maison des Associations. Nous serions au cœur de la vie du village, où se côtoient des personnes d’âges et d’horizons différents. Avec l’épicerie à côté, les gens seront là, se rencontreront, plaisanteront, boiront du café. Pour reprendre un terme à la mode, c’est intergénérationnel. On retrouve une sorte d’âme de village et c’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur, c’est mon style. Maintenant, il faut monter les dossiers de financement pour qu’il soit opérationnel pour 2026.
Le statut d’agriculteur
En plus de ses fonctions de maire, Marc de Valicourt est agriculteur, un statut qu’il valorise. « J’ai une ferme familiale à Laglorieuse. De grandes cultures y étaient cultivées. Je m’y suis lancé avec la stratégie de le convertir en bio. C’est un travail épouvantable, nous devons embaucher de la main d’œuvre extérieure pour désherber. Bref, la rentabilité est nulle, et l’effort physique est maximum ! Je suis agriculteur depuis plus de vingt ans, c’est un statut que je valorise. C’est une passion. Et puis c’est la justification de la propriété, c’est-à-dire qu’elle doit être vivante. »
Il a également reconstitué le verger domestique de la propriété et a travaillé avec le Conservatoire régional des plantes d’Aquitaine à Montesquieu, pour identifier les espèces locales ayant existé autrefois. «Ça grandit lentement. Il faut être patient. Ici aussi, c’est bio, il n’y a pas de traitement. Mais c’est pour m’amuser, et au moins je peux faire mes pots de confiture. »
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